Peu de coureurs peuvent se targuer d’avoir remporter quatre courses en une semaine. Un sprinteur peut-être, de la trempe de Marcel Kittel sur le dernier Tour de France. Mais pour un puncheur, l’exploit est trop impressionnant pour le laisser de côté. Car Dylan Teuns, depuis dix jours, vole dans les murs.

La révélation d’un puncheur

Sur les deux étapes du Tour de Wallonie promises aux puncheurs, le Belge n’a pas failli. Mieux, il n’a laissé aucune chance à ses adversaires dans les bosses finales, en atteste sa formidable accélération sur la troisième étape pour aller chercher, presque facilement, le bouquet de la victoire. Mais si ses succès s’enchaînent depuis la semaine dernière, le jeune homme de 25 ans n’avait plus levé les bras depuis le Tour de l’Avenir en 2014. C’était lors d’une arrivée au sommet aux Carroz d’Arraches et il y avait devancé des futurs cracks, entre Alexander Foliforov, Miguel Angel Lopez, Pierre Latour ou encore Guillaume Martin. La preuve que le talent était là, mais qu’il a mis quelques temps à éclore au plus haut niveau. Son arrivée dans la formation BMC Racing Team ne l’a logiquement pas propulsé leader dès ses premiers tours de roues avec le maillot rouge et noir, mais travailler aux côtés de Philippe Gilbert ou Greg Van Avermaet ses qualités de puncheur, il y a pire comme école.

Le départ de l’ancien champion du monde chez les voisins de Quick-Step lui a donc ouvert une porte sur les ardennaises cette saison, qu’il a brillamment poussé sur la Flèche Wallonne. Derrière l’intouchable Valverde, Teuns avait su gérer une montée finale qu’il commence à connaître avec trois participations consécutives. Une progression remarquée qui allait donc l’amener à remporter sa première course professionnelle en Wallonie. Avant de tout de suite viser plus haut, synonyme d’une envie inébranlable d’aller de l’avant. « Et maintenant, je veux gagner en WorldTour », annonçait le Belge après sa semaine quasi-parfaite. Le puncheur de la BMC ne pensait sûrement pas qu’une semaine plus tard, son vœu allait être exaucé. Impressionnant par sa gestion de l’effort, il a su anticiper l’ultime accélération de Peter Sagan et s’est payé le luxe de savourer dans les derniers mètres.

Un amoureux des ardennaises

A cette facilité dans les Murs, Dylan Teuns y ajoute une passion. « Liège-Bastogne-Liège est d’ailleurs ma course de rêve », précise-t-il à la presse belge. L’homme de Diest l’a bien compris, c’est sur les courses d’un jour qu’il voit son avenir, et là devrait être sa priorité pour les années à venir. « Je ne laisserai jamais tomber les classiques ardennaises pour une épreuve par étapes, même si c’est le Giro. Je serai toujours là dans les classiques, comme je l’ai fait cette année. Je me sens capable de faire de bons résultats dans ces courses, d’y être meilleur chaque année. » Avec un Alejandro Valverde qui ne devrait plus dominer ces épreuves pendant de nombreuses années, il possède toutes les qualités pour viser la première marche du podium et un duel avec Julian Alaphilippe sur la prochaine Flèche Wallonne ne serait en aucun cas une surprise.

Alan Peiper, membre de l’encadrement de BMC, n’hésite pas à la comparer à Claudy Criquielion. « Il est complet, passe-partout, et je le vois résister dans les longues montées, » ajoutait-il lundi après son succès en Pologne. Flaté, Teuns garde les pieds sur terre et ne s’enflamme pas, même s’il ne verrait aucun inconvénient à avoir le même palmarès que son regretté aîné à la fin de sa carrière. Sa progression est en marche, et nul ne sait pour le moment où peuvent se situer ses limites. Un spécialiste des classiques ? Certainement. Un homme d’une semaine ? Il le prouve de jour en jour. Reste à savoir s’il aura la volonté et les capacités pour briller trois semaines. Mais là n’est visiblement pas la priorité du Flamand, qui sait désormais qu’il peut battre tout le monde dans les murs, où il sera à coup sûr la roue à prendre.

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