Sagan, Contador, Nibali, Degenkolb, les gros mouvements n’ont pas manqué depuis l’ouverture du marché des transferts. Mais à presque deux mois de sa clôture, c’est déjà le calme plat. La plupart des effectifs pour 2017 sont bouclés, et les coureurs qui restent sur le carreau commencent à s’inquiéter.

Démarchage ou petite annonce

Chaque hiver, une flopée de vieux briscards, la trentaine bien sonnée voire un peu plus, attendent jusqu’aux dernières semaines de l’année pour signer un contrat. Rebellin, Mancebo, Pellizotti, Horner ou Kolobnev font partie de la cuvée 2016, sans que cela ne surprenne grand monde. Mais quelques autres noms interpellent. Tom Van Asbroeck, espoir flamand des dernières saisons, est à la recherche d’une équipe. Comme Blel Kadri, Riccardo Zoidl ou Egor Silin. C’est la dure loi du marché. Quand certains décident donc de patienter avec optimisme, d’autres veulent prendre les choses en main. Et pour tenter de forcer le destin, c’est à chacun sa technique. Chris Horner, qui restera dans les livres d’histoire comme l’homme qui a gagné la Vuelta à 41 ans, est allé lui-même proposé ses services à Brent Copeland, directeur général de l’équipe Bahrain-Merida, qu’il avait connu chez Lampre. Pour malgré tout se voir présenter une fin de non recevoir. « Nous étions en contact, mais lorsque vous construisez une équipe, vous ne pouvez pas prendre tout le monde », a justifié Copeland à la Gazzetta dello Sport. Tant pis pour le quadra.

A seulement 22 ans, Fredrik Ludvigsson a lui opté pour une autre communication, en passant une petite annonce sur Twitter. « Toujours sans contrat pour 2017. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez a besoin d’un coureur solide, merci de me contacter », a lâché le Suédois, glissant au passage son adresse mail. L’hiver dernier, il avait été impliqué dans l’accident de l’équipe Giant-Alpecin à l’entraînement, lors duquel lui et cinq de ses coéquipiers avaient été renversés par une voiture et sévèrement blessés. Un épisode qui l’a empêché de décrocher des résultats cette année et qui lui fait remettre en question sa carrière entière. « Le problème maintenant, c’est qu’il est tard dans la saison, expliquait-il ces derniers jours à Cyclingnews. Je suis vraiment abattu et si je ne trouve pas d’équipe, j’arrêterai sans doute ma carrière. Ou alors je prendrai une année sabbatique et j’essaierai de revenir en 2018… »

Inégalités de marché

En complet décalage avec ces galériens du peloton, capables de coups d’éclat mais jamais véritablement sur le devant de la scène, certains s’en sortent bien mieux. Joaquim Rodriguez, 37 ans, devait arrêter sa carrière au terme de son aventure avec Katusha. Finalement, il a annoncé comme tombé de nulle part qu’il allait poursuivre une année, chez Bahrain-Merida. « Ma décision de quitter le monde professionnel a toujours été ferme », précise pourtant aujourd’hui le Catalan. Mais Brent Copeland, pour lui, a su faire l’effort nécessaire. Sortir le chéquier et assurer à Purito un rôle au sein de l’équipe au-delà de son contrat de coureur. Preuve que remporter un grand tour n’assure en rien de perdurer dans le vélo, parlez-en à Horner. Preuve, aussi, que le marché des transferts n’est pas toujours rationnel. Il reste donc un peu moins de deux mois aux actuels laissés pour compte dans leur quête au contrat. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : il y aura des déçus.

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