Pour la première arrivée au sommet, on attendait de voir qui bougerait le premier. Chez les favoris, ça a été Vincenzo Nibali. Mais tellement timidement qu’il a eu droit à un contre de Tom Dumoulin, parti conforter son maillot rose, et confirmer au passage qu’il était bien là pour jouer la victoire finale.

Un maillot rose qui assume

Il aurait pu décider de se planquer, et d’observer ses adversaires pour le premier rendez-vous important de ce Giro. Il avait le maillot de leader sur le dos, et le contre-la-montre de 40 kilomètres est prévu dans seulement trois jours : il est dans la position parfaite. Pourtant, il n’a pas hésité bien longtemps. Nibali, après avoir envoyé Fuglsang en éclaireur, a tenté de sortir. Mais sa tentative s’est révélée être un coup d’épée dans l’eau. En quête de confiance, le Squale ne s’est absolument pas rassuré. Tout le contraire du Néerlandais, qui dès qu’il a compris que l’Italien n’était pas assez costaud, a levé le cul de sa selle pour placer un contre que personne n’attendait. Une tactique de champion, et de leader qui assume malgré l’absence d’un quelconque coéquipier à ses côtés. Dès la première étape de montagne, Dumoulin a donc pris des risques. Ils ont été payants.

S’il n’a pas gagné tant que ça sur le plan comptable, il a accru de quelques secondes son avance au classement général, et prouvé à tous qu’il n’était finalement pas là que pour jouer le chrono, comme il l’annonçait à qui voulait l’entendre avant le départ d’Apeldoorn. L’ascendant psychologique, clairement, joue pour le patron de l’équipe Giant-Alpecin, qui s’est transformé aujourd’hui en patron du Giro. De Valverde à Landa, en passant par Nibali donc, mais aussi Majka, Uran ou Chaves, aucun des grimpeurs attendus ne l’a suivi. Seuls Pozzovivo et Zakarin ont été capables de prendre sa roue. Bien sûr, ce n’est que le début. Mais en difficulté sur les premières pentes, plutôt faibles, les grands leaders ont des raisons de s’inquiéter. Le passé de Dumoulin a montré que lorsqu’on le laissait s’installer dans la première moitié de la course, il était difficile ensuite d’aller le chercher.

Cacher son jeu et faire son chemin

Audacieux et terriblement costaud, il semble en pleine confiance. Peut-être parce qu’il se sait plus fort que jamais, plus fort encore que sur la dernière Vuelta, où il avait longtemps porté le maillot rouge de leader. Alors face aux médias, il la joue modeste, et cache son jeu : « Je me surprends moi-même », lâchait-il ce jeudi après l’étape. Mais son analyse témoignait surtout d’une grande lucidité : « Je me sentais fort et j’ai attaqué au bon moment. Nibali, lui, n’a clairement pas attaqué au bon moment. » C’est pourtant bien le leader d’Astana qui est sur ses terres… Après une semaine de course, Tom Dumoulin a donc déjà fait étalage de ses qualités, et montré qu’il faudrait rapidement le prendre au sérieux. Malgré son statut d’outsider au départ, il court en patron, et devient d’ores et déjà un réel danger pour ceux que l’on présentait comme les grands favoris.

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