Daniel Moreno a réalisé une saison assez incroyable pour un coureur censé n’être qu’un lieutenant. Parce que le Madrilène est presque aussi fort que son leader, Joaquim Rodriguez. Malgré tout, d’un commun accord avec Rodriguez, il demeure son fidèle équipier, celui qui est toujours là pour l’épauler et le mener à la victoire. Si Purito est l’un des meilleurs coureurs du peloton, c’est donc en partie grâce à son ami. Moreno raconte à la Chronique du Vélo la relation entre les deux hommes, en restant très humble, comme toujours.

« Je pourrais être un adversaire de Purito, mais je n’en ai pas l’envie »

Moreno, c’est presque le clone de Rodriguez. Le coureur de 32 ans, lui aussi passé par la Caisse d’Epargne il y a quelques années, possède les mêmes qualités que son leader. Puncheur incroyable, comme en atteste sa victoire sur la Flèche wallonne, il sait aussi grimper avec beaucoup d’aisance, sa cinquième place finale sur le Tour d’Espagne 2012 est là pour nous le rappeler. Et ce ne sont là que les principaux faits d’armes d’un homme bien trop souvent dans l’ombre. Qui pourtant, a beaucoup aimé ces quelques moments de liberté. « Cette saison a été très bonne, comme celle de l’an dernier, analyse le natif de Madrid. J’ai gagné l’une des courses dont je rêvais le plus avec la Flèche wallonne, et les deux étapes de la Vuelta ont été de grandes victoires par la manière dont je les ait remportées. » Pourtant, Dani ne court pas après la reconnaissance et le leadership. Pour 2014, il assure vouloir « rester aux côtés de Purito et avoir des opportunités quand c’est possible. » En ajoutant « comme toujours », démontrant encore une fois son bonheur dans ce rôle.

Pourtant, cela paraît évident, le garçon pourrait être un rival de Rodriguez s’il décidait de changer d’équipe, et d’avoir à son tour des équipiers autour de lui. Une hypothèse à laquelle il préfère ne pas penser : « Il est clair que je pourrais être un adversaire de Purito, mais je n’en ai pas l’envie », affirme Moreno. Avant d’avancer, comme pour se justifier, que de toute façon, le début de saison ne lui est jamais favorable. « Je souffre toujours beaucoup du froid, et ensuite, à la période du Giro, j’ai des problèmes d’allergies. » Il anticipe alors le débat autour d’une participation au Tour d’Italie, tandis que Rodriguez choisit régulièrement un enchaînement Tour-Vuelta. Il faut donc lui parler d’une retraite de son ami afin que le rôle de leader soit libre pour qu’il confie enfin que ça lui ferait plaisir. « Si c’était le cas, je serai ravi d’être le leader de Katusha. L’équipe a fait de moi un grand coureur, alors pourquoi pas être le leader dans quelques années. »  Un homme très fair-play, qui a toujours souhaité aider Rodriguez. Qui plus qu’un leader, est son grand ami.

« Avec un simple regard, nous savons quoi faire »

Il fallait donc bien cette amitié des plus fidèles pour que la relation entre un lieutenant aussi fort et son leader demeure au beau fixe, comme c’est le cas entre les deux Espagnols. Entre les deux coureurs, celle-ci est donc très intense, et encore plus quand la victoire est au bout. « Vous nous verrez toujours, une fois la ligne franchie, dans une explosion de joie. Cela fait des mois que nous travaillons ensemble (en fait des années, ndlr), et le jour de la course, avec un simple regard, nous savons exactement quoi faire. Une victoire signifie donc que nous avons parfaitement réalisé notre travail. » Alors, Moreno rend-il Rodriguez meilleur ? Forcément un peu, et même s’il est modeste, le Madrilène s’explique : « Je lui suis d’une grande aide durant la course, également d’un point de vue mental. Dans le final, dans sa tête, il n’est pas à 100 % mais à 120 %. » Mais dans l’autre sens, alors ? « Si je serais meilleur sans Rodriguez ? Je ne sais pas », répond l’intéressé. Une pirouette supplémentaire ? Non,  juste une nouvelle preuve que le garçon aime son statut actuel, et n’a pas spécialement envie que cela change.

Parce que celui qui a été formé au sein de la formation Relax s’estime à sa place, et s’en satisfait. Au sein du peloton, il est parvenu à acquérir l’importance qu’il mérite. « On forme un grand duo, et désormais, dans tous les finals de courses, on est respectés. » Du coup, Moreno, en 2014, sera encore très souvent aux côtés de Joaquim Rodriguez, pour l’aider à glaner de nouvelles classiques, et peut-être, enfin, un grand tour. Pourquoi ne pas tenter sa chance sur les épreuves que le Catalan ne court pas ? Car « il serait stupide de perdre ce rapport qui existe entre nous », explique-t-il justement. Et parce que le garçon n’a pas non plus à se plaindre. Sa relation privilégiée avec son leader a sûrement joué un rôle lorsqu’au pied du Mur de Huy, pas au mieux, Purito a donné carte blanche à Moreno, qui s’en est allé gagner. Un cador qui ne tire pas toutes la couverture à lui, c’est de plus en plus rare ! Alors Moreno lui rend la pareille, même si lorsqu’on lui parle de gagner la Vuelta, il ne se retient pas. « C’est évidemment l’un des mes objectifs. Ma condition physique et mentale y est toujours au mieux. » Et bien on lui souhaite cette victoire, mais d’ici deux ans. Avec un peu de chance, Rodriguez aura raccroché, et Moreno sera sacré juste avant sa propre retraite. Parce que c’est bien aussi, les histoires qui se terminent bien…

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