Malgré tout son panache sur l’étape de Formigal, Alberto Contador n’en a pas profité pour monter sur le podium. Il reste quatrième du classement général, juste derrière Esteban Chaves et devant Simon Yates, 26 et 24 ans, qui ne cessent d’impressionner en venant batailler avec Quintana, Froome et le Pistolero.

Il était venu là pour la gagne

Héros malheureux du dernier Giro, Esteban Chaves a décidé de calquer sa saison sur un doublé Tour d’Italie – Tour d’Espagne somme toute assez classique pour un coureur de sa trempe, encore en quête de perfectionnement. Bien qu’il fut tout près de damer le pion à Vincenzo Nibali, réveillé très tardivement dans les Alpes, le Colombien a adopté une réaction positive, et s’est mis en tête de venir conquérir son premier grand tour en Espagne. Sur un parcours très atypique, sans doute moins adapté à ses caractéristiques de grimpeur des hautes cimes, le miraculé du peloton s’est lentement mis en action, comme pour mieux attendre la troisième semaine. Placé au sommet du Mirador d’Ezaro, il n’a pas paru fringuant lors des premières grosses arrivées au sommet, que ce soit à La Camperona ou aux mythiques lacs de Covadonga, qui ont servi de tremplin pour son compatriote Quintana. Solidement installé dans le top 5, c’est sur les pentes de Peña Cabarga que le feu follet de l’équipe australienne retrouva ses meilleures jambes. Capable d’imposer des changements de rythme brutaux, c’est aussi lui qui pris quelques longueurs au maillot rouge dans les passages les plus durs du col d’Aubisque, samedi.

Alors revenu sur le podium, il n’imaginait probablement pas voir Contador, souffrant de l’état de son corps, dynamiter l’épreuve sur l’étape la plus courte de cette édition. Piégé, le voici à 3’57 du leader du maillot rouge Quintana. Mais en dépit de cette infortune, son retard sur Chris Froome s’est lui réduit. Dans la dernière montée du jour, hier, le double vainqueur d’étape en 2015 a trouvé les ressources pour cravacher, seul, et reléguer le Kenyan Blanc à près d’une minute. D’ici Madrid, deux arrivées au sommet sont encore au programme, et si la victoire au général relève pour l’instant de l’utopie, l’appui de son coéquipier Simon Yates, en pleine bourre depuis le grand départ, pourrait s’avérer déterminant pour conclure de la meilleure des façons.

Un peloton méconnaissable

Car s’il y a bien une chose qui marque cette Vuelta, c’est bien l’état de fatigue extrême des 164 coureurs encore engagés. Preuve en est, les échappées trouvent bien plus souvent la faille, et les audacieux brillent comme jamais sur les étapes dites de transition, aussi ouvertes qu’une semi-classique hors-catégorie. Vendredi dernier, le peloton à laissé plus de trente minutes de marge à un groupe d’une douzaine d’hommes, tandis que dimanche soir, c’est presque 90 retardataires qui sont arrivés hors-délais et ont frôlé la disqualification – avant d’être repêchés. L’humeur générale est plutôt donc au traînage de pieds. Résumons. Il suffit que quelqu’un déclenche l’initiative pour que tout s’affole, quand la majorité du peloton subit volontairement. Et heureusement pour le duo Chaves-Yates, l’équipe Orica fait partie de celles qui osent et peuvent opter pour un gigantesque coup de poker d’ici le prochain week-end.

Avec deux bouquets au compteur, ceux de Yates et Keukeleire, les Australiens n’ont plus qu’à terminer aux sommets du général pour une Vuelta parfaitement réussie. Très motivé, Chaves cherchera forcément à signer un doublé colombien sur la Plaza de Cibeles. Mercredi, l’arrivée est sèche, et même si elle n’est pas précédée de difficultés qui pourraient lui permettre d’anticiper, il devra tenter de faire des écarts avant le chrono de vendredi. Histoire d’exploiter au maximum les faiblesses de Froome et de terminer sans regret, samedi, sur la dernière grosse étape montagneuse, qui s’achèvera en haut de l’Alto de Aitana. La Sky aux abonnés absentes lorsque les choses se décantent en première moitié de course, pas sûr que la course à la victoire soit si naturellement terminée. En brûlant sans cesse les étapes, Chaves pourrait bien réaliser l’improbable, à condition d’essayer. Les pré-requis sont réunis pour lancer le dernier assaut.

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