Quatrième de Kuurne-Bruxelles-Kuurne ce dimanche, le Belge Tom van Asbroeck a débuté de la meilleure manière sa première campagne de classiques au sein d’une équipe World Tour, la Lotto NL – Jumbo. Le vainqueur du classement individuel de l’UCI Europe Tour en 2014 se voit désormais confier des responsabilités au sein d’une équipe orientée vers les classiques. Il est trop tôt pour valider le test, mais c’est déjà bien parti.
L’homme rapide, une alternative recherchée
Misant une bonne partie de la saison 2015 sur son chef de file Sep Vanmarcke, au niveau des tout meilleurs sur les monts et secteurs pavés du calendrier, l’ex-Belkin sait malgré tout qu’un homme de sa trempe reste peu rentable au moment de dresser les bilans. Souvent malchanceux, qui plus est, Vanmarcke n’est pas un collectionneur de succès, et sur les monuments du mois d’avril, son genre est plutôt d’anticiper les débats afin d’éviter une arrivée en petit comité, favorable aux nouveaux chasseurs de classiques, à l’image d’Alexander Kristoff, John Degenkolb ou même Arnaud Démare. Alors, afin de varier un peu son registre, la formation néerlandaise a décidé d’ajouter une solution de rechange à son leader certes costaud, mais toujours en quête d’une première grande victoire. Et cette doublure n’est autre que Tom van Asbroeck. Remplaçant un Lars Boom ayant émigré chez Astana, la recrue venue du réputé centre de formation Topsport sait qu’elle peut jouer sa carte dès lors qu’une arrivée groupée se profile tout au long du printemps. De quoi sauver les meubles en récoltant au minimum un top 10 sur des épreuves comme À Travers la Flandre, mais aussi Gand-Wevelgem, où il avait pris une prometteuse sixième place il y a un an.
Le natif d’Aalst, petite localité de Flandre, n’était alors qu’âgé de 23 ans, et demeurait perçu comme un espoir en devenir, à l’instar des nombreux coureurs de la formation Topsport. Sur les 25 jeunes flamands de l’effectif, sept ont bénéficié d’une promotion au niveau World Tour, ou dans les toutes meilleures équipes de Continental Pro. Ainsi, van Asbroeck a rejoint Lotto-Jumbo, quand son compère Lampaert est désormais membre d’Etixx-Quick Step. Il y en a d’autres, mais Cofidis a notamment fait un joli coup double en faisant venir la doublette van Staeyen – Vanbilsen, très performante en 2014. Ce noyau issu de la petite écurie belge a pour chef d’oeuvre collectif une victoire à l’UCI Europe Tour, devançant le rival Wanty de 498 points. Tom van Asbroeck, pour sa part, a décroché le sacre individuel du calendrier européen de seconde divison, devant l’autre révélation de l’année, l’Italien Sonny Colbrelli, en s’adjugeant notamment Cholet-Pays de Loire et une étape du Tour de Wallonie, le tout ponctué de 50 tops 10 ! Un monstre de régularité à l’échelon inférieur, qui aspirait légitimement à se frotter plus souvent aux cadors.
Au cœur de la nouvelle politique de l’équipe
Né en 1990, van Asbroeck n’est pas encore dans ses meilleures années, et cela tombe bien, puisque c’est aussi le cas de la majorité de ses nouveaux compagnons du team Lotto NL. Dirigée par Richard Plugge, l’héritière de l’ancienne Rabobank a remercié certains éléments branchés sur courant alternatif, comme Lars Boom, Theo Bos, Graeme Brown, Lars Petter Nordhaug ou Stef Clement, et ne pouvait pas retenir un Bauke Mollema désireux de s’exporter. C’est pourquoi la nouvelle philosophie prônée mise sur la jeunesse, qui a toujours été le point fort d’une structure reconnue pour avoir fait émerger d’innombrables talents de classe mondiale. Aux côtés de pépites en devenir comme Barry Markus, Mike Teunissen, Nick van der Lijke et Timo Roosen, van Asbroeck a tout pour s’épanouir pleinement dans son nouvel environnement, qui lui accorde une confiance dont il ne bénéficierait sans doute pas dans d’autres équipes World Tour. BMC et l’autre Lotto courtisaient également le jeune belge, attiré par les classiques, mais sprinteur avant tout.
Pour sa course de rentrée, le Tour d’Algarve, il s’est classé deuxième derrière André Greipel lors de la dernière étape. Chose qu’il n’aurait sans doute pu réaliser de nouveau s’il était resté chez Topsport, comme il l’expliquait sur le site internet de son équipe. « C’était un incroyable travail d’équipe. Mes coéquipiers m’ont mis à l’abri du vent toute la journée, et Sep – Vanmarcke ndlr – a fait un boulot énorme pour moi tout au long du Tour d’Algarve. Je n’ai jamais expérimenté un tel système, je suis ému et je tiens à remercier tout le monde un par un. J’aimerais vraiment rendre la pareille à Sep le week-end prochain. » Une réaction qui témoigne des atouts de son changement d’équipe lors du mercato d’hiver. Bien intégré dans la maison Lotto, van Asbroeck peut profiter du savoir faire de ses capitaines de route pour progresser, apprendre, et mettre à profit tout le capital emmagasiné. S’il devrait sacrifier ses ambitions personnelles sur le GP E3, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix pour un Vanmarcke déterminé qui a déjà montré les crocs sur le week-end d’ouverture, il est très probable de le voir jouer les troubles-fêtes sur des classiques plus ouvertes. Entre-temps, il aura par ailleurs participé à son premier Milan-Sanremo, histoire de se situer par rapport à la concurrence en terme de sprint. L’étoile montante van Asbroeck n’a peut-être pas fini de surprendre.