Son truc à lui, ça a – presque – toujours été les courses d’une semaine. Avant, c’était avec une relative discrétion, le Slovène se contentant le plus souvent d’accessits aux abords du top 10. Mais depuis un peu plus de deux saisons, les podiums lui tendent les bras. Et particulièrement sur le Tour de Romandie, une épreuve quasiment devenue sienne. A un Chris Froome près.

Un tempérament bien particulier

L’histoire de Simon Spilak avec le Tour de Romandie débute en 2010. Le natif de Tisina, dans l’est de la Slovénie, découvre l’épreuve romande dans un rôle de coureur protégé, et il ne manque pas de se mettre en évidence, remportant une étape et terminant deuxième du général. Mais quelques mois plus tard, Alejandro Valverde, vainqueur initial, est suspendu par l’UCI, et son succès lui est retiré. « Je l’ai appris seulement dix jours plus tard, expliquera le principal intéressé au magazine Bicikel. Mais j’étais très heureux : j’avais gagné. » Certes, le coureur de la Lampre était passé à côté du maillot de leader, des podiums et des baisers des hôtesses, mais il s’en accommodait : « Je vais attendre les prochaines courses. » Discret, celui qui se décrit comme « tranquille » parle très lentement. Mais sur un vélo, il sait se transformer en adversaire redoutable. « Il ne le montre pas mais il est intérieurement très motivé, il veut gagner », confirme son ancien directeur sportif Brent Copeland. En particulier sur le Tour de Romandie.

Mais si en 2010, Spilak avait été s’imposer en solitaire sur la cinquième étape romande, il avait fallu l’y pousser. « J’étais dans la voiture et je lui ai donné quelques conseils ce jour-là. Il roulait pour lui-même. Dans les cols, sur ce Tour de Romandie, il avait la forme pour n’avoir peur de personne », raconte Maurizio Piovani, manager chez Lampre. « A l’époque, il avait peur de prendre ses responsabilités », regrette presque Copeland. Pourtant, son profil l’y oblige, car comme il le dit lui-même, il sait « grimper et rouler, mais [il n’est] pas un sprinteur ». Il n’empêche que cette semaine en Suisse révèle le Slovène aux yeux du grand public. Troisième des Championnats du Monde juniors en 2004 et quatrième du Tour de l’Avenir en 2007, il confirme, deux ans après son passage chez les professionnels, qu’il peut devenir un véritable spécialiste des courses d’une semaine. Et s’il a longtemps été très réservé, même avec ses coéquipiers, une fois en confiance, il sait profiter de l’aide que peut lui apporter son équipe.

Dur au mal et inclassable

Entre l’espoir slovène et le Tour de Romandie, la relation est toutefois branchée sur courant alternatif. Pendant deux ans, il se fait un peu plus discret, avant de revenir en fanfare lors de l’édition 2013. Alors que Chris Froome répète ses gammes en vue du Tour de France, Spilak s’accroche, bat le Britannique sur l’étape reine et termine deuxième du général. « J’adore le mauvais temps. J’aime quand il pleut et le froid ne me dérange pas non plus », se plaît à affirmer celui qui court désormais chez Katusha. C’est une des raisons pour lesquelles il brille si régulièrement en Romandie. « J’ai la chance qu’il y ait souvent un temps pluvieux lors des étapes décisives », note-t-il avec amusement. Il est vrai qu’à la jonction des mois d’avril et mai, dans l’ouest de la Suisse, la météo n’est pas toujours très clémente. Mais plus surprenant, alors que les leaders présents préparent le Giro ou le Tour, Spilak semble être dans une optique bien différente. L’épreuve helvète n’est pas une préparation mais bien un objectif pour lui.

« C’est un peu ma course de prédilection », avance-t-il. Pourtant, au départ, sa polyvalence empêchait de le classer dans une catégorie. « Peut-être qu’il sera un flandrien, capable également de briller sur Liège-Bastogne-Liège. Ou alors il sera un spécialiste des courses d’une semaine », se demandait Copeland il y a quelques années, lorsqu’il comptait Spilak dans ses rangs. Il faut dire que le Slovène a toujours brouillé les pistes. Neuvième du Tour des Flandres dès sa première saison chez les pros, il laissait présager une carrière de classicman. Finalement, après quelques printemps mitigés, le garçon a décidé de se consacrer aux courses d’une semaine. L’an dernier, il n’a même disputé aucune course d’un jour, à l’exception des classiques canadiennes de la fin de saison. Et il a encore terminé sur les talons de Froome en Romandie. Des places d’honneur qui ne peuvent le satisfaire pleinement. Car malgré son refus de se mettre en avant, lorsqu’un journaliste lui demandait fin 2010 ce qu’on pouvait lui souhaiter pour les années à venir, il répondait, emprunt de timidité mais aussi d’ambition : « la victoire ».

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