Les prestations françaises n’ont pour l’instant pas réussi à enthousiasmer le public sur ce Tour 2013. A la mi-parcours, le bilan est franchement mauvais : aucune victoire d’étape, des défaillances à répétitions, l’abandon de Nacer Bouhanni, et on en passe. Cependant, une flamme illumine encore le tableau obscur des espoirs français, et ce grâce à Jean-Christophe Péraud.

La valeur sûre dans l’ombre

Avant le début de la Grande Boucle, tous les observateurs attendaient beaucoup de Pierre Rolland et Thibaut Pinot, tous deux entrés dans le top 10 final l’année dernière. Personne n’osait alors évoquer le nom du vieillissant Péraud. Mais force est de constater que les respectifs leaders d’Europcar et de la FDJ.fr ont échoué dans leur quête d’une place au général. Après onze étaes, on note inéluctablement que là où la jeunesse fougueuse du maillot à pois et du protégé de Marc Madiot a échoué, l’expérience du leader d’AG2R La Mondiale réussit.

Le sympathique coureur toulousain, toujours dans l’ombre d’espoirs incertains, est pourtant souvent là pour représenter son pays, rarement défaillant. En témoigne sa régularité dans les grandes compétitions cette année : il a terminé 3e de Paris-Nice et 6e du Tour de Romandie et l’historique de sa carrière fait état de plusieurs tops 10 sur des courses d’une semaine. Sans oublier ce Tour de France 2011 que J-C est parvenu à boucler à la neuvième position. Même si l’essentiel de sa carrière s’est effectué sur les terrains escarpés et boueux du monde VTT, il a été immédiatement efficace sur la route, à l’instar d’un Cadel Evans. Pourtant, encore aujourd’hui et alors qu’il est la dernière chance tricolore de bon classement final à Paris, les médias ne parlent toujours pas de Péraud…

En réalité, les supporters français veulent voir émerger des nouveaux espoirs nationaux, capables d’enfin gagner le Tour. Du coup, évidemment, les caméras se tournent plus vers Thibaut Pinot, 23 ans, que vers Jicé, 36. Et pourtant, à la mi-course, le coureur de Vincent Lavenue est la seule satisfaction parmi de nombreuses désillusions ! Mais à cause de son âge avancé, le fait que Péraud soit le seul français encore placé au général ne rassure pas. Ce n’est pas lui qui représente l’avenir du cyclisme tricolore et c’est presque inquiétant de voir qu’il est la seule carte nationale pour cette deuxième partie de Tour de France. Pourtant, Péraud mériterait beaucoup plus d’attention malgré sa discrétion. Sans briller comme Froome, et sans attaquer comme Quintana, il se place dans le top 10 sans que personne ou presque ne s’en aperçoivent. L’ancien champion de France du chrono fait son chemin dans l’ombre, sans coup d’éclat mais avec régularité, dans un style qui n’est pas sans nous rappeler Haimar Zubeldia. L’année dernière, les journalistes ne s’en sont pas préoccupés, mais le Basque a terminé 6e à Paris.

Faut-il y croire ?

Le début de Tour du leader d’AG2R La Mondiale est très prometteur. Solidement épaulé dans les Pyrénées par le jeune Romain Bardet et le grimpeur confirmé John Gadret, Jicé n’a pas craqué et s’est accroché au groupe des leaders le plus longtemps possible, ne se mettant jamais trop dans le rouge et avançant à son rythme. Une façon de faire qui respire l’expérience et l’intelligence tactique. Cependant, peut-on croire à un top 10 du Toulousain sur les Champs-Elysées ? Il semblerait, mais difficile de l’affirmer tout de même. Le contre-la-montre de mercredi a permis à l’ancien champion d’Europe cross country d’intégrer les précieuses dix premières places du général, mais il aura fort à faire dans les Alpes et devra compter sur une forme impériale ainsi que des lieutenants solides. En effet, la concurrence est rude et il est difficile d’imaginer que Jean-Christophe parviendra à suivre Joaquim Rodriguez (11ème au général) par exemple.

Il aura donc besoin d’un peu de chance, de défaillances des valeurs les moins sûres du général comme Laurens Ten Dam (actuel 6ème) ou Rui Costa (actuel 9ème). Mais surtout, il va falloir que lui soit à la hauteur. Ses prestations en 2011 ont prouvé qu’il pouvait s’accrocher solidement à une bonne place au général mais celles de 2012 ont hélas montré une frilosité des résultats, et donc une grande incertitude à l’aube d’entamer une dernière semaine des plus rudes. Alors oui, il y a des raisons d’y croire mais tout peut aussi s’effondrer très vite pour le Haut-Garonnais et c’est pour cela que les jours qui arrivent seront capitaux. A commencer par le Mont Ventoux où Péraud aura à cœur de briller. Un 14 juillet, ça ne se boycott pas. Puis il faudra poursuivre les efforts jusqu’à Paris, et espérer que ça passe.

Pierre Martin

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