A deux contre deux dans le final d’A Travers la Flandre, les coureurs de Patrick Lefevere ont su adopter la bonne tactique pour finalement l’emporter avec Yves Lampaert. Un scénario pas si fréquent pour l’armada belge. Ces dernières années, même en surnombre, elle a souvent échoué.
Merci Gilbert
C’est un vilain défaut que Quick-Step cultivait depuis quelques années déjà. Avec un sommet : le Het Nieuwsblad 2015. Dans un final qui se joue entre quatre coureurs, Ian Stannard vient faire la nique à trois protégés de Patrick Lefevere. L’affront est grand, encore plus parce que ce n’est pas le premier. Mais ce ne sera pas non plus le dernier. Sur Gand-Wevelgem (toujours en 2015), les Etixx de l’époque se font aussi piéger. Comme sur le GP E3 l’an dernier. En cause, la chance, un peu. Et la tactique, beaucoup. Pourtant, campagne après campagne, la formation belge dispose d’un effectif pléthorique, généralement le plus imposant au moment d’aborder les flandriennes. Mais c’est peut-être là que se situe le problème. La difficulté à définir une stratégie quand les leaders se marchent dessus est régulièrement pointée du doigt. Résultat, depuis le succès de Niki Terpstra sur Paris-Roubaix il y a trois ans, aucune victoire d’envergure n’est venue garnir l’armoire à trophée de la maison flamande.
Boonen, Terpstra, Stybar, Vandenbergh, Gaviria, Trentin, Lampaert et tous les autres ont bien essayé. En vain. Quelques accessits ont parfois sauvé les meubles, mais Quick-Step, malgré sa force collective, n’avait plus rien du rouleau compresseur de la décennie précédente. Et comme un symbole, il aura fallu que le champion de Belgique – un Wallon en plus de ça – Philippe Gilbert mette le nez dans cette histoire pour que Patrick Lefevere puisse retrouver le sourire. Certes, ce n’est pas lui qui a levé les bras sur A Travers la Flandre, ce mercredi. Mais par sa manière de courir, il a permis la victoire de son coéquipier Yves Lampaert. Au départ, sans doute a-t-il espéré qu’il pourrait lui-même aller chercher le bouquet du vainqueur. Mais pas assez costaud, Gilbert a soudainement fait ses 34 ans. Ses attaques ont donc affaibli Durbridge et Lutsenko, avant que Lampaert place un contre décisif.
Un leader différent à chaque course ?
Alors qu’on n’y croyait plus, Quick-Step a donc réussi à mettre en place une course d’équipe. Hasard ou non, c’est un nouveau venu dans la bande à Patrick Lefevere et un jeune encore insouciant qui ont réussi ce que les cadors habituels de l’équipe n’arrivent plus à faire depuis quelques saisons. Peut-être est-il temps, alors, de mettre les choses au clair au sein de l’armada. Pour Paris-Roubaix, tout semble limpide : l’équipe entière sera au service de Tom Boonen, qui disputera sa dernière course chez les pros. Mais pour ce qui vient avant l’Enfer du Nord ? Définir un nouveau leader sur chaque épreuve est un signe d’adaptation de la part de l’encadrement. Mais c’est aussi chambouler en permanence les habitudes de l’équipe. Gaviria pour Gand-Wevelgem, Stybar et Terpstra pour le Tour des Flandres et Boonen pour Paris-Roubaix ? Le risque est de se rater chaque semaine. Quand Lefevere et Quick-Step (ou Mapei quelques années avant) brillaient, les rôles étaient clairs. Il faut espérer que ce succès pour démarrer la quinzaine ne soit donc pas arrivé en trompe-l’œil.
Comme je l’ai déjà dit ailleurs, je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette insistance sur le sens tactique défaillant de Quick-Step. Vous présentez le Nieuwsblad comme le sommet de leur sens tactique défaillant. Déjà là, je ne suis pas d’accord. Moi je trouve qu’au contraire, cet épisode, qui a marqué les esprits, a surtout ancré chez beaucoup de personnes la conviction que QS était nulle tactiquement. Autrement dit, cet épisode, pratiquement incroyable, tend surtout à biaiser le rapport à la réalité du terrain. Evidemment, dans le cadre du Nieuwsblad 2015, je ne discute pas l’erreur tactique, reconnue par Boonen lui-même ensuite. Par contre, le Gand-Wevelgem 2015, en quoi les Etixx se font-ils piéger? Terpstra est 2è, battu au sprint par Paolini. Il tombe sur plus rapide que lui, c’est tout. Mais, tactiquement, l’équipe n’a pas fait d’erreur. De même, le GP E3 de l’an dernier, Sagan et Kwiatek partent dans un berg. Stybar et Trentin tentent d’y aller, mais sont trop courts. Ils sont battus à la pédale. Les 4 Etixx essaient encore de revenir par la suite, mais, au vu de leur surnombre, personne ne collabore avec eux. Là encore, c’est fort sévère de dire qu’ils… Lire la suite »
Je note l’argumentaire et il s’entend. Mais c’est trop “facile” de dire que c’est juste physique quand un armada comme celle-ci perd contre des mecs comme Stannard, Paolini, Hayman ou même Thomas. Je ne dis pas que c’est uniquement un problème tactique, je dis qu’il y a un peu des deux (d’ailleurs, je souligne le facteur chance aussi dans l’article). L’incapacité à choisir un leader reste réelle chez Quick-Step. Boonen à certains moments parce qu’il est le patron emblématique, Gaviria quand c’est plat, Terpstra et Stybar le reste du temps, c’est trop de chamboulements. Si Van Avermaet, Sagan ou par le passé Cancellara gagnaient tant, c’est parce qu’ils n’ont pas à se demander si les autres vont bosser pour eux. Alors on peut toujours avancer que ne pas choisir laisse plus de possibilités. Moi je pense surtout que c’est contre-productif. C’est pour ça qu’à certains moments de la course, on ne sait pas quel coureur doit y aller. Pour ça que quand Stybar a un problème sur le GP E3 l’an dernier, personne ne vient l’aider. Si ça avait été le cas, il serait revenu plus vite et aurait peut-être pu réagir à l’attaque de Sagan et Kwiatko, sachant qu’à… Lire la suite »
Merci de la réponse. Je comprends votre position, mais je ne la partage toujours pas. Pour ma part, je pense que le cyclisme demeure un sport où la tactique reste quand même largement tributaire de la capacité physique de vos coureurs. S’ils ne sont pas à 100% le jour J, vous pouvez avoir la meilleure stratégie du monde, mais vous cueillerez très rarement les lauriers. Votre premier argument selon lequel c’est problématique quand une armada est battue par des gars par Stannard, Paolini, Hayman ou même Thomas est valide si et seulement si au moment du dénouement c’est un coureur isolé qui bat l’armada. C’est pourquoi j’admets volontiers que, contre Stannard, à 3 contre 1, ils perdent lamentablement d’un point de vue stratégique. Mais quand Terpstra est seul dans le groupe à Gand-Wevelgem, quand Stybar est seul dans un groupe de 3 avec Sagan et Thomas, quand Boonen est seul à PR, c’est de l’homme contre homme. Donc je ne trouve pas qu’on puisse dire que c’est une défaite tactique. Sur l’incapacité à choisir un leader, je vous rejoins à moitié. Parce que j’estime qu’aucun coureur chez QS n’était véritablement un leader au cours des 2 dernières années. J’entends par… Lire la suite »
on parle des défaites ok.. mais le nombre de victoires obtenues par les troupe de Lefevere dans les flandriennes ou autres courses de mouvement grâce à leurs tactiques.. tous les coups de bordures, la cohésion entre les leaders, des lieutenants qui gagnent car leur leader est surveillé.. c’est pour moi la meilleure équipe de courses d’un jour depuis sa création !! il n’y a qu’a voir les stats sur Paris Roubaix ou le sens tactique est crucial.. Quick gagne souvent, perds quelque fois, fais des erreurs parfois.. mais ils font la course à chaque fois ! Sans cette équipe les classiques n’auraient pas la même saveur..
Et inversement, lorsque Terpstra gagne à Roubaix en 2014, c’est parce que les Omega Pharma QuickStep se retrouvent à 3 dans le final et que leurs concurrents se focalisent sur Boonen et Stybar. Ceci me semble être le meilleur contre-exemple de votre théorie (que je respecte tout-à-fait – et j’en profite pour vous remercier pour tous vos articles).
Lorsque la formation de Lefévère est battue, c’est souvent – pas toujours, c’est vrai – parce qu’ils sont battus par plus forts. Ils ont de très très bons coureurs mais peut-être pas les tout meilleurs.