La présentation officielle du Tour d’Espagne 2014 se déroulera seulement ce samedi 11 janvier, mais après que les grandes lignes du nouveau parcours aient fuité un peu partout sur la toile, c’est désormais le tracé entier de la Vuelta qui a été dévoilé par quelques sites espagnols, dont As et Biciciclismo. Après avoir essuyé un nombre incalculable d’arrivées au sommet alternant les véritables cols de montagne et les trouvailles locales des miradors à 25%, le parcours semble revenir petit à petit dans une norme raisonnable de huit arrivées au sommet, pour une dizaine sur le prochain Giro et six pour la prochaine Grande Boucle.

56 kilomètres de chrono devraient être au programme

Comme depuis 2010, c’est par un contre-la-montre par équipes que s’ouvrira le bal du Tour d’Espagne, qui aura lieu du Samedi 23 au Dimanche 14 septembre 2014. Le départ sera donné en Andalousie dans la ville de Jerez de la Frontera, connue pour ses vignes, célèbres dans le milieu. 12 kilomètres rapides et sans soucis qui pourront déjà faire une petite sélection, mais c’est toutefois beaucoup moins que les 27 bornes de l’an dernier en Galice, ou que les 17 de Pampelune en 2012. De plus, contrairement aux années précédentes, il n’y aura pas deux rendez-vous chronométrés mais un troisième le dernier jour, dans les rues de Saint-Jacques de Compostelle, qui accueillera l’arrivée, qui rompra avec la tradition du défilé madrilène. Si il pourrait s’avérer décisif, l’organisateur Unipublic et son homme fort Javier Guillén ont décidé de s’inspirer du modèle de l’effort solitaire court, à la manière du final du Tirreno-Adriatico, souvent très haletant, voire de l’Eneco Tour, afin de ne désavantager personne avec une distance de dix kilomètres.

Mais la Vuelta ne perd pas non plus ses – bonnes ? – habitudes avec son exercice contre-la-montre à mi-épreuve, lors de la dixième étape. 34,5 kilomètres devront être parcourus entre le Monastère de Veruela et Borja, avec l’Alto de Moncayo en début de parcours, qui plus est la même difficulté qu’à Tarazona en 2013 pour une distance approximativement similaire ! Si on est loin des nombre parfois affolants de kilomètres solitaires à effectuer sur un Grand Tour comme l’étaient les Tours de France des années 2000 avec des chrono par équipes de plus de soixante bornes, ou encore des 92 kilomètres du dernier Giro, le rapport de force sensiblement déséquilibré depuis 2012 risque peut-être bien de tendre à nouveau vers la normale et de tordre le cou aux critiques, estimant que la Vuelta relève de la course de côte pure et simple. Quand à la forme du tracé espagnol, il semble bien que les gros morceaux de la 69ème édition soient concentrés durant la troisième semaine, et cela à partir de l’avant-dernier week-end commençant le 6 septembre. Cinq des huit finish en altitude s’y dérouleront, alors que les sprinter auront probablement un champ d’expression plus large que la dernière tendance l’imposait. Pas moins de neuf étapes leur devraient être abordables, puisque les derniers kilomètres rebutants à cause des forts pourcentages seront en sensible diminution, afin de mieux concentrer le piment ibère dans les derniers jours ?

Un triptyque monstrueux et des difficultés homogènes

C’est à coup sur en troisième semaine que nous pourront assister à la grande bataille pour le classement général, mais si les arrivées au sommet sont en baisse, le spectacle sera pour sa part toujours présent ! Surnommé «El Angliru del Leon» , l’Alto de la Camperona est une montée inédite dans l’histoire du Tour d’Espagne qui devrait se révéler idéale pour marquer le coup au niveaux des écarts. Le cousin du monstre des Asturies est en réalité un peu moins homogène dans la souffrance et se rapprocherait du Cuitu Negru dans sa configuration, avec sept premiers kilomètres ne dépassant pas les 7% avant 3000 derniers mètres insoutenables, ou la pente ne descend jamais en dessous de la barre des 11%, atteignant parfois 22%. Mais une fois arrivé au sommet, il n’y aura nullement le temps de respirer, puisque la célèbre ascension irrespirable des Lagos de Covadonga sera remise une nouvelle fois au goût du jour, après les dernières victoires de Carlos Barredo en 2010 et d’Antonio Piedra en 2012. Enfin, le lundi, c’est à la Farrapona que le coureurs semblent se diriger, là ou Rein Taaramae avait fait sensation en 2011, sur une montée flirtant régulièrement avec les 10%, après avoir enchaîné avec l’abrupt Puerto de San Lorenzo, plus pentu que la montée finale. Trois journées clés condensées en un long et interminable week-end qui feront certainement le ménage, mais à part ça ?

La décision se fera progressivement, car le premier test ne devrait pas avoir lieu avant une neuvième étape de 168 kilomètres, se terminant à la station de sports d’hiver de Valdelinares, ayant vu la victoire de Roberto Heras en 2005. Une ascension marathon de 27 kilomètres en paliers et irrégulière, sans dépasser affoler les compteurs puisque le passage le plus rude se trouve à cinq kilomètres de la ligne, pour une pente de…7% ! Une deuxième explication test serait aussi prévue le lendemain du chrono, au sanctuaire de San Miguel de Aralar (10 kms à 8%) . Mais si l’on veut rassurer les fans d’une course débridée dès ses premiers jours, ils ne pourront se mettre sous la dent qu’un nombre peu démesuré de finals explosifs. Un sprint en faux-plat montant est prévu lors des troisièmes et septièmes étapes tandis que la seule dernière typiquement dessinée à la Purito est la sixième, se finissant à la Zubia.

Clairement, on peut dire que la Vuelta 2014 s’est recentrée sur un objectif précis, la montagne pure, et a délaissé ses dérives excessives qui faisaient débat, et c’est donc par l’ascension du Monte Castrove, sur les hauteurs de Pontevedra en Galice que le dernier Grand Tour de 2014 marquera son avant-dernière arrivée au sommet, mais qui devrait sourire aux puncheurs pour sa longueur relative – 6 kilomètres – et ses faibles pentes. Non, clairement, si personne n’a pris le pouvoir à 48H du dernier chrono de Saint-Jacques de Compostelle, et que le triptyque débouche sur une souris, la dernière possibilité pour un grimpeur pur redoutant l’exercice solitaire sera l’avant-dernière étape de cette Vuelta se terminant au sommet du Puerto de Ancares, un beau col ou Purito Rodriguez avait fait une démonstration en 2012. Aucune difficulté à part éventuellement le Castrove n’est mise en valeur plus qu’une autre, et on ressent une certaine homogénéité dans les volontés de l’organisattion. Et puis, il y aura toujours un petit plus au cas ou, avec dix kilomètres de chrono pour figer le podium, ou pour donner le vainqueur d’une Vuelta, quoi qu’on n’en dise, certainement plus ouverte et accessible sur le papier.

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