PLACE AU TOUR 6
Imitant Forest Gump lors de sa victoire à Boulogne, Sagan fera sûrement encore le show cette année – Photo Belga Mag

Maillot vert sur les Champs il y a un an, Peter Sagan revient sur le Tour et remet son titre en jeu. Principal favori à sa propre succession malgré une énorme pancarte, le Slovaque fait presque plus peur que sur l’édition précédente. Jamais rassasié, il pourrait profiter de cette centième édition pour rafler un nombre d’étapes impressionnant.

Une razzia en vue ?

Neuf en étant pessimiste, onze en étant optimiste. C’est le nombre d’étapes qui, sur le papier, peuvent convenir à Peter Sagan. Étapes de plaines ou légèrement vallonnées, on l’a vu l’an passé, il peut gagner partout. Avec la concurrence de Cavendish et Greipel, il avait dû partager, et avait certes terminé avec le maillot vert, mais sans plus de victoires que ses deux rivaux, les trois hommes comptant chacun trois bouquets une fois la ligne des Champs-Elysées franchie. Cette fois, Sagan espère donc faire mieux, marquer les esprits encore plus violemment, en empochant un maximum d’étapes. Malheureusement, contrairement à l’année dernière (à Seraing et Boulogne-sur-Mer), aucune arrivée en bosse n’est prévue pour cette nouvelle édition de la Grande Boucle. La majorité des étapes que peut donc légitimement viser le Slovaque devraient se terminer par un sprint massif où les purs sprinteurs auront leur chance. Plus que ses qualités de puncheur, celles de sprinteurs seront très importantes.

De quoi inquiéter le natif de Zilina à première vue. Mais seulement à première vue. Parce qu’en réalité, l’homme sait tout faire, et même si les derniers kilomètres sont totalement plats, il ne fera pas une croix sur de potentielles victoires. S’il préfère les arrivées en côte où il n’a véritablement aucun concurrent, les sprints « classiques » peuvent également lui convenir. Le plus bel exemple, on l’a eu sur le Tour 2012 justement. A Metz, sur une arrivée des plus rectilignes et plates de la Grande Boucle, le garçon de 22 ans était parvenu à aligner un André Greipel pourtant impressionnant de puissance. Bien emmener, le leader de la Cannondale est capable de tout. Et qu’il se rassure, des étapes casse-pattes sont aussi au programme, comme à Ajaccio, Albi, Saint-Amand-Montrond ou Lyon. Lors de ces journées, on imagine mal un autre sprinteur que Sagan franchir les difficultés proposées au peloton avec les meilleurs. Alors à moins qu’une échappée ne lui vole la vedette, ces étapes semblent promises à Tourminator.

Une pancarte sans conséquence

Alors évidemment, maintenant, le garçon est connu, et on se méfie de lui. Mais dans un sprint, pancarte ou non, c’est souvent le plus fort qui s’impose, à moins d’une erreur de placement. Avec une équipe qui lui sera encore plus dévouée que l’an passé puisque Vincenzo Nibali n’est plus là, Sagan peut donc être confiant avant le grand départ de Corse. Après un début de saison où il a conquis sa première classique tout en terminant deuxième de deux monuments, il a prouvé que les attentes ne le déstabilisaient pas. Véritable star de son équipe pendant trois semaines, on ne doute pas qu’il fera le show lors de ses victoires, comme ce fut le cas l’année dernière. Et il y a fort à parier qu’elles seront plus nombreuses, car en un an, le Slovaque a beaucoup appris. Moins impulsif, faisant plus confiance à son équipe, il est encore plus redoutable. Et après une première participation ponctuée d’autant de succès, on imagine que sa relative expérience l’aidera à monter encore plus haut.

Reste à savoir jusqu’où. En tout cas, on le voit déjà monter sur le podium à Paris pour célébrer un deuxième maillot vert de suite. Si tel était le cas, ce serait un nouveau record pour l’homme qui compte déjà douze victoires cette saison. Jusqu’ici, seuls Jan Janssen, Eddy Merckx, Sean Kelly et Erik Zabel avaient réussi à conquérir deux fois de suite ce Graal des sprinteurs avant la trentaine : le Néerlandais à 25 ans, les autres à 27. Pour Rambo, qui n’a que 23 printemps, ce serait donc historique. Et à plus long terme, Zabel a même du soucis à se faire pour un autre record : tout simplement celui du nombre de victoires au classement par points. Le Géant Vert est donc de retour sur les routes françaises, souhaitant troquer le plus rapidement son maillot de la Cannondale pour une autre tunique de la même couleur.

Robin Watt et Alexis Midol

>> Retrouvez tous nos articles de la saga “Place au Tour” en préambule de la centième édition en cliquant ici.


 

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.