On peut parler de début de saison idéal pour l’Australien Michael Matthews. Reprenant la compétition dimanche sur les routes du Paris-Nice, après avoir délaissé son habituelle tournée hivernale au pays, le coureur de 24 ans a ouvert son compteur après seulement quatre jours de course. L’efficacité semble de rigueur à la veille d’un printemps qui pourrait compter beaucoup plus que d’habitude pour l’ancien enfant prodige de la Rabobank.

L’ “Aussie” s’est enfin trouvé

Simple confirmation de ce que l’on avait déjà pu observer en 2014, Michael Matthews a enfin clarifié ses objectifs et développé un profil de puncheur-sprinteur. Après des débuts remplis d’égarement, entre la tentation de la piste, du contre-la-montre et surtout celle des sprints massifs, très attrayante pour les jeunes de son âge à qui on promet généralement un avenir doré, Matthews s’est concentré autour des sprints rendus compliqués par un final costaud, généralement en petit comité. Mais ce n’est pas tout. Arrivant à maturité, les premières années infructueuses au niveau comptable ont sur de véritables panoplies de bouquets, et il n’est pas rare de le retrouver se mêler à la lutte pour la victoire face à de vrais grimpeurs, comme en haut du Mont Cassino, sur le Giro 2011, où il bat Wellens et Evans après un final chaotique. Maillot rose pendant sept jours et vainqueur d’étape sur deux grands tours en 2014, Matthews a véritablement franchi un palier, sur lequel il devient fondamental de rebondir afin de déployer les capacités décelées très tôt chez lui.

Et pour le moment, c’est bien parti. Huitième du prologue de Maurepas, où il ne faisait que tester ses jambes, il est progressivement monté en puissance dans la traversée des plaines du Centre de la France, pour débouler en tête du faux-plat montant de Saint-Pourçain-sur-Sioule devant des garçons en plein ajustement en vue de Milan-Sanremo, à l’instar Kristoff, Degenkolb, Rojas ou Bouhanni. Explosif et puissant, Matthews ne cherche plus à rivaliser en vitesse pure, et met ses coéquipiers à contribution sur des étapes un peu plus vallonnées, avec les classiques en ligne de mire. C’est pourquoi la deuxième moitié de sa Course au Soleil sera intéressante à suivre. S’il ne s’immiscera pas parmi les favoris dans le Col de la Croix de Chaubouret, l’étape pour sprinteurs-baroudeurs vers Rasteau ainsi que le toboggan niçois conviennent sur le papier à celui qui s’est imposé en haut du repecho d’Arcos en Espagne. Ce test sera d’ailleurs crucial à dix jours de la Primavera, d’autant plus que l’équipe Orica ne nourrit aucune ambition au classement général. Nouveau et sans doute éphémère maillot jaune de l’épreuve, le maillot vert pourrait rester un petit peu plus de temps sur ses épaules s’il le cible en tant que tel.

Un leadership à saisir sur les classiques

Mais ce qui tente surtout bien plus Michael Matthews, ce sont avant tout les classiques qui se profilent. Bien que n’ayant jamais disputé Milan-Sanremo en tant que leader, et partant avec deux expériences loin d’être retentissantes, celui qui a remporté une étape du Tour du Pays-Basque l’an passé s’est positionné pour obtenir un leadership actuellement vacant au sein de la formation australienne. L’indéboulonnable Simon Gerrans connaît effectivement un début de saison noir, marqué par une fracture de la clavicule qui l’a obligé à faire une croix sur le Tour Down Under, puis récemment par une autre au coude sur les Strade Bianche. Les Monuments semblent donc très compromis pour le leader naturel de l’équipe, ce qui laisse ouverte sa succession en interne. Car ce qui s’apparente à une mauvaise nouvelle pour ses dirigeants pourrait constituer un gage de liberté sur les plus grandes courses d’un jour pour un coureur complet qui s’y retrouverait bien à son aise. Deuxième de la Flèche Brabançonne, douzième de l’Amstel et quatorzième des Mondiaux de Ponferrada en 2014, Matthews a prouvé sa capacité à absorber les kilomètres et les bosses. De quoi nourrir des ambitions légitimes.

De plus, débarrassé d’un autre ex-vainqueur de Milan-Sanremo, à savoir Matthew Goss, Matthews n’aura personne pour le gêner sur la mythique épreuve italienne. En décembre dernier, Matthew White, manager général d’Orica, élevait même son poulain au rang de favori au micro du Sydney Morning Herald. “Michael peut gagner Milan-Sanremo, c’est une course qui lui correspond bien. Ce sera son premier grand objectif, avant la fin du mois d’avril, qui le verra se préparer pour le Tour d’Italie où le but sera le même que l’année dernière, à savoir gagner le contre-la-montre par équipes et essayer de garder le maillot de leader le plus longtemps possible.” White pousse même la comparaison avec son mentor d’entraînement, Gerrans lui-même. “Michael et Simon sont vraiment similaires, et je trouve que cela nous est bénéfique. Dans le cas d’un face-à-face avec Peter Sagan, si nous avons deux gars comme eux dans le final, ils forment alors une combinaison fatale pour leurs adversaires.” Si d’ici là Gerrans retrouve son meilleur niveau, il est même prévu que le duo soit aligné au départ du Tour de France. En attendant, Matthews va devoir prouver qu’il est lui aussi capable de mener la barque Orica sur le long terme.

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