Avant le grand chambardement officialisé par la venue d’anciennes grandes pointures du cyclisme mondial pour 2015, l’équipe MTN-Qhubeka aurait continué son ambitieux projet, à savoir de développer le cyclisme dans les pays défavorisés du continent africain, par le biais de jeunes têtes d’affiches prometteuses, couplées à d’expérimentés capitaines de route européens. Elle avait surpris tout le monde avec la résurrection momentanée de Gerald Ciolek à Sanremo en 2013, et en 2014, elle s’est petit à petit faite une place parmi le gratin mondial, en obtenant notamment une invitation sur la Vuelta. A l’heure où certains crient au sabordage d’un projet suscitant l’enthousiasme général à ses débuts, quels éléments doivent être retenus en priorité d’une saison parfaitement transitoire ?

Trois raisons d’être satisfaits

Les promesses de Louis Meintjes. Ce jeune sud-africain semble définitivement porter l’étiquette du plus grand espoir en son pays. Pur grimpeur, ce petit gabarit – – a montré bien des choses tout au long de la saison, dont ce solide Tour du Trentin. Essayant d’aller décrocher une victoire d’étape de prestige pour son équipe, il s’est frotté aux Evans, Pozzovivo, Aru, Wiggins… Également sacré champion national sur route, il a participé à son premier monument, la «Doyenne» , ainsi qu’au Tour de Suisse, continuant son apprentissage. Par la suite, il y a bien évidemment eu le grand moment de toute sa formation, à savoir le Tour d’Espagne, l’un des trois Grands Tours historiques, où il fut surtout question de montrer le maillot, mais non sans objectif. Cinquième en haut de la très raide Camperona et présent dans la plupart des bonnes échappées montagneuses, il aura conclu une belle saison qui en laisse entrevoir bien d’autres !

Merhawi Kudus progresse. Un autre jeune grimpeur issu de l’autre côté de la Méditerranée, et plus précisément de la Mer Rouge. L’Erythréen Merhawi Kudus fait désormais partie des grimpeurs que l’on suit régulièrement dans les courses des divisions inférieures, dont le Tour du Langkawi, l’ayant vu prendre la deuxième place du général, ou encore le Tour de Turquie. Mais c’est bien en juin, sur la Route du Sud, qu’il s’est révélé en se classant au cinquième rang, en ayant fait forte impression sur l’étape reine du Val-Louron, terminant avec Rogers et Valverde. Lui aussi faisait partie du voyage en Espagne, mais la discrétion était de mise. À vingt ans, rien d’affolant…

Sergio Pardilla qui fait parler son expérience. Ayant maintenant atteint la trentaine, l’ancien coureur de Carmiooro mais surtout Movistar a réalisé une saison satisfaisante, après le semi-échec de 2013. Spécialiste des courses par étapes, il a brillé à peu près partout où il était présent, notamment sur ses terres. Douzième de la Ruta del Sol, cinquième du Tour de Burgos dominé par Quintana, et en point d’orgue une dix-septième place à la Vuelta. Sans oublier un bon Tour de Suisse, il a porté les jeunes pousses de MTN dans leurs domaines de prédilection, à savoir les terrains plus ou moins escarpés. Pourtant, il n’a pas été conservé, et n’a pas retenu l’attention d’une World Tour. Retenu par Caja Rural, ce sera une perte non négligeable.

Trois raisons d’être déçus

L’inconstance chronique de Gerald Ciolek. L’an passé, ce fut l’une des plus grandes surprises de la saison. Alignant Peter Sagan sur le Lungomare, en plus d’un compteur de victoires revu à la hausse sur bon nombre de courses continentales, 2014 a été un stop de plus malgré le nouvel élan insufflé par sa nouvelle formation, peut-être plus adaptée à sa mesure. Transparent sur la Vuelta, qui devait lui permettre de renouer avec le gratin du sprint mondial, il n’a levé les bras qu’à une seule reprise, et c’était au Tour d’Andalousie. Pour le reste, il a bien essayé de défendre sa couronne sur la Primavera en prenant la neuvième place, mais n’a pas pesé sur la tournée des semi-classiques allemandes, au cœur d’une seconde moitié de printemps décevante. En passant par Dunkerque, la Norvège, la Bavière et le Tour de Suisse, il a accumulé les déceptions, au point de se faire doubler en interne par le prometteur Sbaragli. On est très loin de la constance attendue depuis longtemps.

Imitée par son compatriote Gerdemann… L’ancien maillot jaune du Tour de France 2007, vainqueur au Grand-Bornand, n’a jamais justifié les énormes attentes placées en lui. Son arrivée dans la formation de Douglas Ryder avait tout d’une tentative de relance, et après une année de passée, on peut légitimement tirer le bilan, qui se révèle purement et simplement raté. Le garçon est-il condamné à gagner l’étape reine du Tour d’Azerbaïdjan, comme ce fut le cas en mai dernier, ou a signer des placettes au Gabon sur la Tropicale Amissa Bongo ? On a presque de la peine pour l’Allemand de 32 ans, qui s’est vu offrir un point de chute, et plutôt violente, chez Cult Energy. Les temps sont durs…

La stagnation de certains africains. Si les précoces Meintjes, Kudus et Grmay sont les leaders de la nouvelle génération qu’on tente d’emmener vers les sommets, d’autres espoirs désignés ont explosé en vol. Daniel Teklehaimanot n’a jamais été au niveau attendu, tout comme l’Algérien Youcef Reguigui. Enfin, Jacques Janse Van Rensburg ne s’est jamais montré proche du niveau de son frère Reinardt, qui rejoindra d’ailleurs le navire MTN cet hiver. Si certains progressent de manière linéaire, d’autres, eux, stagnent franchement. D’où l’idée de faire venir du sang neuf avec Boasson Hagen, Goss, Farrar, Pauwels mais encore Cummings ?

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