On aurait pu, par principe ou par habitude, chercher un nom parmi les coureurs français du peloton. Thibaut Pinot serait sûrement sorti vainqueur. Mais on a préféré récompenser Pauline Ferrand-Prevot, trop souvent oubliée et pourtant si omniprésente ces derniers mois.

Tout n’a pas été tout rose

Touchée par la grâce, Pauline Ferrand-Prevot avait enchaîné titre de championne du monde sur route puis en cyclo-cross, entre septembre 2014 et janvier 2015. A 23 ans, voilà qu’elle était déjà au sommet, ayant fait tomber de son piédestal une Marianne Vos archi-dominatrice depuis plusieurs années. Mais elle ne s’est pas arrêtée là, et début septembre 2015, elle est allée conquérir le titre mondial qui lui manquait, en VTT. Tenante du titre dans trois disciplines en même temps, la Française a simplement, en un an, réalisé ce que tout le monde pensait impossible. Quand certains lui préconisaient de ne pas s’éparpiller, lui assurant que la route et le cyclo-cross lui bouffaient déjà assez d’énergie, elle n’a rien voulu entendre, et a poursuivi son incroyable épopée. Une étape de plus dans son irrésistible ascension dans la hiérarchie des plus grandes cyclistes de l’histoire.

Mais si 2015 a rimé dans tous les sens avec maillot arc-en-ciel, l’année a livré à « PFP » son lot de galères. Son dos, notamment, l’a pas mal embêté à l’approche de l’été. Il lui a fallu plusieurs semaines pour véritablement retrouver ses sensations, et dominer à nouveau sa discipline. En solitaire, elle est ainsi devenue championne de France sur route pour la deuxième fois consécutive chez les élites. Puis moins d’un mois plus tard, elle a réédité une performance similaire lors des France de VTT, devançant sa première concurrente de plus de quatre minutes ! Une athlète comme il en existe peu, qui s’est aussi offert un succès d’étape sur le Giro. Mais une athlète qui a également connu le malheur d’une grosse blessure au genou, il y a seulement une dizaine de jours. Bilan ? Une saison de cyclo-cross qui s’envole, et un titre mondial qu’elle ne pourra défendre.

La frustration du Vélo d’Or

Pour autant, ces pépins ne suffisent pas à obstruer le reste. Ferrand-Prevot en 2015 a régné sur le cyclisme féminin comme elle avait terminé 2014. Seul hic, ce titre mondial qui lui a échappé à Richmond. Dans le groupe pour se jouer la victoire, elle n’a pu tirer son épingle du jeu. Mais qui lui en voudra ? Elle a cumulé, le temps de quelques semaines, trois maillots arc-en-ciel, et on a parfois l’impression que c’est passé inaperçu. « Triple championne du monde et pas Vélo d’Or 2015 ! Désolé, j’ai fait tout ce que je pouvais », écrivait-elle sur Facebook au moment des récompenses décernées par Vélo Magazine. Si une athlète féminine méritait bien de recevoir une telle distinction, c’était pourtant bien elle. Et c’était bien cette année. Mais parce qu’elle gagne énormément, on a tendance à oublier que “PFP” n’a que 23 ans. De quoi lui laisser le temps de prendre sa revanche sur les hommes, et de se rendre encore plus incontournable dans les années à venir. D’autant qu’en 2016, il sera question de titre olympique : le seul qui manque encore à Pauline Ferrand-Prevot.

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