Derrière Contador, Porte, Aru et Uran, depuis l’abandon de Pozzovivo, on avait du mal à imaginer un coureur se distinguer. Finalement, sur les deux arrivées au sommet de cette première semaine, un homme s’est bel et bien immiscé parmi le quatuor : Mikel Landa. On ne l’attendait pas, et cela pourrait presque poser problème pour son leader Fabio Aru.

2015, comme une éclosion

Chez Euskaltel, il y a quelques années, Landa était considéré comme l’un des plus grands espoirs du cyclisme espagnol. Sauf qu’il n’a jamais réellement confirmé les attentes placées en lui, quittant l’équipe basque fin 2013 avec le statut d’un grimpeur encore incapable de tirer son épingle du jeu sur les grandes épreuves. Mais Astana lui a permis de franchir un palier, et après avoir appréhendé son nouvel environnement la saison passée, il explose véritablement depuis quelques mois. Destiné depuis le début de saison à épauler Aru sur le Giro, il a eu le temps de se mettre en confiance par des résultats de haute volée. Vainqueur au sommet du col d’Aia sur le Tour du Pays-Basque, il a enchaîné au Trentin, terminant deuxième des deux étapes phares et du classement général. Meilleur que son coéquipier Cataldo sur l’épreuve italienne censée préparer la course rose, il s’est imposé comme le lieutenant d’Aru en vue du mois de mai.

Depuis une semaine, c’est donc lui qui, au sein de l’équipe Astana, doit accompagner le plus longtemps possible le leader transalpin en montagne. Et autant dire que les deux étapes montagneuses qu’a proposé le Giro jusqu’alors ont permis au Basque de confirmer sa très grande forme. D’abord sixième à Abetone mercredi, seulement battu par les échappés, Contador, Porte et Aru, Landa a fait encore mieux ce samedi vers Campitello Matese, échouant à quelques secondes d’Intxausti et Reichenbach pour la victoire d’étape. Des performances qui tranchent avec la précédente expérience de Landa sur la course rose, puisqu’il avait terminé à une anecdotique 34e place l’an passé, n’entrant qu’une seule fois dans le top 20 d’une étape. « Je n’ai jamais été aussi fort », confiait le natif de Murgia après sa première victoire en World Tour au Pays-Basque. Et on le croit volontiers.

Un problème pour Aru ?

Un coéquipier aussi costaud que Landa sur cette première semaine du Giro, ce devrait être une bénédiction pour le leader de l’équipe Astana. Mercredi, vers Abetone, il a d’ailleurs permis de calmer les ardeurs de Contador. Capable de suivre l’attaque du Madrilène presque aussi bien que Porte et Aru, il a ensuite imprimé un gros tempo et emmené le trio jusqu’au sommet sans que le Pistolero ne puisse replacer de banderille. Cependant, ce samedi, le scénario fut bien différent, et prête au débat. Sachant Contador diminué physiquement, Aru avait prévu d’attaquer, pour tester et peut-être faire craquer son rival. Sa première accélération, à cinq kilomètres du but, était d’ailleurs très tranchante. Mais Landa, placé dans la roue de son leader, s’est lui aussi dressé sur ses pédales pour suivre l’Italien, aidant ainsi Contador, Porte et Uran à recoller.

Si l’actuel maillot blanc n’est pas parvenu à faire le trou qu’il espérait, c’est donc en grande partie à cause de son coéquipier. Pourtant, ses concurrents ne semblaient pas très à l’aise, de quoi nourrir quelques regrets. Anticipant les plus forts pourcentages pour faire la différence, Aru a donc vu sa tentative échouer, et s’est par la suite montré incapable de rééditer un tel effort. Landa, lui, ne semblant pas concerné par la bataille dans laquelle était impliqué son leader, a attaqué à son tour pour aller chercher la victoire d’étape. Finalement troisième, il ne lève pas les bras mais empêche Aru de prendre quelques secondes de bonifications. Sur la montée de Campitello Matese, l’Espagnol a donc tout faux. Au lieu d’aider son leader, il a été plus coriace que tous ses adversaires. Chez Astana, il va donc falloir mettre les choses au clair. La hiérarchie ne souffre d’aucun doute, et Landa doit s’y faire.

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