La première édition du nouveau Tour de Dubaï, importé par la société italienne RCS Sport, s’est clôturée en cette mi-journée, au pied du Burj Khalifa, le gratte-ciel le plus imposant du monde. Dans un lieu symbole de la démesure émiratie, l’épreuve s’est terminée, avec deux enseignements : Marcel Kittel ne s’est pas fait prier pour assumer son statut – nouveau – de leader mondial du sprint, et Taylor Phonney a rayonné en savourant sa victoire finale, bâtie en grande partie sur le chrono initial.

Un duel avorté avec Mark Cavendish

Ce premier Tour de Dubaï avait pourtant fait les choses en grand, réussissant à attirer les deux plus grands noms du sprint mondial avec Kittel et Cavendish. Le duel était donc annoncé, et annoncé comme le point culminant du nouveau rendez-vous oriental du début de saison. Finalement, de duel il n’y eu point. Hormis le préambule décisif du contre-la-montre urbain, où le teuton marquait déjà psychologiquement le terrain en le disputant à fond dans l’optique des bonifications, le sprinteur de Giant-Shimano n’a laissé que des miettes à ses adversaires. Se contenant même d’écœurer les quelques courageux ayant tenté leur chance à l’occasion de l’étape la plus corsée – contenant des petits raidards à 10% –, Kittel s’est imposé de différentes façons et peut déjà se targuer de posséder dès le mois de février un train minutieusement préparé. Impérial lors des deuxième et quatrième étapes, la machine néerlandaise s’impose progressivement comme ld successeur de la dynastie d’HTC, à l’époque ou Mark Renshaw n’avait plus qu’à gentiment s’écarter aux 200 mètres pour laisser passer Mark Cavendish. Ce même homme de l’Île de Man qui n’a pas semblé du tout dans son assiette tout au long de l’édition, accrochant une maigrelette place parmi les trente premiers lors de la deuxième étape.

Pire encore, si l’équipe Omega-Pharma Quick-Step paraît en jambes pour épauler ses sprinteurs, le Britannique s’est fait piéger dans des cassures mineures le dernier jour, et est resté scotché sur les bosses de « l’étape reine », lui qui est pourtant réputé plus adroit lorsque la route s’élève que son rival allemand. Après un Tour de San Luis qui ne l’a pas vraiment mis en confiance, battu successivement par Nizzolo et Modolo, et ayant laissé carte blanche à Tom Boonen, c’est son fidèle second Mark Renshaw qui a tenté de sauver les meubles au sein de la maison belge. Pourtant, la réputation de l’équipe OPQS n’est plus à faire, et on avait pris l’habitude de voir les hommes de Patrick Lefevere prolifiques en début de saison. En 2014, ils n’ont toujours pas gagné… Alors Cav‘ aura droit à un troisième galon d’essai à l’occasion du prochain Tour d’Oman, mais il sera fondamental de savoir ce qu’il a réellement dans le moteur. A l’heure actuelle, le flou persiste encore au niveau de la concurrence, et seul Kittel a déjà montré les crocs. Mais l’ancien champion du monde va devoir rapidement mettre les points sur les i pour ne pas se laisser dépasser définitivement.

Phinney concrétise enfin

A côté de ce pseudo-duel de sprinteurs, le principal heureux de cette première semaine de février est bien le jeune espoirs de la BMC, Taylor Phinney. Le natif de Boulder, frustré suite à son duel perdu face à Adriano Malori sur les routes argentines de fin janvier, a tenu à remettre les pendules à l’heure, et a sorti le grand jeu dans les rues de la capitale. En reléguant son dauphin – son coéquipier Stephen Cummings pour l’occasion – à 14 secondes, il s’est assuré une avance confortable que Kittel, même avec les bonifications, n’a pas pu combler. Egalement réputé pour sa pointe de vitesse au sprint, l’Américain a tenu avec brio le poids d’une course débridée et stressante, comme ce fut notamment le cas lors de l’arrivée à la Palm Jumeirah, où le garçon s’est permis de signer un podium au sprint derrière l’incontestable et un Sagan plutôt discret sur l’ensemble de l’épreuve. Alignant Tony Martin et Fabian Cancellara dans leur exercice de prédilection, Phinney repart de Dubaï avec sa première course par étape dans la besace, après avoir été placé de nombreuses fois sur l’Eneco Tour ou même au Qatar voisin.

Celui qui incarne la relève du cyclisme au pays de la bannière étoilée prouve qu’il se situe dans d’excellentes dispositions avant d’entamer le printemps, au cours duquel il se rendra non sans ambitions sur les classiques flandriennes. Gilbert et Hushovd inconstants, Ballan remercié récemment, Pinney prétendra – légitimement – au statut de leader de l’équipe BMC. Car au sein de la structure de Jim Ochowicz, les hommes forts pourraient être ceux qu’on n’attend pas, comme Cummings, deuxième du général final. Peut-être parce que la concurrence était faible, certes. Aux rayons des bonnes surprises, on trouve le jeune norvégien Lasse Norman Hansen, troisième du général. Enfin, si le plateau de l’évènement pouvait se targuer d’une portée internationale, les grands leaders se sont fait discrets, à part Rui Costa, qui a avoué s’être secoué afin de montrer le maillot irisé, conformément aux consignes. Il termine quinzième du général, deux places devant Vincenzo Nibali, tandis que les Valverde et Rodriguez sont beaucoup plus loin, respectivement 27e et 56e. Mais en réalité, peu importe. Le véritable feu d’artifice du Moyen-Orient est prévu dans quelques semaines, sur l’ascension de la Green Moutain du Tour d’Oman.

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