Parce que les Colombiens font rarement comme les autres, Nairo Quintana n’a pas mis les pieds sur le Dauphiné, ni sur le Tour de Suisse. Il a opté pour la Route du Sud, où il n’aura vraisemblablement pas de concurrence. Un choix qui peut surprendre.

Deux mois de sevrage

Entre la fin du Tour de Romandie, le 1er mai, et le départ de la Grande Boucle, le 2 juillet, Quintana n’aura croisé aucun de ses rivaux de l’été. Bien sûr, il en aura profité pour se reposer – en Colombie – et revenir assez tranquillement à la compétition. Mais difficile, malgré tout, d’arriver rassuré au Mont-Saint-Michel, dans moins de trois semaines, en n’ayant pu se confronter qu’à des coureurs comme Sepulveda, Arroyo ou Jeannesson, qui ne joueront pas dans la même cour que le leader de la Movistar sur les routes du Tour. Quand Froome, Contador ou Porte ont pu se rassurer sur le Dauphiné, qu’Aru et Pinot se sont rendus compte du travail à accomplir avant juillet, l’enfant de Tunja arrivera sans certitude, malgré une probable victoire dans la besace.

Il aurait pu en être autrement si Quintana avait trouvé ne serait-ce qu’un rival à sa mesure sur la Route du Sud, comme il y a un an lorsque Contador était aussi de la partie. Mais si les organisateurs pourront s’enthousiasmer de sa présence, le principal intéressé n’a bien qu’une chose à y gagner : la tranquillité. « Cette course me permet de reprendre sans pousser mon corps à la limite », a-t-il expliqué à Cyclingnews. L’argument est recevable pour ceux qui sortent du Giro et qui veulent enchaîner avec le Tour sans trop gaspiller d’énergie. C’était le cas, l’an passé, de Contador. Mais Quintana n’a plus couru depuis presque un mois et demi. Après un début de saison efficace mais pas trop chargé, il aurait sans doute pu se permettre une semaine de course en World Tour. En 2015, il avait pris le départ de la Grande Boucle avec 36 jours de course dans les jambes. Aujourd’hui, il n’en compte que 28.

Le changement comme leitmotiv

Mais Nairo Quintana n’a qu’un but : gagner enfin le Tour de France. Partout, il en parle comme d’un rêve. « Quand j’ai démarré le vélo, je disais à mes amis que je voulais gagner le Tour un jour, et ils se moquaient de moi », a-t-il raconté, toujours à Cyclingnews. Après deux deuxièmes places, et un maillot jaune auquel il n’a pas encore pu goûter, il fait donc tout pour forcer le destin. En 2013, il n’avait plus couru de courses par étapes après le Pays-Basque, se contentant du triptyque ardennais. Changement de programme l’an dernier, et donc encore cette année – plus légèrement toutefois – pour le Colombien, visiblement persuadé qu’une première victoire à Paris passe par une préparation plus optimale, et donc différente.

Rester en Colombie le plus longtemps possible, pour profiter des effets de l’altitude, et revenir simplement pour reprendre le rythme avant le Tour, voilà donc le plan de 2016. Pendant que Froome conserve ses habitudes, à savoir gagner le Dauphiné trois semaines avant la grande messe de juillet, Quintana innove. Mais à Paris, un seul pourra dire qu’il a fait le bon choix. Pour Eusebio Unzué, il ne fait aucun doute qu’il s’agira de son protégé. « Cette année, nous allons voir un Nairo encore plus fort et déterminé », a-t-il assuré à Velonews. Mais ça, on ne pourra le vérifier que dans les premiers cols du Tour. Car avant, il sera impossible d’évaluer Colombien par rapport à la concurrence.

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