Les images de promotion du jeu Pro Cycling Manager sont superbes. Mais est-ce plus qu'une façade ? - Photo Cyanide
Les images de promotion du jeu Pro Cycling Manager sont superbes. Mais est-ce plus qu’une façade ? – Photo Cyanide

Année après année, la licence phare de Cyanide s’impose comme un incontournable du classement des jeux vidéos les plus vendus de l’été. Mais la réussite extraordinaire de Pro Cycling Manager, dont le nouvel opus sortira dans un peu moins de deux mois, ne doit pas occulter la part d’ombre grandissante qui entoure cette entité délestée de toute concurrence, et qui repose presque entièrement sur l’habileté des développeurs de la communauté qui, n’ayons pas peur de le dire, transforment en deux mois à peine, du plomb en or. Le tout sans en tirer le moindre centime…

Une version béta taxée 45€ ?

La décence, voilà une attitude bien étrangère aux producteurs de ce jeu qui sort chaque année infesté d’un nombre pharaoniques de bugs en tout genre. Avant la sortie du 3e patch, n’ayez pas l’espoir de commencer le mode carrière, ou même de lancer une simple étape : le trop traditionnel « PCM a cessé de fonctionner » vous ramènera sur terre instantanément. Comment le travail d’une année entière peut-il aboutir sur une telle déception ? Personne ne teste-il ce jeu avant d’oser le mettre en vente ? Ou n’en ont-ils strictement rien à faire de fournir un travail bâclé –qui comme par magie sera corrigé ultérieurement par un patch ?

Feu Steve Jobs, le créateur d’Apple, a longtemps été parodié comme ayant l’art de faire passer une simple mise à jour primaire pour une totale révolution. Cyanide a repris le principe, et l’a même amélioré. Quelques semaines avant la sortie du jeu, une série de captures d’écrans plus tape à l’œil les unes que les autres envahissent les actualités. Nos yeux ébahis par tant de beauté graphiques ne peuvent retenir leur impatience quand à l’idée de pouvoir contempler de nouveau cette merveille une fois en boite. Sauf que tout ceci, et on y est désormais habitué, n’est pas à la portée de tous. On ne sait quel bijou de technologie moderne est utilisé pour nous produire de telles images, mais force est de constater que le PC de l’utilisateur lambda passe pour une machine d’avant-guerre en comparaison ! Adieux les beaux coquelicots, les supporters en slips et la Grande Roue, place à des champs et quelques habitations, tout ce qu’il y a de plus banal. La masse ne profitera jamais de la révolution graphique devant porter ce jeu qui définitivement sonne creux.

Mais oublions les graphismes, et observons une nouvelle forme de promotion : l’amélioration de la fameuse Intelligence Artificielle appellée « IA ». Pour l’opus 2013, une grande nouveauté, l’apparition d’un redoutable système de fraîcheur qui influerait sur la récupération des coureurs et de la forme en course. Un système présent depuis 2006. Faites le calcul, 2006-2013 : oui, cela fait déjà 7 ans que le régime est déjà en place, et l’on prend encore les fans pour des idiots, prêts à tout avaler, à foncer vers le magasin le plus proche pour se procurer enfin cette avancée majeure présente depuis belle lurette.

Le besoin indispensable d’une concurrence

A coté de ça, l’attendu mode « Mon Joueur », réclamé par la communauté depuis des années, n’est pas à l’ordre du jour pour Cyanide, qui a « d’autres projets ». Toutes les simulations sportives de référence ont adopté ce mode qui semble indispensable, mais cela n’intéresse pas Pro Cycling Manager, un jeu décidément hors catégorie. Egalement souhaitée, la totale refonte d’un mode carrière qui évolue par touches minuscules sur la base d’un modèle dépassé depuis des années. On pourrait également parler de l’interface de course, plutôt bien agencée sur le 2008, encore tout à fait correcte sur le 2011, mais qui l’an dernier a brusquement laissé place à un brouillon illisible capable de désorganiser n’importe quel joueur chevronné. Encore une erreur à mettre à l’actif de la licence.

Enfin, il est important de noter l’excellent travail des concepteurs de databases et autres packs de la communauté, qui en quelques heures, arrivent à sortir une DB comportant les vrais noms des coureurs et des équipes, ainsi que leurs équipements. Indispensable pour compenser la faiblesse du nombre de licences possédé par Cyanide. Vers le mois d’août, les premiers packs, signés « Full Cycling Manager » ou « PCM Daily », viennent encore enrichir le contenu, avec des centaines de nouvelles courses, la présence d’équipes continentales, l’apparition des fameuses « variantes », indispensables pour vivre pleinement un mode carrière sur plusieurs années… Pro Cycling Manager, un jeu béta complété bénévolement par son importante fan-base, quelle ironie. Mais le pire dans tout ce cirque, c’est que sans l’apport d’une concurrence fiable, rien n’empêchera Cyanide de continuer à se reposer sur ses lauriers. Le jour où ce challenger débarquera, la maison PCM risque alors de connaitre un réveil difficile…

Louis Rivas


 

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