Après son podium sur le Tour l’an dernier, et une première moitié de saison très accomplie, Thibaut Pinot arrive sur la Grande Boucle avec le statut de challenger derrière les quatre fantastiques. Un nouveau rôle qui ne doit pas l’effrayer, mais au contraire lui donner confiance pour supporter la pression médiatique qui va peser sur ses épaules.
Pourquoi on peut y croire
Il sait désormais lire la course. Depuis Tirreno jusqu’au Tour de Suisse en passant par la Romandie, Pinot a prouvé qu’il n’était plus ce boulet tactique que devait traîner l’équipe FDJ. Le temps où il passait la course à se faire remonter par ses coéquipiers est révolu : désormais, il remonte par lui-même et anticipe parfaitement les pièges que peuvent proposer les parcours. En Suisse par exemple, on l’a vu dans les premières positions dans toutes les descentes, avec encore plus d’application lorsqu’il pleuvait. Résultat, il n’a – quasiment – jamais été piégé, et s’est même retrouvé en position d’aller chercher des bonifications lors des sprints. Et en montagne, il a su ne pas s’affoler quand ça partait dans tous les sens, pour finalement revenir à son rythme et mettre tout le monde d’accord. En clair, Pinot a en fait compris que pour gagner, il ne fallait négliger aucun détail.
Il a marqué les esprits en montagne. A l’exception d’un Tour du Pays-Basque qu’il a traversé discrètement, Pinot a pris pour habitude de briller sur les grandes étapes de montagne. Vers le Terminillo, sur Tirreno, il a été l’un des seuls à tenter de prendre en chasse un Quintana finalement intouchable. Il s’était alors montré au niveau de Contador, et plus fort que Froome. Puis en Romandie et en Suisse, il a remporté les deux étapes reines, à Champex-Lac et au glacier de Sölden. Bien sûr, les qualités de grimpeurs du Franc-Comtois ne sont pas une révélation, mais le voir si dominateur quand la pente s’élève est une petite nouveauté.
Il assume son nouveau statut. L’année dernière, il avait surpris son monde en montant sur le podium du Tour. Cette année, il sera attendu, par les observateurs comme par son équipe. Pourtant, jusqu’à maintenant, ça n’a pas semblé le gêner : les quatre fantastiques auxquels il sera confronté à partir du week-end prochain ne lui font pas peur, il ose au contraire les attaquer dès que le parcours s’y prête. Ses ambitions sont d’ailleurs claires, le Franc-Comtois n’hésitant pas à assurer qu’il est tout à fait capable de faire aussi bien que l’an passé. D’ailleurs, son équipe y croit, en témoigne le recrutement de Steve Morabito à l’hiver pour épauler un Pinot ambitieux. « Troisième, ce n’était qu’une étape », assure le Français.
Pourquoi on ne peut pas y croire
Il faudra faire face à une grosse pression médiatique. La première fois que Pinot a brillé sur le Tour, c’était en 2012. L’année suivante, très attendu, il avait complètement raté son Tour de France, entre maladie et phobie des descentes. Après son incroyable mois de juillet 2014, le retour sur les routes hexagonales pourrait donc une nouvelle fois s’avérer compliqué. Comme il y a deux ans, il sera très attendu, et qu’il fasse jeu égal avec les meilleurs ne suscitera sans doute pas le même engouement que l’an passé. Au contraire, s’il ne se montre pas aussi impressionnant que depuis le début de saison, la déception sera grande et les critiques s’abattront – sans doute trop vite – sur lui.
Il y a les pavés et les chronos. Si l’an passé, Pinot n’avait pas pris de risque et plutôt bien géré l’étape des pavés, il faudra avoir autant de réussite cette année sous peine de perdre beaucoup dans le Nord de la France. Et puis bien sûr, il y aura les chronos, où, que ce soit en individuel ou par équipes, Pinot sera défavorisé par rapport à Contador, Nibali, Froome et Quintana. Ses qualités de rouleur, de plus en plus développées, pourront peut-être lui permettre de limiter la casse, ça pourrait aussi lui coûter quelques places, comme sur Tirreno, en Romandie et en Suisse, où le Franc-Comtois a à chaque fois lâché le podium dans l’effort solitaire.
Il ne pourra compter que sur Morabito et Geniez. Evidemment, le recrutement de Morabito cet hiver est une très bonne chose pour l’équipe FDJ et Thibaut Pinot. Mais le Suisse, au même titre qu’Alexandre Geniez, ne pourront accompagner leur leader aussi loin que les équipiers des autres cadors. Kreuziger, Porte, Valverde ou Fuglsang, sans manquer de respect au collectif FDJ, cela relève d’une autre dimension de gregario. Si la formation tricolore sera plus forte que l’an passé, elle sera encore derrière les quatre dream-team présentes au départ, et ça pourrait faire une grosse différence.
Son équipe faiblichonne va lui faire perdre du temps dans le CLM par équipes. Ensuite…. Comme une vingtaine d’autres outsiders, son rôle sera de suivre le plus loin possible la bande des quatre. Pas très compliqué au niveau tactique! Et d’aviser ensuite selon les évènements. Il est certain que s’ils veulent que Pinot ne parte pas sous d’autres cieux, les frères Madiot ont intérêt à recruter à l’intersaison…
Ouai, pour le TTT j’hésite à me prononcer en fait. Sur les 5 derniers Tours, au départ de l’étape 9 il y a eu en moyenne 10 abandons, sauf en 2012 où il y en avait eu 20. Si la FDJ est au complet, ça pourrait aller, genre 30 à 50″ sur BMC, Astana, Sky, Tinkov et Movistar. S’ils perdent des mecs comme Ladagnous ou Roy ça peut faire beaucoup plus cher. C’est valable aussi dans l’autre sens évidemment. Donc c’est un peu flou mais on s’accordera pour dire que Pinot c’est au moins 30″ sur les leaders des 5 formations que j’ai cité, au pire 1’30”. On ajoute les secondes du TT inaugural… Il pourra peut-être repasser devant TVG grâce à la montagne, mais pour faire mieux que 4è ça va être très chaud. Son équipe est quand même très loin des autres. En montagne y’a que BMC qui n’a pas l’air terrible sur le papier. Quoique, Caruso, Schar et Sanchez s’il est en forme ça tient la route. Mais BMC c’est très fort sur tous les autres types de parcours , et TVG sera dans un fauteuil sur les pavés et les étapes type classiques avec Van avermaet,… Lire la suite »
Bien d’accord avec James.
FDj très légère en montagne sur le papier. Morabito, bien. Géniez, bien. Mais où sont Elissonde, Jannesson? qui ne sont pas des promeneurs quand ça monte..
Sélection incompréhensible de Madiot par rapport à la concurrence.
Pinot peut gagner un grand tour, mais avec une équipe au top au départ. Il faut aussi compter avec les aléas de la course, chutes, casses, abandons, maladies..etc. Donc deux team-mates pour la montagne c’est trop juste Mr Madiot…
certes la Fdj est en fin de cycle (sans jeu de mot !), mais Pinot n’a pas besoin de ses équipiers pour perdre des courses ! Je n’y crois pas une seconde.
Gadret et Moinard laissés de côté par leurs équipes respectives sur le Tour auraient été bien à la FDJ aux côtés de Pinot….
Jeannesson est hors de forme, semble-t-il autant psychologiquement que physiquement. Et Ellissonde reste léger pour le plus haut niveau, il a du mal à confirmer. En revanche, Pinot pourrait être correctement accompagné sur les étapes typées classiques avec Roy, Ladagnous, Bonnet voire Démare s’il ne joue pas trop perso. Et finalement c’est sans doute là qu’il en a le plus besoin alors qu’en montagne il arrivera sans doute mieux à se débrouiller avec les seuls Morabito et Géniez.
J’ai l’impression que Movistar a constitué son équipe un peu dans le même esprit : Quintana est assez fort pour s’en sortir avec peu de soutiens en montagne (il faut pas rêver, Valverde jouera plus l’électron libre que le gregario), en revanche il a besoin de monde autour de lui pour éviter les pièges sur le plat. D’où la sélection de beaucoup de rouleurs (Movistar n’a pas vraiment de spécialistes des classiques, hors Valverde) aux dépens de grimpeurs comme Gadret ou Intxausti.
L’absence de Jeannesson est un vrai coup dur pour la FDJ, mais si Jeannesson avait été sélectionné, peut-être que Geniez aurait été laissé au repos.
De toute façon l’effectif est trop léger en haute montagne… Heureusement qu’il y a eu le “bon coup” Morabito à l’intersaison.
Espérons que Geniez a bien récupéré 1) de son Giro 2) de sa chute sur le chrono des championnats de France…
Une équipe prête à prendre les commandes du peloton ça aide. Sky sera maîtresse du jeu dans ce domaine, mais en cas de flop Froome, Tinkov et Astana pourront faire ce travail avec une certaine efficacité. AG2R est aussi en possibilité de le faire, pas la FDJ…
Il y aurait bien un petit recentrement à faire sur le recrutement de plus solides grimpeurs-rouleurs français (même si les profils sont rares dans ce domaine).
Jeanneson avait de toute façon déclaré forfait avant que la sélection soit faite. Elissonde est encore juste et il a le Giro dans les pattes. Je crois par contre que Pinot peut vraiment nous faire de grandes choses sur ce tour. J’espère un podium.
A la fin de la première semaine, on y verra beaucoup plus clair, avant cette date plusieurs coureurs peuvent viser le podium au moins dont Pinot. On fera les comptes à Plumelec. Mais déjà sur les chronos, je vois bien entre 1 minute 30, 2 minutes sur le porteur du maillot jaune… Même s’il peut avoir des surprises, comme le vent, les cimes de la plaine, les pavés…