Alberto Contador est sans doute le meilleur ambassadeur du panache que le cyclisme ait connu ces dernières années. C’est ce qui lui vaut une certaine légitimité. Et il y a quelques jours, il assurait qu’un cyclisme sans capteurs de puissance en course serait une bonne solution. Alors, faut-il restreindre cette technologie qui a intégré le peloton ?
Oui par Robin Watt
Faire que la course se joue dans la tête et pas dans les chiffres. Voilà l’idéal d’Alberto Contador. Alors quand il s’exprime sur les capteurs de puissance, il a des arguments. « Si vous montez un col et que vous savez que vous ne pouvez pas aller au-delà des 400 watts, quand Sky imprime le rythme et que vous êtes à 400 watts, vous n’attaquerez pas parce que vous penserez exploser deux kilomètres plus loin. Mais si vous ne voyez pas les chiffres, vos sensations pourraient vous amener à attaquer. » Et qui sait, alors, ce qu’il adviendrait. Il y a un risque d’échec, bien sûr, l’Espagnol lui-même y a souvent fait face, emporté par son panache. Mais il y a aussi le risque d’être plus fort que prévu. Ou simplement de mettre à mal la stratégie des équipes dominantes, Sky en tête.
Sur le dernier Tour de France par exemple, si certains avaient osé attaquer Chris Froome sur les pentes de Peyresourde, le Britannique, il le reconnaissait après-coup, aurait pu perdre définitivement le maillot jaune. Et c’est bien ce suspense qui manque de plus en plus au vélo d’aujourd’hui. Alors David Lappartient, le nouveau président de l’UCI, qui assurait dans son programme vouloir travailler sur l’attractivité du cyclisme professionnel, pourrait se pencher sur l’idée lancée par Alberto Contador. Le capteur de puissance à l’entraînement, oui. En course, essayer de faire sans pourrait être un bon début.
Non par Baptiste Allaire
De manière générale, le milieu du vélo est assez conservateur, et les nouveautés – même si le capteur de puissance n’en est plus vraiment une – ont souvent été mal accueillies. L’exemple le plus connu reste bien sûr le fameux guidon de triathlète de Greg Lemond en 1989, qui lui avait permis de battre Laurent Fignon de huit petites secondes sur le Tour. Mais il y avait déjà eu d’autres dates clés : de l’arrivée du dérailleur dans les années 1930 jusqu’à la pédale automatique de Bernard Hinault en 1985, il y a toujours eu polémique. Aujourd’hui, on accuse ainsi les capteurs de puissance de rendre la course plus ennuyante et fermée. Parce que oui, les coureurs qui voient leur plafond de watts arriver n’attaquent pas.
Mais le cyclisme serait-il plus intéressant avec des attaques inutiles de coureurs qui exploseraient quelques hectomètres plus loin ? Le capteur de puissance permet justement d’optimiser la performance. Il aide les coureurs à connaître leur forme. En fait, il ne devrait servir qu’à confirmer les sensations du coureur. Certes, certains considèrent cet engin comme une sainte Bible à ne surtout pas contredire. Chose regrettable, mais de là à les interdire, il y a un pas à ne pas franchir. Les coureurs pourraient au contraire devenir plus prudents… soit l’inverse de l’effet recherché. La vraie décision utile n’est donc pas à prendre par l’UCI, mais par les directeurs sportifs. Il faut apprendre aux coureurs la véritable fonction de ces capteurs. Plus un outil qu’une vérité absolue.
J’ai remarqué, que ce soit chez les pros, ou chez les coureurs amateurs, que pas un cycliste n’utilise ses données de puissance de la même manière. Donc article intéressant, mais attention aux réflexions d’ordre général.
Il faut faire du cas par cas. D’ailleurs à ce sujet, je termine la lecture du livre de David Walsh sur Froome, et c’est passionnant de l’entendre sur sa façon d’exploiter son capteur de puissance.
Rien à voir avec la gestion “mainstream” qu’on connait dans les revues ou les blogs dédiés à l’entrainement cycliste.
Ce n’est pas le capteur le problème, mais le coureur. Pour espérer gagner, aujourd’hui comme hier, il faut prendre le risque de perdre. Tant pis pour Uran et Bardet. Froome, d’ailleurs à fait n’importe quoi dans une descente pour aller chercher des secondes et l’étape, au risque de se crasher. Il n’était alors pas dans la gestion des watts.
Le vrai problème, le seul, le grand problème, c’est l’oreillette.
*la descente, c’était l’an dernier. J’ai oublié de préciser.
A l’inverse des autres évolutions technologiques citées, la chose qui me dérange avec le capteur de puissance est qu’il est une source d’informations, un indicateur. L’un des aspects qui me plait dans le cyclisme c’est l’aspect mental Comment après 200km le coureurs arrivent ou non à garder de la lucidité, identifier sa capacité physique du jour en usant de différents stratagèmes (bluff, comportement offensif, mouvements collectifs, euphorie…) qui affecteront son mental et celui de ces concurrents. Le capteur n’empêche pas totalement ça mais il participe à un maintien de la raison. Le capteur couplé aux oreillettes diminue selon moi le nombre d’inconnus et ne poussent pas les coureurs à prendre leurs responsabilités car trop d’informations et moins de doutes. L’intelligence de course s’en trouve alors réduite. Bien entendu, ça ne résoudra pas tout, la prudence étant une stratégie en soi, mais je pense que ça augmentera l’incertitude et donc le nombre de scénarii. Aussi j’aime beaucoup votre site mais je me permet une petite suggestion : le format d’accord/pas d’accord de vos articles “débat” sont trop schématiques à mon goût et j’ai du mal à croire que vous soyez systématiquement en désaccord sur chaque sujet. Peut-être qu’un article écrit à… Lire la suite »
*le coureur arrive
Il y a sans doute d’autres fautes.
On prend note de la remarque et de la suggestion ;)