C’est par un redoutable contre-la-montre individuel sur les pentes du méconnu Flumserberg que s’est achevé un Tour de Suisse 2013 certes passionnant mais qui aura plutôt été le théâtre de batailles entre seconds couteaux. A deux semaines du départ du Tour de France en Corse, il est toujours aussi compliqué de pouvoir placer les bons pions sur les bonnes cases de l’échiquier mondial, et tout semble encore demander vérification…
Pas assez significatif
Si l’on aura eu droit à un joli suspense tout au long de la semaine proposée en Suisse – parachevée par une deuxième victoire consécutive au général de Rui Costa -, cette édition n’a pas livré d’indications significatives en vue des prochaines échéances. Pourtant, quelques coureurs se sont pris au jeu, avec d’abord Andy Schleck qui est – certes timidement – réapparu. Au rang des animateurs, on trouve aussi Bauke Mollema et Thibaut Pinot, qui n’ont malheureusement pas vu leurs efforts récompensés, même si le Néerlandais a signé une victoire de prestige à Crans-Montana, tandis que le Français à montré des signes très encourageants dans les montées les plus redoutables comme l’Albulapass. Sans oublier un Ryder Hesjedal motivé et revanchard au départ, éliminé sur chute à son plus grand désarroi. Mais à part ça, les leaders annoncés sont restés discrets, gardant atouts et faiblesses bien secrets. Chez BMC notamment, on a joué la carte du régional Mathias Frank – qui s’est malheureusement écroulé lors des dernières étapes clés – au de Tejay Van Garderen, se vouant en équipier de très grand luxe. La situation était différente chez Euskaltel puisqu’Anton a bien terminé devant ses coéquipiers, mais on a tout de même bien plus aperçu Ion Izagirre que le leader basque.
C’était donc plutôt le bal des seconds couteaux durant une semaine avant la grande messe de juillet où tout le monde devra rentrer dans le rang. Rui Costa s’est ainsi permis de réaliser le doublé – presque comme prévu – en concrétisant son succès de La Punt par un autre bouquet au Flumserberg. Roman Kreuziger, lui, a pris ses aises avant de devenir, presque pour la première fois, le lieutenant d’Alberto Contador, tout comme Kangert, brillant lorsque l’opportunité lui est présentée. Les écarts apparaissent donc comme la preuve d’une course agitée mais pas décantée : jusqu’au matin de la dernière étape, les cinq premiers du général se tenaient en 46 secondes… Le contre-la-montre individuel a donc sacré Rui Costa, qui fait la passe de deux et confirme son affection autant que ses capacités pour les courses d’une semaine. Mais globalement, c’est donc sans certitudes qu’on repart de Suisse puisqu’aucun des futurs outsiders ou équipiers ne s’est véritablement démarqué à deux semaines du grand rendez-vous.
Tous tournés vers le même but
Car évidemment, c’est bien le Tour de France est déjà dans toutes les têtes. A part quelques exceptions comme Costa où Frank, personne n’avait réellement l’objectif affiché de remporter le Tour de Suisse, qui a parfaitement occupé son rôle de course préparatoire, où personne n’ose vraiment se découvrir… Plus encore, c’est vraiment l’efficacité de la grande préparation au Tour qui sera déterminante puisqu’on ne devrait maintenant plus revoir les protagonistes de juillet avant le grand départ de Porto-Vecchio, les quelques uns qui courront leurs championnats nationaux mis à part. Direction donc les camps d’entraînements, notamment pour la BMC, ou de multiples reconnaissances des chronos pièges et des endroits méconnus, comme la descente du Col de Sarenne qui fait de plus en plus parler. Mais c’est en tout cas dans le plus grand secret que vont se dérouler les deux prochaines semaines très intensives en coulisse. Clap de fin pour les ambitieux du podium des Champs-Elysées, et dernière possibilité de marquer les esprits mercredi pour les hommes les plus rapides du peloton sur Halle-Ingooigem, après un rude affrontement sur le ZLM Toer. Vivement juillet !
Alexis Midol