Les classiques ardennaises commenceront ce dimanche par la plus jeune d’entre elles, l’Amstel Gold Race. Victorieux de la Flèche brabançonne mercredi, Peter Sagan est le grandissime favori pour remporter la 48e édition de la classique néerlandaise. Alors que la course Limbourgeoise a encore une fois modifié son final, de nombreux prétendants ont les dents longues et ne voudront qu’une seule chose : faire perdre la Cannondale. Sur le papier, Sagan semble invincible, mais sur le terrain, par qui Sagan pourrait-il être vaincu ?
Par ses concurrents, à commencer par BMC !
Battus par Sagan sur la Flèche brabançonne, Gilbert et Van Avermaet seront ses principaux concurrents. Vainqueur sur le même final lors des championnats du monde, le Liégeois est le rival légitime du jeune prodige de la Cannondale. Mais pour pouvoir rivaliser, il devra retrouver le niveau qui lui avait permis de remporter cette classique à deux reprises, consécutivement, en 2010 et 2011, ce qui est encore loin d’être acquis. Pour son coéquipier, ce sera en anticipant, en profitant d’un coup tactique, comme il avait essayé de le faire mercredi, que Greg Van Avermaet pourra mettre en difficulté Peter Sagan. Au-delà des deux coureurs Belges, de nombreux autres outsiders seront au portillon, prêts à souffler la victoire à Tourminator, comme ce fut le cas sur Milan-Sanremo pour le revenant Gerald Ciolek.
Le vainqueur sortant, Gasparotto, a le profil pour ennuyer le jeune coureur de la Cannondale, après l’avoir battu au sommet du Cauberg un an plus tôt. Les nombreux coureurs souvent placés sur les précédentes éditions de l’Amstel, tels Gerrans, Albasini, Kolobnev, Vanendert, Voeckler, Valverde ou encore Rodriguez seront bien entendu présents et il faudra aussi compter sur d’éventuelles surprises, comme par exemple Gianni Meersman ou encore Sergio Henao. Mais aucun des coureurs cités ne semble pouvoir battre, voire même rivaliser avec Peter Sagan, dans un final qui lui convient à ravir. Pour tous ces prétendants, il faudra anticiper, jouer finement le coup, ou profiter d’une erreur de celui-ci, comme ce fût souvent le cas ces derniers temps…
Par lui-même ?
Et si son plus grand rival, c’était lui-même ? Sa deuxième place sur Milan-Sanremo fait encore jaser. Une classique n’est jamais jouée d’avance et ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne, notamment sur un nouveau parcours que les plus jeunes ne maîtrisent pas. De nombreuses questions persistent donc autour de la Cannondale. Alors que les BMC, Astana, Sky ou encore Orica-GreenEdge sont venus avec un gros effectif, l’équipe américaine est loin d’être au niveau, à côté de ces cadors. Malgré d’excellents porteurs d’eau, seul Moreno Moser, qui participera à sa première campagne de classiques, pourra aider l’enfant de Zilina dans les derniers kilomètres. Si une sélection se fait dans le Keutenberg, Sagan pourrait se retrouver seul et isolé dans un final difficile à contrôler. Alors que Gilbert pouvait compter sur Vanendert par le passé, ou encore Van Avermaet l’année dernière, Peter Sagan pourrait avoir à se débrouiller seul.
Mais surtout, pour apprendre à gagner, il faut apprendre de ses erreurs. Peter Sagan, dans son apprentissage des grandes classiques, a déjà dû affronter des échecs cuisants et le temps des regrets semble enfin terminé. Le leader de la Cannondale a toutes les qualités requises pour remporter l’Amstel Gold Race. Il faudra donc éviter les nombreux pièges tout au long du parcours et retenir les nombreuses erreurs commises dans le passé pour pouvoir s’imposer. Sagan a son destin entre les mains, et s’il veut, un jour, rentrer dans le panthéon des champions, il ne doit plus laisser des opportunités pareilles lui filer entre les mains.
Mehdi Khouch