Le parcours de la 73ème course au soleil a été officiellement présenté au public par ASO et le Conseil Général des Yvelines en ce mardi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la rupture vis-à-vis du tracé novateur de 2014 est claire. On pourrait même parler d’un retour en arrière en ce qui concerne la formule proposée. Le sacro-saint prologue reprend ses droits, tandis que la montée chronométrée du Col d’Èze devrait sacrer sur le tard le vainqueur de l’édition 2015. Avec une arrivée au sommet à mi-course, ce parcours ressemble fortement à ceux de 2012 et 2013, offrant un terrain idéal aux grimpeurs-rouleurs. Et le spectacle dans tout ça ?

Peu de surprises

À première vue, le parcours du prochain Paris-Nice ne réserve en effet que très peu de surprises à sa lecture. Déjà dans les tuyaux depuis un bon moment, le prologue initial fera un peu plus de six kilomètres dans les rues de Maurepas. Une distance peu élevée, mais qui a, par le passé, souvent placé les hommes forts de la semaine en haut de l’affiche. Si le débours pour certains ne devrait être que de quelques secondes sur les plus en forme, la principale question réside dans la manière de le combler. Et il faudra ronger son frein, à moins que des pièges soient cachés dans la première moitié de parcours ASO n’a révélé que trois profils. De Saint-Rémy-les-Chevreuse à Contres, le vent devrait faire office d’unique obstacle au sprint massif attendu. Rebelote le lendemain pour une arrivée en terre de bordures, à Saint-Amand-Montrond, tandis que le mercredi, les coureurs atteindront les contreforts du massif central à Saint-Pourçain-sur-Sioule, ville départ du Tour de France 2013. Plus que jamais, la nécessité d’avoir à ses côtés une équipe forte pourrait primer, afin de conserver les positions établies face à la montre. Et le peloton aura déjà disputé la moitié des étapes au programme.

En résumé, les sprinteurs disposeront de quatre opportunités, si l’on rajoute la cinquième étape vers Rasteau, qui comportera tout de même une petite bosse à huit kilomètres de la ligne d’arrivée. On retrouve un format typique adopté par la quasi majorité des courses d’une semaine du calendrier World Tour, avec la présence de chronos clés et une série d’étapes au profil passe-partout. Les sprinteurs ont leur chance, à condition d’être un minimum costaud. On peut également s’attendre à un scénario peu spectaculaire, où les attaquants échouent systématiquement, qui découle sur un sprint en petit comité, assez aléatoire. Bref, ce Paris-Nice n’est pas révolutionnaire, et rien ne se distingue particulièrement aux yeux des observateurs, comme pouvait l’être le Mont Brouilly et ses pentes à 25% l’an dernier. Vue de cette façon, la route de la Course au Soleil va devoir rapidement trouver son dynamiteur afin d’éviter un ennui généralisé, et c’est là que ça peut coincer. Le tenant du titre, Carlos Betancur, est tout sauf à son avantage avec cette première moitié d’épreuve traversant moultes plaines, et des finishs sans doute pas assez compliqués pour lui. Les purs puncheurs risquent sans doute de préférer les routes de Tirreno-Adriatico…

La Croix de Chaubouret peut-elle faire la sélection ?

Il y aura cependant bien une arrivée au sommet, placée au terme de la quatrième étape, le jeudi. 204 kilomètres, soit l’étape la plus longue, entre Varennes-sur-Allier et ce col éponyme, en plein massif du Pilat. Huit difficultés répertoriées, mais peu significatives, qui précéderont l’ascension finale. Depuis le village de Saint-Chamond, il y aura une quinzaine de bornes de montée, mais excepté le faux plat initial, la vraie grimpette est concentrée dans les dix derniers kilomètres, qui présentent un pourcentage moyen de 6,7%. Les 5000 derniers mètres sont les plus durs, avec des pointes avoisinant les 8,3% de pourcentage, mais rien d’affolant à 1201 mètres d’altitude. La journée pourrait très bien sourire à un spécialiste des montées au train, qui ne sera pas déconcerté pas des variations brusques et douloureuses. Il faudra toutefois composer avec les émoluments des spécialistes, qui verront là le moment idéal pour faire la différence. La septième étape n’est, et ce de manière agaçante, qu’un plateau d’argent servi aux échappées du samedi. Pour atteindre la Promenade des Anglais, il y aura six belles difficultés, mais également 27 bornes de descente au sommet du Col de Peille, remplaçant pour l’occasion le si souvent escamoté Col de Vence comme dernière montée. Les quelques puncheurs-sprinteurs restants pourraient même tenter de tenir le coup et faire rouler leurs équipiers dans la longue descente sur Nice, afin de s’adjuger un ultime bouquet.

Vraisemblablement, c’est donc dans les 9,6 kilomètres du Col d’Èze que le général évoluera de manière définitive. En 2012, Bradley Wiggins avait écœuré la concurrence, suivi par son coéquipier Richie Porte l’année suivante. Une montée assez roulante connue de tous, mais lourde en conséquences. Trop souvent, les coureurs ont tendance à ne se dévoiler qu’à la fin, ce qui diminue la probabilité d’assister à une course de mouvement déjà freinée par les caractéristiques du menu proposé. Comme l’on dit, ce sont les coureurs qui font la course, mais ce serait utopique de nier le fait que pour l’instant, c’est mal engagé. Wiggins, justement, devrait faire son retour sur la course française, en préparation pour le record de l’heure, et sera confronté aux probables favoris Tejay Van Garderen, Rui Costa, Jean-Christophe Péraud ou Wilco Kelderman. Le clan bleu sera lui aussi presque au complet (Bouhanni, Bardet, Barguil, Coquard, Rolland, Démare, Vichot, Gallopin et Chavanel sont annoncés), mais il aura fort à faire face à de coriaces gaillards au profil sans doute plus optimal. Et au fait, si Tony Martin venait à s’immiscer dans la lutte pour décrocher une deuxième victoire sur l’épreuve ? Car oui, même une telle surprise semble désormais possible…

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