En ces derniers jours de l’année 2014, les derniers ajustements ont lieu sur le marché des transferts. Mais entre la recherche in extremis d’une voie de secours ou encore les dernières transactions salariales, la majorité des équipes professionnelles ont déjà repris l’entraînement, et réalisé quelques stages de pré-saison. L’occasion de découvrir les nouvelles couleurs de certains, et de se pencher sur les mercatos particulièrement réussis de l’intersaison.
Tinkoff-Saxo : Intenable sur la scène médiatique, Oleg Tinkov est passé aux actes en coulisses en sortant de sa veste un chéquier des plus conséquents. Non satisfait d’avoir dans ses rangs “El Pistolero” – ainsi qu’une solide armada autour du spécialiste espagnol des Grands Tours – , l’homme d’affaires s’est attaché les services de “Tourminator”. L’inclassable phénomène slovaque avait l’embarras du choix en raison de la fusion de l’équipe Cannondale avec la Garmin, mais n’a que très brièvement hésité avant de s’engager dans l’équipe co-dirigée par Bjarne Riis. La venue de Peter Sagan est bénéfique en tout points pour une formation Tinkoff en manque de leadership sur les classiques, et orpheline de ses coureurs par étapes le reste du temps. Amenant également dans ses valises un double vainqueur du Giro, en la personne d’Ivan Basso, la venue du natif de Zilina a insufflé une dynamique de grande qualité dans le recrutement effectué, comme en témoigne la venue de Robert Kiserlovski. Comme d’autres, le solide croate est appelé à progresser dans un cadre particulièrement propice. Ce n’est pas pour rien qu’en conférence de presse, Sagan a déclaré que « l’an prochain, nous serons vraiment imbattables. »
Les arrivées : Ivan Basso, Maciej Bodnar, Pavel Brutt, Robert Kiserlovski, Juraj et Peter Sagan.
Les départs : Karsten Kroon, Marko Kump, Nicolas Roche, Nicki Sörensen, Rory Sutherland.
Sky : Victime des nombreux pépins de ses têtes d’affiches durant la saison 2014, l’équipe britannique Sky compte bien partir à la reconquête du trône mondial, sur lequel elle s’était confortablement installée depuis 2012. Confrontée à la baisse de régime de ses doublures pourtant modèles ces deux dernières années, comme Richie Porte ou Sergio Henao, la structure managée par Dave Brailsford a renouvelé ses arrières, et sans doute gagné au change. En débauchant des garçons capables de tirer leur épingle du jeu en bénéficiant d’un statut de leader dans n’importe quelle autre équipe du World Tour, le train Sky ne sera que plus redoutable en 2015 ! Enfin, dans l’espoir de remporter la première grande classique de leur courte histoire, arrivent Lars Petter Nordhaug et Elia Viviani, dont on attend le franchissement d’un palier supplémentaire aussi bien dans les sprints que sur les courses d’un jour.
Les arrivées : Andrew Fenn, Leopold König, Lars-Petter Nordhaug, Wout Poels, Nicolas Roche, Elia Viviani.
Les départs : Edvald Boasson Hagen, Dario Cataldo, Joe Dombrowski.
Astana : Déjà très présente sur les précédents marchés des transferts, le team Astana est arrivé à ses fins l’été dernier en remportant le Tour de France avec son nouveau poulain, Vincenzo Nibali. Arrivé dans l’équipe kazakhe il y a deux hivers en provenance de Liquigas, l’italianisation du collectif s’en est logiquement suivie, et tend à se poursuivre. De nouveaux gregarios figurant parmi les petits papiers du Requin de Messine en personne ont ainsi été recrutés, à l’image de Dario Cataldo, Davide Malacarne ou encore le jeune Diego Rosa. Un mercato résolument tourné vers la montagne et les courses par étapes du calendrier de l’élite, à l’exception du Néerlandais Lars Boom, spécialiste des pavés du Nord. Un domaine négligé par la bande à Alexandre Vinokourov ces dernières saisons, et qui se trouve donc un nouveau chef de file, mais qui risque bien d’être esseulé si l’on enlève le nouveau venu Laurens De Vreese. Car avec dix arrivées, Astana s’est aussi séparée de neuf coureurs, tous sprinteurs à l’exception d’un Janez Brajkovic mal en point. Le défi pour 2015 sera d’installer une suprématie à long terme.
Les arrivées : Maksat Ayazbaev, Lars Boom, Dario Cataldo, Laurens De Vreese, Bakhtiyar Kozhataev, Miguel Angel Lopez, Davide Malacarne, Diego Rosa, Luis Leon Sanchez, Rein Taaramae.
Les départs : Janez Brajkovic, Enrico Gasparotto, Francesco Gavazzi, Jacopo Guarnieri, Evan Huffman, Fredrik Kessiakoff, Maxim et Valentin Iglinskiy, Dmitriy Muravyev.
IAM Cycling : L’équipe suisse aurait pu monter en World Tour en décembre dernier, mais ne l’avait pas souhaité, laissant de manière éphémère sa place au team Europcar. Née au début 2013, cette structure s’élève progressivement au niveau des meilleures, et avait déjà frappé un grand coup l’an passé en recrutant Sylvain Chavanel, non conservé par Quick Step. Cette fois, pas de nom particulièrement ronflant au sein des nouvelles têtes, mais un assemblage de talents qui se complètent et qui assurent à IAM une profondeur d’effectif qui leur avait souvent posé problème jusqu’à aujourd’hui. En remerciant les éléments un peu plus décevants, tels Johann Tschopp et le fraîchement retraité Löfkvist, IAM a décidé de se renforcer dans les terrains escarpés, en recrutant par exemple le prometteur Thomas Degand, Jérôme Coppel, et des hommes d’expérience comme Dries Devenyns. Des jeunes talents feront également leur apparition sous le maillot d’IAM Cycling. Les Pantano, Enger, Pellaud et Chevrier seront très attendus.
Les arrivées : Clément Chevrier, Stef Clement, Jérôme Coppel, Thomas Degand, Dries Devenyns, Sondre Holst Enger, Jarlinson Pantano, Simon Pellaud, David Tanner, Jonas Van Genechten, Larry Warbasse.
Les départs : Sébastien Hinault, Kévyn Ista, Dominic Klemme, Gustav Larsson, Thomas Löfkvist, Johann Tschopp.
Cofidis : La structure nordiste nous avait jusque là malheureusement habitué à des mercatos probants mais décevants au moment de tirer les bilans. Tout porte désormais à croire que la direction de l’équipe Cofidis veut retenir la leçon de ses échecs passés. En réalisant un virage à 180° dans la politique de recrutement, exit les grimpeurs et autres puncheurs stagnants. L’arrivée d’un seul homme, Nacer Bouhanni, vainqueur du classement par points du Tour d’Italie, a tout conditionné, et c’est une révolution interne qui est appelée à se mettre en marche. Tout pour le sprint, et les classiques dont le Vosgien rêve tant, quitte à se séparer de figures historiques comme Taaramae ou Le Mével. Un choix alléchant, mais qui se doit d’être réfléchi pour éviter de nouvelles déconvenues.
Les arrivées : Jonas Ahlstrand, Nacer Bouhanni, Steve Chainel, Loïc Chetout, Dominique Rollin, Stéphane Rossetto, Geoffrey Soupe, Anthony Turgis, Kenneth Vanbilsen, Michael Van Staeyen.
Les départs : Jérémy Bescond, Edwig Cammaerts, Jérôme Coppel, Julien Fouchard, Egoitz Garcia, Christophe Le Mével, Romain Lemarchand, Guillaume Levarlet, Stéphane Poulhiès, Rein Taaramae.