Notre reporter Elise Chauveau a vécu deux jours sur les routes du Giro, les 20 et 21 mai dernier – à Oropa et Bergame. Elle nous raconte son expérience de l’intérieur, elle habituée des courses tricolores et qui découvrait pour la première fois la course rose.

Avant de partir pour un week-end sur le Giro, je ne savais pas à quoi m’attendre. Peut-être à un semblant de Tour de France. On m’avait dit que c’était quelque chose, mais je ne me rendais pas compte à quel point. Je me disais que cela ne pouvait pas être davantage que le Tour de France. Mais en fait, si, ça l’est.

Les tifosi partout, tout le temps

Alors que le premier départ de « mon » Giro prenait place dans un petit village de 995 habitants, je m’attendais à voir autant de monde que sur une course française de seconde zone. Je me trompais. Les Italiens s’étaient déplacés en nombre dans les petites rues escarpés et vallonnées du village. En France, la plupart des spectateurs du bord des routes ne connaissent que Thomas Voeckler ou les récentes têtes d’affiches sur le Tour de France, Thibaut Pinot ou Romain Bardet. En Italie, c’est différent. Les spectateurs connaissent les grands champions du monde entier mais surtout tous « leurs » Italiens.

Le moment de la signature, avant chaque étape, est ainsi symbolique. Sur le Tour de France, j’ai l’habitude d’entendre des applaudissements pour tous les coureurs, un peu plus pour les Français, mais rien d’impressionnant. Sur le Giro, avant même que le speaker ait prononcé le nom du coureur, le public s’exclame, crie, chante, tend des bras. Ils commencent tous à effectuer une ola et hurlent « VIN-CEN-ZO ! » lorsque Nibali apparaît enfin. Pas de quoi surprendre la presse italienne. Mais moi, j’étais épatée de voir autant d’amour pour un coureur.

Nibali, Maestri, même reconnaissance

D’ailleurs les tifosi savent les reconnaitre, que ce soit Vincenzo Nibali, Filippo Pozzato ou Mirco Maestri. Il m’arrivait de ne pas voir les coureurs arriver au loin, mais lorsque j’entendais les hurlements des supporters, je savais qu’un coureur était sur le podium, et que c’était un Italien. Les tifosi connaissent le vélo, sont fiers de leurs coureurs et le font savoir. C’était l’ambiance d’un stade de foot alors que nous étions simplement dans un petit village transalpin.

Sur le parcours, j’attendais impatiemment les coureurs aux côtés d’une couple d’une quarantaine d’années. Malgré la barrière de la langue, nous arrivions à communiquer et à parler de notre passion. Et une chose me surpris : le mari connaissait tous les coureurs italiens, c’est à dire l’intégralité de l’équipe Bardiani CSF comme de Wilier Triestina – Selle Italia. Et il les aimait tous ! « Ils ont tous autant de mérite », m’a-t-il dit. Epatant.

Les Italiens vivent vélo. Et le Giro est synonyme de grande fête. Tout y devient rose. Jusqu’au tuyau d’arrosage visible dans un jardin en bord de route. Tout le monde veut participer à la fête à sa manière. Il y a tellement de monde partout, même où on ne s’y attend pas, que je me suis cru dans un Alpe d’Huez géant. Le Giro est finalement à l’image de ses tifosi : démesuré.

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