Après une saison qui a sonné comme celle de la révélation, Mikel Landa a décidé de tirer un trait sur son expérience avec Astana. Destination une autre équipe axée sur les grands tours, la Sky. Où il espère trouver une place plus importante.

Une bonne idée, pour Robin Watt

Au sein d’une équipe Astana à forte consonance italienne, l’Espagnol Mikel Landa n’avait pas la considération qu’il mérite. 2015 l’a révélé comme un coureur capable de titiller les meilleurs sur les grands tours, mais son staff ne lui a pas laissé exprimer tout son potentiel, notamment sur le Giro. Le fait que le leader désigné Fabio Aru soit italien n’y est sans doute pas étranger. Alors l’ancien grimpeur d’Euskaltel a joué les gregario sur la course rose, alors qu’il a parfois semblé meilleur que son leader, et il a remis ça sur la Vuelta, permettant à la nouvelle star transalpine de décrocher son premier grand tour. Un statut qui a de quoi l’irriter. Or, s’il n’arrive pas à passer devant Aru dans la hiérarchie, Landa ne pourra pas rivaliser avec Nibali, qui pour sa part a carte blanche sur le Tour. Pour pouvoir disputer des épreuves de trois semaines dans d’autres conditions, l’Ibère n’avait donc pas d’autre choix que de partir.

Sky, dans ce sens, est une bonne destination. Numériquement, Landa va y remplacer Porte, et s’il obtient le même statut que l’Australien, alors il aura tout gagné. Sans doute réquisitionné pour aider Froome en juillet, il devrait avoir sa chance – avec personne pour le gêner – sur le Giro. Au contraire, il pourrait même compter sur l’aide de Beñat Intxausti et Mikel Nieve, deux de ses anciens coéquipiers chez Euskaltel. Dave Brailsford le considère comme l’un des meilleurs grimpeurs du peloton, et à 25 ans, il a vraisemblablement les épaules pour assumer un rôle de leader sur certaines épreuves. Contrairement à d’autres, qui prennent des risques en rejoignant l’armada Sky, Landa a donc tout à gagner. La formation britannique a besoin d’un coureur de son talent, et lui va pouvoir progresser au cœur d’une structure perfectionniste au possible. Sur le papier, c’est gagnant pour tout le monde.

Une mauvaise idée, pour Théo Sorroche

Mikel Landa part certes d’une équipe où il n’était « que » numéro 3 pour devenir numéro 2 dans l’une des meilleurs formations du peloton. Mais avec l’arrivée de l’ancien champion du monde Michal Kwiatkowski et la progression linéaire et ininterrompue de Geraint Thomas, cette place de leader bis n’est en réalité pas assurée. Quelques soient les promesses faites lors des négociations. La marge de progression du Polonais dans les courses à étapes parait bien plus grande que celle de Landa. L’équipe britannique a toujours fait progresser les coureurs aux gros moteurs, les bons rouleurs, pour en faire de vrais funambules des montagnes. Les exemples sont légions, de Wiggins à Thomas en passant par Froome ou Kennaugh. Landa, lui, est déjà très affuté, et possède des qualités de grimpeurs indéniables. Or le Team Sky n’a jamais fait progresser ce type de coureurs déjà affirmés. L’analogie est flagrante avec des coureurs comme Lopez ou, davantage encore Mikel Nieve, son ancien équipier à Euskaltel. Ses deux compatriotes stagnent depuis leur arrivée sous les ordres de Dave Brailsford. Sans oublier Leopold König, auteur d’une première saison mitigée, même s’il a terminé 6e du Giro.

Si Landa est venu chez Sky pour progresser, dans l’espoir de devenir au-delà d’un excellent grimpeur, un champion, il s’est peut-être trompé. Enfin, Richie Porte, que Landa remplace numériquement, a toujours joué le rôle de « larbin » pour Christopher Froome sur le Tour de France. Il est difficile de penser que Landa fera à sa guise Giro et Vuelta, alors que Nieve, Kwiatkowski et Thomas se prépareront uniquement pour soutenir le double vainqueur de la Grande Boucle sur les routes françaises. L’Espagnol aura certainement un rôle à jouer dans la conquête d’un troisième maillot jaune. D’autant plus que si sa carrière a explosé l’an dernier, il lui faudra confirmer cette saison. Enfin, compte tenu de la stratégie Sky ces dernières années, il semble difficile de penser que l’ancien grand espoir du cyclisme ibérique deviendra, un jour, le fer de lance de l’armada d’outre-manche. La préférence nationale devrait le supplanter à chaque fois. Si Landa veut un jour gagner la plus grande épreuve cycliste du monde, le Tour de France, il faudra partir. Alors pourquoi ne pas avoir choisi une place de leader dans une autre équipe dès cette année? Un manque d’ambition, une réelle envie de progresser ou une vanité mal maitrisée? Si c’est stratégique, heureusement pour l’armée que Landa n’a pas choisi une carrière militaire.

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