La Course au Soleil s’accompagne bien souvent des premiers enjeux de la saison cycliste, débutée à l’autre bout de la planète, que ce soit en Australie, en Argentine et au Moyen-Orient. Les classiques approchent à grand pas, tandis que certains démarrent leur grande préparation pour le Giro, et à plus long terme, le Tour de France. Première course estampillée ASO de l’année 2015, Paris-Nice n’offre plus le calme médiatique des mois précédents, et les premières indications s’apprêtent à tomber ! Pour autant, un favori clair et net s’est-il dégagé des courses de reprise ? La course à la victoire demeure très ouverte.
Les favoris :
***** Tejay Van Garderen : Si l’on se fie exclusivement aux résultats d’avant mars, le favori numéro un pourrait être Tejay Van Garderen. L’Américain de la BMC, deuxième du Tour d’Oman, a été l’un des plus en vues sur les pentes de la Green Mountain, réputée pour être un indicateur plus ou moins fiable des forces en présence du début de saison chez les grimpeurs. Favorisé par un parcours présentant deux exercices chronométrés, dont la montée du Col d’Eze – ou il a déjà terminé cinquième par le passé – , le très complet Van Garderen a certainement atteint la maturité pour remporter sa première grande course World Tour après une collection de places d’honneur. Cependant, quelques automatismes restent à régler, et on rappellera qu’il s’est fait devancer par Rafael Valls sur les terres du Sultanat. Epaulé par d’autres spécialistes comme Rohan Dennis ou Peter Velits, à lui de s’imposer en leader naturel.
**** Richie Porte : Vainqueur à Nice en 2013, l’Australien compte bien revenir sur les routes françaises avec la même intensité qui lui avait permis de décrocher un sacre incontestable pendant un début de saison qui l’avait vu marcher très fort. Comme son concurrent américain, Porte comporte le profil idéal pour briller sur ce type de Course au Soleil, et sera particulièrement attendu dans la montée du Col de la Croix de Chaubouret. Il y a deux ans, c’est en haut de la Montagne de Lure que le lieutenant de luxe de chez Sky avait pris une belle option pour le général final. Alors, pourquoi ne pas rééditer pareille performance ? Fort du soutien de Geraint Thomas et de Sir Bradley Wiggins, il pourrait ajouter une deuxième fois son nom au palmarès de l’épreuve.
Les outsiders :
**** Rui Costa : Le désormais ex-champion du monde n’avait pas démérité l’an dernier, en se classant deuxième derrière l’intouchable Betancur. Si la saison 2014 du Portugais n’avait peut-être pas été au niveau de ses attentes, elle constitue une source de motivation supplémentaire pour la figure de proue de l’équipe Lampre, qui a bien besoin de sa régularité sur les plus grandes courses à étapes. Déjà vainqueur de trois Tour de Suisse, Costa peut-il ajouter un Paris-Nice à sa galerie de trophées d’une semaine ? Il reste une marche à gravir, et l’effort solitaire du dernier dimanche l’avantagera.
**** Wilco Kelderman : Le jeune néerlandais de 23 ans n’est plus l’électron libre qu’il était encore ces deux dernières années au sein de la formation néerlandaise Belkin, devenue LottoNL – Jumbo. Malheureux l’année dernière, ou un problème mécanique au pied du Mur de Fayence ruina ses rêves de podium, Kelderman s’est bien amélioré depuis, avec entre autre une septième place au Tour d’Italie, et une quatrième au Critérium du Dauphiné. Très bon rouleur, le Batave va sûrement profiter du prologue inaugural pour bien se positionner, et ses qualités d’attaquant le distinguent des autres grimpeurs-rouleurs plus attentistes. Son Tour d’Andalousie laisse entrevoir de belles choses.
*** Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet : Troisième en 2013, et aussi troisième du chrono d’Èze en 2012, Jicé Péraud connait bien le final de la Course au Soleil, là ou les différences se créent au dernier moment. Faisant partie des tout meilleurs coureurs d’une semaine, le Toulousain ne part cependant pas favori pour accrocher le podium en raison d’un début de saison mitigé. Souffrant du froid, il a récemment abandonné sur le week-end ardéchois, après une relative discrétion en Espagne. L’équipe AG2R, s’étant passée de Carlos Betancur, dispose cependant de l’atout Romain Bardet, sortant de la Ruta del Sol en très bonne forme. Ce dernier devra cependant prendre des risques afin de ne pas se faire piéger face à la montre…
*** Michal Kwiatkowski : En 2014, le maillot arc-en-ciel, Rui Costa, se bagarrait pour empocher la victoire finale du Paris-Nice. Alors, bis repetita en 2015 ? Michal Kwiatkowski, nouveau porteur de la tunique, souhaite y faire honneur tout au long de la semaine prochaine, et ce dès les 6700 mètres tracés dans Maurepas. Habitué des départs canons dans les courses par étapes comme le Tour de Romandie, Kwiatkowski devra tenir dans la longueur, en limitant la casse le jeudi, ou les grimpeurs purs souhaiteront le distancer dans les lacets de la Croix de Chaubouret. Mais l’audacieux polonais a plus d’un tour dans son sac, et il faudra compter sur lui jusqu’au bout !
À ne pas sous-estimer :
** Rafal Majka : L’autre fantasque polonais, protégé d’Oleg Tinkov, risque bien de prendre les fonctions du dynamiteur sur une épreuve traversant l’Hexagone. Quatrième de l’étape reine du Tour d’Oman, Majka s’apprête à atteindre un premier pic de forme au printemps afin d’épauler au maximum son mentor Contador sur les prochains rendez-vous. Mais quoi de mieux que de re-démontrer ses facultés d’homme des montagnes ? Une inconnue déterminante.
** Simon Spilak : Le Slovène est un drôle d’énergumène, difficile à cerner, et coutumier des grosses performances World Tour lorsque personne ne l’attend. Son début de saison est, comme pour beaucoup d’autres, compliqué à décrypter. Alors, une fois de plus, Paris-Nice le stimulera t-il ? Huitième en 2014, sixième en 2013, il y a fort à parier qu’on le voit pointer le bout de son nez en haut de la montée d’Èze.
** Bradley Wiggins : Que nous réserve Bradley Wiggins au départ de la Course au Soleil ? Le champion du monde du contre-la-montre a dominé les courses d’une semaine de 2011 à 2012, et n’a rien perdu de sa superbe dans sa science de la course. Capable d’exploiter les possibles bordures des premiers jours dans les plaines du centre de la France, Wiggo veut arriver dans de solides dispositions au Grand Prix E3, point de départ de la dernière ligne droite de sa carrière professionnelle sur route, l’emmenant au vélodrome de Roubaix, ou il affirme haut et fort viser la première place. Officiellement, Porte reste le leader, mais dans un grand jour, Wiggins peut renverser la vapeur.
** Warren Barguil : Sa rentrée dans le désert n’a pas fait beaucoup de bruit, et pour cause, aucun résultat notable n’est à mettre à l’actif du Breton depuis le début de la saison. Mais c’est bien connu, les placettes des premières courses ont parfois peu d’incidence sur la suite des évènements, et c’est bien ce que compte démontrer Warren Barguil, qui disposera pour le coup d’une équipe Giant – Alpecin dévouée à sa personne, y compris John Degenkolb, respectant parfaitement l’esprit de solidarité régnant dans cette formation. Le public français est en droit d’attendre une place parmi les dix premiers pour le huitième de la dernière Vuelta.
* Andrew Talansky : Le grand gagnant du dernier Dauphiné aurait pu postuler à plus d’étoiles dans notre hiérarchie, mais il est bon de noter que ce Paris-Nice fait office de course de reprise pour le coureur de Cannondale-Garmin. Défait il y a deux ans face à Porte pour peu, l’Étasunien sait toutefois gagné, et avait déjà levé les bras sur une étape en ligne, à Brioude. Il faudra garder un œil sur sa montée en puissance, mais Talansky part plutôt sur l’objectif du top 10 que de la gagne. Ce qui l’a lui même reconnu ces derniers jours, serait une sacrée performance dans ces conditions.
* Fabio Aru : Le Sarde, aussi étincelant qu’étonnant sur deux Grands Tours en 2014, s’attaque désormais aux courses par étapes. Ancien équipier de Vincenzo Nibali, sa promotion est on ne peut plus logique, et le voici auréolé du même calendrier que les grands. Désormais scruté par tous les autres favoris, Aru ne peut plus se cacher, et aura tout de même du mal à jouer les premiers rôles en France. Il est en effet dans la même situation qu’Andrew Talansky, en vraie phase de reprise. Mais rien ne l’empêche de se tester dans la seule arrivée au sommet de la semaine…
Mentions : Rein Taaramae, Rafael Valls, Eduardo Sepulveda, Riccardo Zoidl, Tiago Machado, Robert Kiserlovski, Tim Wellens, Mathias Frank, Ion Izagirre.