Terrassé par Alberto Contador sur l’étape du Fuenté Dé lors du dernier Tour d’Espagne, Joaquim Rodriguez compte bien revenir en conquérant sur cette Vuelta 2013. Troisième à Paris grâce à une formidable remontée en troisième semaine du Tour, le Catalan désire exploiter sa forme du moment pour monter sur la plus haute marche à Madrid. Pour enfin décrocher ce grand tour qui semble se refuser à lui…

Une Vuelta tracée pour lui

C’était l’un des premiers constats établis à la simple lecture du tracé de ce Tour d’Espagne 2013 dévoilé le 12 janvier dernier : la voie semble dégagée pour Joaquim Rodriguez. Avec une abondance de onze arrivées au sommet, dont de nombreux miradors qu’il affectionne particulièrement, l’Ibère est servi. En plus d’une collection de pentes spectaculaires où il peut se targuer de ne pas avoir d’équivalent pour faire le spectacle, la physionomie des étapes de cette Vuelta lui est avantageuse, puisqu’à part l’étape marathon de Peyragudes, il n’y aura pas énormément d’enchaînements redoutables comme on peut en avoir à l’occasion du Giro ou du Tour de France. Place à des courses de côtes qui récompenseront les coureurs explosifs. Inutile aussi de rappeler l’immense talent du champion espagnol, auteur de deux malheureux podiums sur le Giro et la même Vuelta l’an passé, alors qu’on le voyait franchement remporter le graal. En cette année 2013, Rodriguez a mis une nouvelle fois le cap sur les classiques ardennaises, où le bilan fut mitigé en raison d’une blessure contractée pendant l’Amstel, avant de zapper le Giro pour tout miser sur la centième Grande Boucle. Le parcours lui étant pour une fois assez propice, il y nourrissait de grandes ambitions.

Bilan, une montée en puissance tout au long des trois semaines de juillet lui permettant de faire presque jeu égal avec un Chris Froome au dessus du lot dans les Alpes. Grillant les Belkin puis les Saxo pour le podium, il s’offre à nouveau un accessit majeur et est désormais monté sur le podiums de toutes les épreuves de trois semaines. Mais est-ce suffisant pour un coureur de sa trempe ? Rodriguez a incontestablement l’envie de faire mieux, et pour cela, rien de mieux que « sa » Vuelta. Lancé après son bel été, il veut finir la saison en trombe. Vuelta, Mondiaux de Florence et défense de son titre acquis en Lombardie, rien que ça. Mais c’est dans les cordes du Purito des grands jours. Survolté comme jamais à domicile, il pourrait bien faire le break dès les premières arrivées au sommet, comme celle du Monte da Groba ou du Mirador de Lobeira. Toutefois, attention de ne pas griller ses cartouches trop vite sur un parcours n’offrant aucun répit. Et même si la course sera longue, l’absence de long chrono plat avantage clairement l’homme de 34 ans.

Faire la course parfaite

L’an dernier, au terme du final dantesque du Cuitu Negru, le leader de la Katusha s’envole dans le dernier kilomètre. Alberto Contador et Alejandro Valverde n’arrivent pas à le décramponner malgré de multiples attaques, et, on imagine mal que le Barcelonais puisse s’écrouler. Mais l’impensable se déroula lors d’une étape, certes montagneuse, mais anodine. Signe qu’un grand tour n’est jamais joué à l’avance. Mais aussi d’une certaine faiblesse de Purito au moment de conclure… Déjà, lors du Tour d’Italie 2012, il était intrinsèquement meilleur grimpeur que Ryder Hesjedal, mais se contentait de lui reprendre quelques secondes par ci par là durant le dernier kilomètre de chaque arrivée au sommet. C’est ainsi que désormais, on pourrait réduire la tactique de l’Ibère par la simple appellation de la « spéciale Rodriguez », consistant à placer un démarrage hallucinant durant les derniers hectomètres d’une étape et de reprendre quelques secondes – voire d’empocher des bonifications. Toutefois, si cette option lui a souvent souri par le passé, elle lui a aussi valu quelques désillusions.

Pourquoi un coureur aussi à l’aise dès que la route s’élève ne s’emploie pas plus tôt dans les dernières ascensions ? En acceptant d’augmenter sa prise de risques en août dernier, il n’aurait, certes, pas été à l’abri d’un coup de bambou, mais aurait pu accroître grandement son avantage sur un Pistolero moins incisif que par le passé. A désormais 34 ans, le temps presse pour ce coureur qui n’a plus énormément d’années devant lui pour réaliser son rêve. Il n’a plus le droit à l’erreur, et se doit impérativement d’être vigilant chaque jour pour pouvoir espérer remporter cette Vuelta. On le répète à chaque fois qu’il s’aligne au départ d’un grand tour depuis plusieurs années, mais rien ne semble changer. Toujours victime d’un jour sans ou d’un retournement de situation dans les dernières journées, il faudra vaincre le signe indien qui lui fait face. Malgré tout, on a rarement vu Rodriguez aussi fort qu’en cette troisième semaine de la Grande Boucle. Après une coupure forcément nécessaire, le duel s’annonce donc épique. On espère aussi spectaculaire que l’an dernier. Lui espère surtout un dénouement plus heureux. Mais il va falloir faire plus qu’espérer, Purito n’aura pas le temps de fumer son fameux cigare. Ce titre qu’il poursuit depuis trois saisons déjà, il va falloir aller le chercher !

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