Christian Prudhomme voulait « sortir du catenaccio », comme il le disait dans L’Equipe il y a quelques jours. Avec le nouveau parcours du Tour de France, il a, sur le papier, touché dans le mille. De la montagne, peu de chronos et des pièges dans tous les sens, c’est semble-t-il le nouveau cocktail gagnant de la plus grande course du monde.

Cinq massifs, 36 km de chrono : historique

La Planche des Belles Filles au bout de cinq jours, c’est le symbole de la nouvelle philosophie de Christian Prudhomme. Depuis quelques années, le directeur du Tour veut que la bataille commence le plus tôt possible. En l’absence des pavés en 2017, il a donc fait le choix d’arriver très vite dans le premier massif, les Vosges. Au sommet d’une difficulté apparue en 2012 et réempruntée en 2014, digne représentante de la nouveauté qui caractérise d’année en année les parcours du mois de juillet. Parce que la Grande Boucle ne se refuse plus rien. Surtout pas d’aller explorer des territoires jusque-là inconnus. Ni même un aller-retour Alpes-Pyrénées-Alpes en dix jours seulement, en passant par le Massif central et après avoir fait un petit détour par le Jura. Qu’il est loin le temps où seuls les deux grands massifs français rythmaient la course. Chaque relief est désormais exploité au maximum par les organisateurs – cela faisait 25 ans que les cinq massifs de l’Hexagone n’avaient pas été visités la même année. Pour que les coureurs puissent faire la différence partout, comme Nibali il y a deux ans ou Froome il y a quelques mois.

Descentes, pentes au-delà des 20 %, étapes casse-pattes, transitions raccourcies au maximum entre les journées où il sera possible de lancer des offensives, Christian Prudhomme surfe sur ce qui a parfaitement fonctionné lors de la dernière édition. Alors il le sait, il lui faudra des Froome, des Sagan ou des Bardet pour sublimer son parcours. Pour attaquer où personne ne s’y attend, et aller chercher le maillot jaune ou un podium sur des portions que beaucoup auront jugé anodines. Mais il a vraisemblablement trouvé la bonne formule. Avec « seulement » trois arrivées au sommet – comme cette année – pour ne pas s’enfermer dans des courses de côté, mais au contraire permettre les opérations plus lointaines. Avec aussi « seulement » 36 kilomètres de contre-la-montre, du jamais vu sur le Tour de France depuis l’arrivée du contre-la-montre individuel en 1934.

Plus rien n’est impossible

Tout est donc fait pour que ça bouge, et le plus souvent possible. Pour forcer la nature de certains, Nairo Quintana en tête, terriblement talentueux mais aussi désespérément attentiste. Histoire que personne ne puisse cocher une seule étape et baser toute sa stratégie dessus. La différence pourra se faire presque partout, de toutes les manières imaginables. Froome l’a montré l’été dernier en prenant du temps en descente ou dans le final d’une étape complètement plate : assez pour convaincre Prudhomme que ce format était le meilleur, et qu’il en retourne ensuite de la volonté des coureurs à faire la course. Prendre des risques sera de toute façon un indispensable pour remplacer Chris Froome sur le trône qu’il s’est accaparé ces dernières années. Lui comme tous ceux qui veulent le faire tomber en ont maintenant la certitude.

Retrouvez le parcours et les profils disponibles ici.

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