Il y a exactement un an, Vincenzo Nibali se présentait à Leeds pour le grand départ du Tour de France avec peu de références dans la musette. Des classiques ardennaises mi-figue mi-raisin et un Critérium du Dauphiné mitigé n’étaient pas là pour le servir au moment de citer les principaux favoris pour la gagne à Paris. Mais c’est bel et bien au fil d’une montée en puissance incontestable que le Sicilien a réussi à déjouer tous les pronostics, et ce dès la première semaine. Alors, bis repetita cette année ?
Pourquoi on peut y croire
Il adopte le même schéma victorieux que l’été dernier. Actif au Dauphiné avec une belle chevauchée sur la route de Villars-de-Lans, Nibali s’est ensuite caché dès que la haute montagne s’est présentée, avant de revenir en grâce sur ses championnats nationaux. Après avoir conquis le maillot « Tricolore » une première fois, le « Squale » a prolongé son bail en domptant la colline turinoise de Superga, attaquant d’abord ses adversaires dans une descente, puis les larguant définitivement dans les pentes les plus sévères. Mentalement et physiquement, le leader d’Astana est fin prêt. Et ce grâce à un programme de courses et d’entraînement mûrement réfléchi lors de l’hiver, qui a déjà prouvé son efficacité. Sûr de ses forces, Nibali pourrait faire parler sa fraîcheur face à un Contador sortant du Giro, ou un Froome souvent en délicatesse lors des étapes pièges.
Tout ne se jouera peut-être pas en haute montagne. Même si la part de grimpette de ce Tour de France 2015 peut en faire rêver plus d’un, attention à ne pas se focaliser exclusivement sur les étapes pyrénéennes ou alpestres. À l’image du Tour 2014, ASO a conservé une formule proposant des étapes proches des célèbres classiques lors de la première moitié de Tour. Il faudra frotter dès le départ des Pays-Bas, mais aussi savoir franchir le Mur de Huy, et surtout passer les pavés du Nord de la France. Nibali y avait donné un véritable récital l’an passé, et sera cette fois accompagné de Boom, vainqueur d’étape à Arenberg il y a un an justement. Il bénéficie donc d’ores et déjà d’un vrai avantage psychologique sur ses rivaux, qui se souviendront inévitablement de leurs récentes frayeurs voire de leurs douloureux abandons sur ces pavés.
Un collectif quasi inchangé à ses côtés. Sur les huit hommes qui seront alignés à ses côtés sous les couleurs d’Astana, six ont déjà connu l’expérience triomphale de la dernière Grande Boucle. Seuls Lars Boom et Rein Taaramae seront novices dans la formation kazakhe, qui a conservé ses principaux équipiers de luxe pour le grand objectif de l’année. Si les armadas Sky, Tinkoff voire Movistar peuvent paraître impressionnantes sur le papier, surtout lorsqu’il faudra imprimer un train d’équipe dans les cols, Astana n’a rien à leur envier. Scarponi, Fuglsang, Kangert et Taaramae forment un tout très costaud. Et même quand elle paraît intrinsèquement inférieure, l’équipe d’Alexandre Vinokourov trouve toujours les moyens de mettre en échec ses concurrentes. Le dernier Tour d’Italie l’illustre parfaitement.
Pourquoi on ne peut pas y croire
Contador, Froome et Quintana, cela commence à faire beaucoup. En ramenant le maillot jaune sur les Champs-Elysées l’an passé, Vincenzo Nibali est rentré dans le cercle très fermé des vainqueurs des trois Grands Tours, en compagnie par exemple d’Eddy Merckx, Felice Gimondi, mais aussi d’Alberto Contador. Or l’ancien coureur de la Liquigas n’a jamais remporté la moindre épreuve de trois semaines lorsque le Pistolero était sur sa route, sauf abandon de l’Espagnol. Pire encore, cette statistique se confirme quand on étudie les rapports sportifs qu’il entretient avec Chris Froome et Nairo Quintana. Difficile donc de l’imaginer aligner la triplette en question en haut de l’Alpe d’Huez, ou encore au Plateau de Beille. La combativité ne fait parfois pas tout, et il lui sera impératif de montrer un autre visage que ceux affichés au Dauphiné ou en Romandie pour espérer l’emporter.
Plus personne n’a fait le doublé depuis Indurain. Exception faite d’Armstrong, qui s’est vu retirer ses sept victoires consécutives, et de Contador, déclassé en 2010, aucun coureur n’a réussi à remporter la Grande Boucle deux fois d’affilée depuis Miguel Indurain, quintuple vainqueur de 1991 à 1995. Compliqué, donc, de penser que Nibali puisse réussir un doublé historiquement difficile. Cadel Evans, vainqueur en 2011, partait dans la même optique à la mi-2012, mais s’était finalement complètement écroulé, au profit de son coéquipier van Garderen. Les statistiques, une fois de plus, ne sont pas en sa faveur…
Est-il obsédé par un nouveau sacre ? Il l’avait lui même dit après sa victoire, Vincenzo Nibali a atteint le sommet de la carrière de tout cycliste professionnel en s’adjugeant la course jaune. En ayant également déjà connu la gloire sur son Tour national, il ne lui manque plus que la gagne sur un Monument et éventuellement un titre de champion du Monde pour prétendre à mieux. Or, les joutes du printemps ne semblent plus l’attirer autant qu’auparavant, et l’événement de fin septembre ne l’a jamais vraiment tenté. Au fond, Nibali, c’est un peu le reflet de la transformation d’un romantique du cyclisme, prêt à tout pour aller cueillir de beaux succès, au réalisme méticuleux. Est-il convaincu de pouvoir l’emporter ? Ses premiers coups de pédale devraient s’avérer décisifs.
Il peut gagner si Froome, Contador et Quintana tombent tous les trois…Sinon c’est mort.
Même s’il gagne 2 min sur les pavés – et c’est bien le max possible sans chute de ses rivaux compte tenu des équipiers qu’ils ont – une minute sur le reste de la première semaine et qu’il ne perd rien sur les deux CLM, ce sera trop juste.
Pierre Saint-Martin, plateau de Beille, Pra Loup, la Toussuire et l’Alpe d’Huez ça fait trop pour lui par rapport aux trois grimpeurs fous.
james
Je ne suis pas d’accord avec toi vous sous-estimez trop Nibali qui dès que l’occasion se présentera, tentera sa chance, on verra bien…
Tant mieux si vous n’êtes ps d’accord ça fera matière à débat !
J’avoue qu’il y a aussi un peu de rancoeur parce que je préfère nettement le Nibali d’avant 2014 qui jouait la gagne de février à octobre à celui qu’on a depuis deux ans, qui fait le mort jusqu’au championnat d’Italie et qu’on ne revoie plus après Tour.
Vous avez peut-être raison. S’il fait une première semaine parfaite, s’accroche ensuite de tout son talent au jaune, il ne sera pas si facile de lui reprendre.
Il est en train de faire un parcours à la Gimondi, immense champion avec un palmarès plus que respectable mais qui a eu le malheur de courir en même temps que Merckx. Gimondi a trois Giro, un tour de France, une Vuelta et un championnat du Monde mais il a très rarement battu Merckx, se contentant de miettes
Nibali ne gagnera pas le tour(sauf chutes,abandons) il est inférieur aux 3autres gros en montagne. De plus je ne trouve pas Astana si impressionante que ça, scarponi vieillissant, tarame c’est fantomas depuis 2ans environ(un bon tour et plus rien ou presque. Kangert je suis sceptique sur son niveau depuis 2ans Bref en montagne, hormis fuglsang scarponi sans doute. Nibali sera un peu esseulé dans les moments clés vs sky movistar tinkoff
« taramae »
Nibali apparait comme le moins bon grimpeur des quatre grands favoris dans un Tour qui privilégie (trop à mon goût) les arrivées au sommet. Mais l’homme est opportuniste et son équipe expérimentée. Je le vois bien surprendre un jour l’un de ses trois rivaux et lui prendre 2 minutes. Mais piéger les trois….
Nibali prendra surement du temps à ses adversaires dans la première semaine notamment sur les pavés. Il est surement inférieur à Froome et à Quintana en montagne et je dirai supérieur à Contador que j’ai vu se faire humilier par Landa.
Quintana et Froome au sommet de leur art peuvent lui prendre au moins une minute dans chaque étape de montagne.
Je pense qu’il faut pas sous-estimer contador. Déjà il dit qu’il s’est pas encore remis de son giro (ce qui en contador veut dire qu’il est bien) alors que le jour où il dit qu’il est bien on sait qu’il aura pas les jambes.
De plus je pense qu’il sera un niveau au dessus sur le tour si il a bien prévu son programme de course. Vu la différence de niveau entre ses adversaires au giro et au tour (même si il a du être surpris par landa).
Ses 2 chutes au giro ont surement entamer sa récupération même si elles n’étaient pas si graves que ca donc si il évite les chutes en 1ère semaine il sera sans doute moins entamé en 3ème semaine.
Contador comme Nibali et à l’inverse de Froome ou Quintana n’attend pas forcément le dernier col pour lancer la course et surtout peut attaquer n’importe quel jour. Il est intraséquement moins bon grimpeur que Fr et Qu mais peut faire basculer la course 1 autre jour (vuelta 2012, étape 18 de ce giro) comme nibali. D’ailleurs on pourrait se retrouver avec une alliance objective de ces 2 coureurs sur certaines étapes pour esseuler les autres leaders et attaquer de loin. D’ailleurs ce sont aussi les 2 meilleurs descendeurs du lot notamment sous la pluie.
Pour moi c’est un peu le même modèle avec nibali qui passera mieux les pavés et contador un peu au dessus en haute montagne
Contador a géré au Giro, il n’a pas été humilié par Landa, il la dominé plutôt. Il devait se débrouiller seul en plus. Il a gagné le Giro tout seul.
Baboutox
Je suis d’accord avec vous, Contador est un grand champion, il peut attaqué même très loin de l’arrivée, s’il a une bonne équipe, et que avec Quintana et Nibali, ils peuvent dynamiser la course s’il le veule, la Sky n’aime pas les attaques de loin…