Quatre ans et dix mois. C’est le temps qui s’est écoulé entre le décès de Wouter Weylandt, sur le Giro 2011, et celui d’Antoine Demoitié, ce dimanche sur Gand-Wevelgem. Ce sont les deux derniers accidents mortels survenus en Europe lors de courses professionnelles. La différence ? Ce dimanche, une moto était impliquée. En tombant sur le coureur de l’équipe Wanty-Groupe Gobert, elle lui a été fatale. Un accident de trop, celui qui doit faire réagir.

Un appel à l’aide

Greg Van Avermaet sur la Clasica San Sebastian, Peter Sagan sur la Vuelta, Stig Broeckx sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Tout ça en moins d’un an. Les coureurs renversés en course par des motos suiveuses sont de plus en plus nombreux. Il y a quelques années, ça n’arrivait pas. Aujourd’hui, c’est devenu régulier. L’incident qui a touché Antoine Demoitié sur les routes de Gand-Wevelgem, peut-être plus que la colère, suscite lui l’émotion. Il était un jeune coureur de 25 ans plein d’ambition qui venait de découvrir le World Tour ; et l’élite du cyclisme mondial l’aura stoppé dans son élan. Le motard « responsable » du drame était expérimenté : il conduisait sur les routes belges depuis plus de 20 ans. Tout ça est finalement un accident bête. Qui pose pourtant de nombreuses questions. Pourquoi y’a-t-il tant de motards sur les courses ? Entre l’organisation et les médias, c’est une dizaine voire parfois une quinzaine de motos qui suivent et précèdent le peloton et les échappées. Dans des conditions parfois limites.

Van Avermaet a laissé filer une victoire en étant renversé. Sagan, lui, a simplement piqué un coup de sang, mais s’en est sorti avec des égratignures. En revanche, Broeckx a eu droit à une clavicule et une côte cassées. Et pour Demoitié, le bilan est le pire qui puisse exister. Alors, à quand la prise de conscience ? Les organisateurs ne sont-ils pas dans l’obligation de réagir ? Les cyclistes prennent chaque jour des risques en allant s’entraîner. Le décès – encore ! – de Romain Guyot, percuté par un camion il y a quelques semaines, en est un tragique exemple. Faire du vélo est au départ quelque chose de simple. Ca va devenir un exploit. Il est presque impossible de sensibiliser tout le monde. Sur les routes, l’irrespect est partout, et les campagnes de prévention ne l’éradiqueront jamais complètement. Mais alors faisons au moins en sorte qu’en course, les coureurs soient en sécurité ! Les chutes sont assez nombreuses comme ça : les motos – ou les voitures – n’ont pas besoin d’en rajouter.

« Réagissons, réagissez ! »

Evidemment, aujourd’hui, toutes nos pensées vont à la famille et aux proches d’Antoine Demoitié. Mais très vite, il va falloir penser à tirer les enseignements de cet accident. Pour qu’il ne soit pas vain. Beaucoup de coureurs, déjà, ont réagi. Limiter la vitesse des motos en course, mettre en place des zones précises pour dépasser le peloton, réduire simplement le nombre de véhicules suiveurs, ou faire en sorte que les motards soient tous d’anciens cyclistes ayant passés un examen : les propositions sont nombreuses. Certaines illusoires, certes, mais dans tout ce que propose le monde du vélo, il y a des idées à prendre. L’UCI ne doit pas et ne peut pas faire la sourde oreille. Les incidents sont aujourd’hui trop fréquents. Les paroles, pour avancer que tout est fait pour la sécurité des coureurs, sont entendues. Les actes, eux, sont attendus. Jérôme Pineau, sur Twitter, a tout résumé : « Mourir en pratiquant son sport, sa passion, n’est plus acceptable. Réagissons, réagissez ! Il y a trop d’anges cyclistes. »

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