Il y a un an, l’Américain venait à bout de Vincenzo Nibali et remportait la Vuelta à presque 42 ans, battant tous les records de longévité d’après-guerre. L’effet de surprise avait opéré. Mais aujourd’hui, s’il se pointera à Jérez en tant que tenant du titre, on a beaucoup de mal à imaginer Horner nous refaire le coup…
Ni frais, ni performant…
La saison 2013 de Chris Horner avait été très particulière, marquée par une longue période d’inactivité forcée de mars à août. Alors quand le natif d’Okinawa, au Japon, est arrivé au départ de l’ultime grand tour de l’année, il n’avait que quinze jours de course au départ, contre soixante deux pour celui qui s’avèrera être son unique rival, Vincenzo Nibali. Pour un quadragénaire, autant dire qu’une telle fraîcheur n’était pas anodine. Mais cette année, l’Américain a couru bien plus normalement : cinquante jours de course, un grand tour dans les pattes et une bougie supplémentaire de soufflée. Du coup, au départ de ce Tour d’Espagne 2014, il sera plus ou moins dans les mêmes conditions que les favoris annoncés, de Quintana à Rodriguez en passant par Froome, Uran et Valverde. D’ailleurs, rien qu’en énonçant ces quelques noms, on prend conscience que le plateau n’a rien à avoir avec celui de l’an passé. Mais c’est encore un autre débat…
Pourtant, le principal intéressé reste presque confiant. « Rappelez-vous qui j’ai battu en 2013 », a-t-il glissé récemment non sans un brin de malice. En effet, Nibali s’était cassé les dents sur Horner, alors même qu’il avait l’expérience (deux grands tours victorieux à l’époque) et la forme de son côté. De quoi nourrir l’optimisme du tenant du titre. « Franchement, peu m’importe contre qui je vais courir à la Vuelta ! Je suis ravi d’affronter Froome et Quintana », assure-t-il. Au moins l’état d’esprit est-il là, car sur le plan purement sportif, on a clairement du mal à croire en un nouvel exploit du quadra. En effet, jamais il n’a impressionné comme à la fin de l’été dernier. Abandonnant régulièrement en début de saison (Tirreno, Tour de Catalogne), loin d’être impressionnant par la suite (14e du Tour de Slovénie, 17e de la Grande Boucle), l’Américain n’a brillé qu’une fois : aux Etats-Unis, sur le Tour de l’Utah la semaine dernière.
Et si… ?
Mais on ne voudrait pas parler trop vite, car longtemps l’an passé, on voyait Nibali gratter le Ricain sur la fin. Et pourtant… Surtout que Horner lui-même y croit, et qu’on connaît son caractère. « J’aime l’Espagne, j’aime son atmosphère. Je suis excité ! », se tue à dire celui qui devra porter haut les couleurs de l’équipe Lampre. Sa deuxième place en Utah, justement, est peut-être arrivée au meilleur moment. Même s’il est toujours difficile d’enchaîner Tour-Vuelta après avoir joué le général en juillet, Horner y croit. Difficile alors d’enterrer définitivement un coureur qu’il y a un an déjà, on n’attendait pas… Parce que s’il nous a surpris une fois, le vieux bonhomme est capable de le refaire. Avec Cobo et Horner, la Vuelta a visiblement pris l’habitude de sacrer des coureurs inattendus. Cependant, il faut remonter à 2005 pour voir quelqu’un conserver son titre, avec Roberto Heras. Alors on veut bien ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais quand même. Horner ne devrait pas être en mesure de gagner la Vuelta cette année.
N’oublions pas qu’Horner était engagé sur le Tour de France en tant qu’équipier de Rui Costa, sa 17e place reste donc une bonne performance. Même s’il a été assez transparent cette saison, je pense qu’il peut nous réserver de belles surprises.