Si son maillot arc-en-ciel fut conquis en Italie, à Florence, c’est décidément en Suisse que Rui Costa semble avoir trouvé son jardin. Double vainqueur de l’épreuve helvète, mais aussi auteur de trois podiums consécutifs sur sa petite sœur, le Tour de Romandie, le Portugais sera une nouvelle fois l’homme à battre sur le 78ème Tour de Suisse qui débutera ce samedi. Mais un champion du monde ne serait pas ce qu’il est sans la fameuse malédiction, et elle lui a déjà coûté un podium sur la dernière Course au Soleil. C’est donc tout naturellement vers l’opposition qu’on se tourne pour trouver les possibles challengers. Mollema, Wiggins, Pozzovivo…. ? C’est très ouvert.

Les favoris :

***** Rui Costa : Comme énoncé plus haut, le nouvel homme fort de la Lampre – Merida est en quête d’un triplé retentissant sur les terres suisses. Capable de briller sur tout type de terrain, aucune embûche ne semble se dresser sur la route d’un coureur qui aura à cœur de conserver son bien, avant d’entamer son premier Tour de France dans la peau d’un leader. En jambes, mais peu verni de ses efforts depuis le début de la saison, il entre dans l’une de ses périodes favorites. Sa régularité sera une nouvelle fois primordiale, et peu de ses rivaux lui semblent supérieurs.

**** Bauke Mollema : Sa reprise s’est faite discrètement mais de manière victorieuse en Norvège, ce qui signifique que le meneur des troupes néerlandaises est fin prêt pour le Tour de Suisse, avant le tant attendu Tour de France, grand objectif de son année 2014. Vainqueur à Crans-Montana il y a un an et second du général lors de cette même édition, Mollema a encore progressé depuis le temps dans la hiérarchie des spécialistes des courses à étapes, et s’annonce comme l’un des épouvantails de l’épreuve, bien encadré par une solide équipe Belkin, avec notamment Laurens Ten Dam, Steven Kruijswijk…

Les outsiders :

**** Domenico Pozzovivo : Depuis son transfert chez AG2R la Mondiale, le grimpeur de poche italien semble véritablement épanoui. Etant désormais dans les meilleures années de sa carrière, “Pozzo” sort d’un bon Giro où il a pris la cinquième place finale, et s’apprête à maximiser sa forme sur sa dernière course avant la coupure estivale, à savoir le Tour de Suisse. Auteur de progrès remarquables dans l’exercice du contre-la-montre, qui plus est vallonné dans cette édition, avec un prologue musclé et 24 kilomètres accidentés à Worb, il pourrait alors faire parler tout son panache et sa giclette dans le week-end montagneux de clôture. Il tient peut-être une chance unique d’inscrire son nom au palmarès d’une course World Tour…

*** Roman Kreuziger : L’arrivée d’Alberto Contador au sein de la nouvelle structure Tinkoff – Saxo l’ayant propulsé au rôle de lieutenant de luxe, Roman Kreuziger n’en garede pas moins son statut d’électron libre lors des courses par étapes qui lui correspondent. Le Tour de Suisse, qu’il a déjà accroché à son palmarès en 2008, en est l’une d’entre elles. Troisième d’un Tirreno – Adriatico éclatant pour son équipe, le Tchèque semble bien armé pour décrocher un résultat de bonne facture à travers un tracé équilibré tout à son avantage. Mais gare à l’inconstance, qui pourrait une nouvelle fois le rattraper…

*** Thibaut Pinot : C’est le grand malhereux de la dernière édition du Tour de la Confédération. Alors qu’il semblait être le meilleur intrinsèquement en haut de l’Albulapass ou bien lors de ce col situé sur la route de Meiringen, il avait perdu tout espoir de victoire finale dans les descentes, dont celle vers la Punt, marquée par cette chute grotesque de l’arche kilomètrique. Depuis 2013, le Franc-Comtois a encore mûri, et semble plus que motivé au moment d’aborder une épreuve en terrain conquis, d’autant plus que son chrono au Tour de Romandie peut amplement le rassurer. Tout les voyant sont au vert.

*** Cadel Evans : L’Australien pourra t-il tenir avec les meilleurs après un Giro éprouvant, marqué par sa baisse de régime significative en troisième semaine, pourtant la plus exigeante ? Voila à quoi ce résume l’interrogation existante dans le clan BMC, qui n’a pas hésité à aligner cinq coureurs Suisses à domicile plutôt que d’amener ses grimpeurs au côté de l’ancien vainqueur du Tour. Néanmoins, Evans est toujours aussi fringuant que lorsque l’on ne l’attend pas, et en fin tacticien, il pourrait tirer profit des pièges du Tour de Suisse, dont cette troisième étape entre Sarnen et Heiden, loin d’être un morceau de plaisir…

*** Mathias Frank : Le local d’IAM Cycling était à deux doigts de réaliser la course parfaite avant de craquer lors du contre-la-montre en côte du Flumserberg. Toutefois, ce n’était visiblement pas un coup d’éclat, puisque depuis, Frank a pris conscience qu’il pouvait endosser l’étoffe d’un leader, comme sur le Tour d’Autriche, ou récemment en Bavière, où il s’est adjugé l’étape reine. Nul doute que la victoire finale est son obsession, et qu’il y mettra les moyens nécessaires.

A ne pas sous-estimer :

** Bradley Wiggins : Sir Bradley Wiggins a beaucoup fait parler de lui depuis quelques semaines. Sportivement tout d’abord, en remportant dans son style caractéristique le Tour de Californie, mais aussi en coulisses, avec sa très probable non-sélection sur le prochain Tour de France, et des rumeurs insistantes de départ chez Orica. Quoi de mieux que de mettre les points sur les i à l’occasion d’un Tour de Suisse escarpé, mais loin d’être le plus difficile de l’histoire ? Ses jambes sont belles et bien de retour lors des contre-la-montre, et cette course n’est jamais tombée dans son escarcelle. Idéal pour un coureur en quête de nouveaux horizons…

** Maxime Monfort : Il visait le général du Giro, il a finalement pris qu’une modeste quatorzième place, signe qu’une course de trois semaines à ce stade de l’année était encore visiblement trop ardue pour ses capacités. Mais le Belge de la Lotto n’a jamais été mieux loti que sur des courses d’une semaine, conçues pour son profil de grimpeur-rouleur. C’est un outsider de plus sur un Tour de Suisse au plateau homogène, où personne ne se démarque avec trois longueurs d’avance, sur le papier.

** Ion Izagirre : L’un des meilleurs coureurs d’une équipe Euskaltel – Euskadi à la dérive en 2013 a trouvé une nouvelle base en 2014 chez les voisins de la Movistar, et se porte tout aussi bien. Montant en puissance sur les courses World Tour, en atteste ses performances passées en Pologne, en Australie, à Paris – Nice ou plus récemment en Romandie, il a tout pour être l’invité surprise de ce Tour de Suisse.

* Sergio Henao : Où en est Sergio Henao ? Difficile à dire, car le fantasque grimpeur et puncheur Colombien du Team Sky a disparu des écrans radars depuis la polémique sur son passeport biologique. Réintégré depuis peu à l’effectif britannique, il pourrait faire parler la poudre en guise d’un retour réussi. Mais sa forme est une inconnue totale, et il faut dire que Wiggins part avec une assurance plus accrue. Mais gardons le dans un coin de notre œil.

* Warren Barguil : Tout comme Wiggins, Barguil a exprimé son mécontement quand à la sélection de son équipe, en l’occurence la Giant – Shimano, pour la prochaine Grande Boucle. Ayant préféré emmener des hommes forts pour le train de Marcel Kittel et John Degenkolb, il se retrouve donc sur le carreau, et mis de côté pour la Vuelta. Neuvième en Catalogne il y a quelques mois, la meilleure réponse, c’est bien connue, n’est pas dans les médias, mais sur le terrain, et connaissant l’intéressé, il pourrait bien être l’animateur de ce Tour de Suisse.

Mentions : Esteban Chaves, Kevin Seeldraeyers, Louis Meintjes, Tomas Marczynski, Marcel Wyss, Fredrik Kessiakoff, André Cardoso, Andy et Frank Schleck.

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