Après quelques semaines de mercato, la formation Cannondale-Garmin est déjà complètement chamboulée. Exit Daniel Martin et Ryder Hesjedal, deux des leaders de l’équipe, remplacés par Rigoberto Uran et désormais Pierre Rolland. Pour le Français, ce transfert à l’étranger marque le début d’une deuxième carrière.
Une exportation contrainte
Quitter Europcar et son manager Jean-René Bernaudeau, qu’il côtoie depuis 2009, ce n’était sans doute pas dans les plans de Pierre Rolland. Mais toujours dans l’attente d’un sponsor, « JRB » n’a pas pu retenir plus longtemps un de ses leaders emblématiques. En cette fin de mois d’août, le Loirétain devait faire un choix pour ne pas se retrouver en fin de saison sur le carreau. Attendre plus longtemps aurait en effet été risqué : les formations susceptibles de l’accueillir auraient jeté leur dévolu sur d’autres coureurs, et Rolland aurait pu avoir du mal à trouver un point de chute pour 2016. Pourtant, celui qui a brillé de mille feux avec le maillot Europcar a attendu, repoussé sa date limite de semaine en semaine, jusqu’à devoir accepter une proposition qui va changer sa carrière. A 28 ans et après un nouveau top 10 sur le Tour de France, il a signé chez Cannondale-Garmin pour découvrir autre chose. Un grand changement.
Sans doute ne sera-t-il plus aussi protégé qu’il pouvait l’être chez Europcar. Alors qu’il était dans la formation vendéenne le meilleur grimpeur, celui sur qui on comptait pour décrocher des accessits au classement général, il va découvrir chez Jonathan Vaughters un collectif déjà articulé autour d’Andrew Talansky, et bientôt de Rigoberto Uran, qui débarque malgré tout avec plus de garanties que Rolland. Plus qu’une nouvelle aventure, c’est donc un véritable défi qui s’offre à lui : il va devoir prouver qu’il mérite la confiance de son staff, au même titre que deux garçons peut-être plus réputés mais qui n’ont pas forcément de meilleurs résultats. Quatrième du Giro 2014 et trois fois dans les 10 sur la Grande Boucle, le Français est une valeur sûre pour les épreuves de trois semaines. Talansky et Uran ne peuvent pas forcément en dire autant. Ce qui n’empêche qu’on imagine mal Cannondale donner les clés du camion au nouvel arrivant hexagonal. « Pierrot » arrive davantage avec un statut d’électron que de grand leader.
Prendre exemple
Lors de l’officialisation du transfert, Jonathan Vaughters a comparé Pierre Rolland à Thierry Claveyrolat. L’Américain adulait « l’Aigle de Vizille » durant ses années pros. Mais la comparaison montre surtout que le manager de l’équipe Cannondale considère le Tricolore comme un coureur capable d’exploits sporadiques, pas comme un homme sur lequel on peut baser sa saison et autour de qui on peut construire une équipe. C’est pourtant en ce sens que Rolland va devoir travailler, en prenant exemple sur quelques compatriotes qui ont réussi leur exportation ces dernières années. Tony Gallopin est devenu chez Lotto-Soudal un des leaders sur qui Marc Sergeant compte aussi bien pour les classiques que pour les courses par étapes. Un destin qui rappelle celui de Sylvain Chavanel chez Quick-Step, où Patrick Lefevere avait fait de l’ancien champion national un élément très important de l’armada belge sur les classiques flandriennes.
Vaughters, convaincu que sa nouvelle recrue peut progresser sur de nombreux points, pourrait donc avoir une bonne surprise et trouver en Rolland le leader que Talansky et Uran ne sont pas encore. Dans une équipe étrangère, le programme de celui qui est passé pro au Crédit Agricole pourrait aussi évoluer, et s’internationaliser. Le Tour d’Italie pourrait de nouveau être au programme du grimpeur français, et surtout, la Grande Boucle pourrait ne plus être un passage obligé. Eloigné des sollicitations de l’Hexagone, Rolland va pouvoir se diversifier et s’entraîner sans pression, si ce n’est celle de son équipe. Passé d’espoir à coureur confirmé chez Europcar, ce nouveau changement d’équipe doit donc le faire passer dans une autre catégorie : celle des Français qui réussissent aussi à l’étranger. Ils ne sont pas légion parce que pour beaucoup, ils n’osent pas franchir le pas. Rolland, pour sa part, n’a pas froid aux yeux. A lui, désormais, de montrer qu’il n’a pas vu trop grand.
Cofidis qui continuait à axer la saison de Chavanel sur le Tour de France, qu’est-ce que c’était drôle… Revenons à Rolland.
Je pense que Garmin est la bonne solution. Entre Trek (Mollema + Hesjedal) et IAM (niveau plus proche du Conti Pro que du WT), c’était le meilleur choix. Il pourra ainsi être vraiment entouré et éviter de perdre 5 minutes à chaque étape de plaine. Et Vaughters est gentil, mais sur le Tour, Rolland est d’une régularité exemplaire : depuis 2011, il fait 10 (+ 1 étape + maillot blanc) ; 8 (+ 1 étape) ; 24 (on se souvient de sa chasse aux échappées sur le Ventoux… Bon Dieu mais qu’avait fumé JRB et/ou Flickinger ce jour là ?) ; 11 et 10. Plus qu’honorable quand on voit sa stratégie de course globalement affreuse. Chez Garmin, il progressera énormément en chrono, ne perdra plus 5 minutes par étape de plaine et/ou par CLM par équipe. Franchement, très bon choix.
C’est clair que Vaughters a l’air de le sous-estimer un peu alors que sur le tour sans perte de temps il avait le top 5 dans les jambes. Quand on voit ou etait Talansky… Et Uran n’a jamais rien prouvé sur le tour. Bref j’espere qu’il n’ira pas sur le tour en voulant jouer les etapes ou l’equipier pour Uran
Je vous trouve dur quand vous dites qu’Uran “débarque avec plus de garanties que Rolland”. Okay, il a 2 podiums sur Tour d’Italie, mais il est bien plus irrégulier que Rolland qui décroche des accessits partout où il passe. Uran ne peut en dire de même, quand il flanche c’est pas a moitié, et surtout c’est assez souvent!
Bon choix pour Rolland. Quand on voit Gallopin, Barguil, Alaphilippe faire de belles choses dans des équipes étrangères, je pense qu’il était temps pour Rolland de changer d’air. Ca a réussi cette année à Taaramae qui a accompli une véritable renaissance après avoir quitté le cocon de Cofidis .A l’époque, Gilbert avait aussi réussi son départ de FDJ. Ca ne veut pas dire que l’on ne peut pas faire carrière en France mais c’est certainement salutaire de s’exporter à un certain moment de sa carrière pour se remettre en question;