Un décor de rêve, certes, mais des conditions très difficiles pour les coureurs de ce 96e Tour d'Italie - Photo Giro d'Italia
Un décor de rêve, certes, mais des conditions très difficiles pour les coureurs de ce 96e Tour d’Italie – Photo Giro d’Italia

Du brouillard, de l’eau, beaucoup d’eau, mais surtout, de la neige. C’est ce qu’a dû affronter le peloton sur ces trois semaines de Giro. Mais cette fois-ci, la météo a posé autant de problèmes aux organisateurs qu’aux coureurs. Sont-ils à plaindre ou à blâmer ? C’est ce que nous allons voir.

Un parcours osé

L’histoire du Giro s’est bâtie sur des légendes, des sommets abrupts, perchés bien souvent au-dessus des 2000 mètres d’altitude. Tout bon suiveur connaît les Mortirolo, Gavia, Finestre et autres Stelvio. Si quelques fois le parcours du Giro s’est retrouvé amputé d’une difficulté, rares sont les fois où des étapes entières ont vu leur physionomie totalement chamboulée. Alors, que s’est-il passé ? Michele Acquarone, successeur du fantasque Angelo Zomegnan, avait concocté un parcours très alléchant. Peut-être trop. Nombre de voix se sont élevées lorsque ce dernier a été dévoilé. Très séduisant, mais beaucoup trop ambitieux.

Il est vrai que placer le doublé Télégraphe-Galibier à la mi-mai, c’était risqué. Mais c’est aussi ça, le Giro, non ? Des scénarii de folie, des surprises, Di Luca positif… Un mélange de tout cela qui rend cette course unique, souvent préférée au Tour de France par les plus fidèles observateurs. Et pour que le Giro garde cette image, ce prestige, il se devait de proposer aux coureurs de quoi les intéresser, les attirer. Alors certes, ce Tour d’Italie était trop gourmand sur le papier, avec des dénivelés énormes, mais la montagne est l’essence même de la course rose… Alors, que faire d’autre ?

Pas le choix ?

Au lieu de tirer sur l’ambulance, cherchons les raisons du fiasco. Était-ce évitable ? Si oui, à quel prix ? C’est là que réside le cœur du problème. Si, ce 30 septembre 2012 lors de la présentation du parcours, certaines personnes avaient annoncé le fiasco, personne n’aurait pu prévoir qu’un tel déluge allait s’abattre sur les routes d’Italie. C’est simple, seul l’Altopiano de Montasio s’est escaladé par temps sec. Alors, est-ce vraiment la faute de Michele Acquarone ? Le Giro est l’un des trois grands tours, épreuve majeure du calendrier. Il est simplement inconcevable de ne pas programmer de la (très) haute montagne sur cette course. Alors, et si tout simplement, le Giro était mal placé ? On a déjà vu par le passé le camp italien réclamer une rotation avec les deux autres grands tours de la saison…

Au mauvais endroit au mauvais moment, le Giro 2013 restera dans les annales. Pas tellement pour ses luttes de folie, mais pour ses conditions climatiques infernales. Si les organisateurs ont peut-être vu trop grand, trop beau, avec toute cette montagne, ils ne sont pas pour autant les uniques fautifs. Bien sûr, on peut refaire le passé, se dire que des ascensions de basses altitudes auraient pu faire l’affaire, comme le Vésuve par exemple. Mais qui aurait pu prédire une catastrophe d’une telle ampleur, allant même jusqu’à l’annulation de certaines étapes ? Une chose est sûre, l’organisation italienne tirera les leçons de cette édition, mais elle ne devra pour autant basculer dans la frilosité, et arrêter de voir grand. Le Tour d’Italie est un mythe, et ce genre d’épisodes contribuera sans aucun doute à sa légende.

Benoit Laurenti


 

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