Pour la première fois depuis sa seconde place sur Paris-Roubaix en 2013, Sep Vanmarcke a terminé hors du top 6 d’une classique flandrienne World Tour. On pourrait presque passer sous silence cette 53e place sur le Ronde, ou invoquer la malchance. Sauf que les raisons de cet échec semblent se trouver bien ailleurs. Explications.

Mauvaise préparation et faible soutien

Sep Vanmarcke adore s’entraîner et courir peu avant l’approche d’un grand événement, il le confiait lui-même à la Dernière Heure il y a quelques mois : « Je n’ai pas besoin de courir beaucoup, je suis capable de m’entraîner efficacement. On peut souffrir autant à l’entraînement qu’en compétition. » Ce genre de discours ravirait la majorité des managers compte tenu de la difficulté à motiver les troupes à l’entraînement. Mais pour Vanmarcke, cette préparation a atteint ses limites. Depuis son arrivée chez Garmin en 2011, le Courtraisien a pris l’habitude de commencer sa saison au Tour d’Algarve ou en Espagne, avant de participer au Nieuwsblad et de partir ensuite en stage avant de rejoindre ses coéquipiers sur Tirenno. Il n’a jamais dépassé les 17 jours de course avant de s’aligner au départ du Tour des Flandres, un faible total. Cette saison, seul Stybar chez les favoris a opté pour un programme similaire, à l’exception près que le Tchèque a couru Milan-Sanremo. L’ancien vainqueur du Nieuwsblad n’a d’ailleurs jamais pris part à la Primavera, un choix qui avait déjà fait naître le scepticisme ces dernières saisons. L’épreuve italienne est en effet, de l’avis de tous les spécialistes, une bonne mise en bouche avant les flandriennes…

Tout mettre sur le dos de sa préparation serait pour autant réducteur, et il est impossible de passer sous silence la relative faiblesse de l’équipe Lotto NL, clairement incapable d’épauler un leader du pedigree de Sep Vanmarcke. Alors qu’il pouvait encore compter sur Lars Boom et Marteen Wynants l’année dernière, il se retrouve désormais bien seul. Pourtant, Vanmarcke a longtemps affirmé que le départ du Néerlandais n’était pas une grande perte. Mais si Boom n’était pas toujours enclin à aider son leader, leur présence conjuguée était dans les moments clés un atout aussi bien tactique que mental. Quant à Wynants, fidèle lieutenant par le passé, il est clairement sur le déclin, et son apport est incomparable avec celui qui était le sien au printemps 2014. Cet isolement rend alors irrémédiable le moindre coup de moins bien, comme a pu en connaître le leader de l’équipe Lotto NL dans le Taaienberg dimanche dernier. Trop esseulé, il est devenu un favori qu’il est facile d’éliminer en vue de la victoire.

Pression et manque de lucidité en course

Après l’annonce des forfaits de Boonen et Cancellara, toute la Flandre s’est retournée vers Sep Vanmarcke, désigné comme le digne héritier. C’est aussi ce qu’a fait l’équipe Lotto NL après le départ de Boom vers Astana. Le Flamand s’est retrouvé très attendu, un changement de statut qu’il a eu du mal à digérer. Il l’avouait d’ailleurs à demi-mot durant la trêve hivernale, il doit franchir un cap et enfin prendre le leadership que sa formation souhaite lui offrir. Mais la nouvelle idole des Flamands a parfois du mal à croire en lui. Cela se traduit d’ailleurs également en course, avec des choix tactiques souvent douteux. Pour espérer remporter ce Monument après lequel il court depuis trois saisons, il doit se perfectionner sur ce point, et apprendre à s’économiser. Si sa tendance à rouler sans calcul est agréable pour le spectacle, elle ne cesse de le plomber dans les finals, où il se retrouve en total manque de lucidité et de fraîcheur. C’était criant lors de Paris-Roubaix 2013 ou du Tour des Flandres 2014.

C’est difficilement reprochable à Vanmarcke, surtout quand on est parmi les premiers à se plaindre de l’attentisme des favoris ; mais le Belge est dans l’obligation de revoir sa tactique, ou de s’entourer d’un véritable capitaine de route capable de l’aiguiller dans ces grandes épreuves qui lui échappent pour le moment. Car l’offensive n’est pas forcément vouée à l’échec, Cancellara, Boonen ou quelques années plus tôt Museeuw nous l’ont montré. Mais le Courtraisien doit savoir lâcher les chevaux au bon moment, ce qui demande une science de la course qu’il ne possède pas encore. D’ailleurs, il assume pleinement son tempérament. « Je referais la même chose si on recourrait le Ronde 2014 demain. Je suis un vrai flandrien. Obligez-moi à attendre, à parier, à rouler avec ma tête, et je terminerai trentième. » Philosophie aussi louable qu’inefficace – pour le moment. Vanmarcke donne en effet l’impression, sur certaines épreuves, de courir tel un cyclo-crossman. Sauf qu’un monument ne se joue pas en une heure, mais en sept.

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