FRANK
Mathias Frank, maillot jaune sur le dos, est parfaitement entouré par ses coéquipiers de la BMC – Photo BMC Racing Team

Du vent tessinois de Quinto à la redoutable montée vers Crans-Montana, le classement général du Tour de Suisse a commencé à prendre forme. Et à défaut d’écarts significatifs, certains coureurs ont pris un réel ascendant psychologique, à l’instar du local Mathias Frank. Porter le maillot jaune était un objectif affiché pour le coureur de la BMC, mais tout le monde se demande désormais s’il va le conserver jusqu’au bout…

Une consécration pour l’équipier modèle ?

Mathias Frank est avant tout un équipier important au sein du dispositif rodé de la BMC, misant alternativement sur Cadel Evans et Tejay Van Garderen lors des courses à étapes. Au même titre qu’Ivan Santaromita ou Amaël Moinard, le Suisse est un garçon qui fait son travail sans rien demander en retour. Mais depuis quelque temps, certains  observateurs ont remarqué les qualités non-négligeables de Frank, lui permettant de briller lorsqu’on lui en laisse la possibilité : ce pourrait être sur ce Tour de Suisse. En progression constante, il a toujours été proche de son meilleur niveau sur son tour national. Bon grimpeur, il avait déjà pris une honorifique sixième place lors de la très relevée édition de 2011, après une douzième l’année précédente. A 26 ans, on attendait de l’homme de Roggliswil qu’il franchisse un pallier en 2013, et pour l’instant il ne déçoit pas. Depuis la rentrée argentine à San Luis, il ne cesse de se montrer sur différents terrains, et peut se targuer d’avoir eu un rôle prépondérant dans la victoire de Tejay Van Garderen sur le Tour de Californie.

Quatrième du général, il s’est un peu plus imposé parmi les siens et le voilà propulsé leader du Tour de Suisse, aussi bien installé sur le podium qu’au sein de son équipe. Actuellement aux côtés de ce même Van Garderen qu’il avait aidé à gagner sur les routes américaines, Frank semble obtenir un généreux retour d’ascenseur comme Contador en a offert à son coéquipier Rogers sur le Dauphiné. Si le TVG de Tacoma semble avoir quelques ambitions, il peut tout naturellement les partager et rester en embuscade en cas de défaillance de Frank, qui se voit ainsi obtenir un soutien de poids. De là à résister à toutes les embûches qui se dressent sur son chemin ? C’est à lui de nous le prouver, en parvenant à contenir ses adversaires dans les ascensions, et surtout, en prouvant qu’il est capable d’au moins limiter la casse lors de l’effort solitaire.

Le plus grand exploit de sa carrière

Toutefois, si le Suisse de 26 ans est très bien positionné à l’heure actuelle, difficile de savoir vraiment si ces belles promesses peuvent tenir et lui permettre de réaliser ce qui serait jusque là son plus bel exploit. Certainement en grande forme, on peut tout de même émettre des doutes sur sa capacité à tenir jusqu’à dimanche, sur des étapes plus difficiles où ses rivaux ne lui feront aucun cadeau. Après quelques jours de course, ses principaux adversaires se nomment Kreuziger et Rui Costa. Pas simple… Surtout que dès vendredi, il faudra se coltiner la redoutable ascension de l’Albulapass suivie de la sinueuse descente vers La Punt. Si Frank sera relativement bien entouré, nul doute que les attaques fuseront et que son équipe devra travailler. Cependant, cette fin de semaine nous permettra de découvrir ses réelles aptitudes, aussi bien en montagne que sur le chrono. Parce qu’être accompagné ne fait pas tout, et que Frank doit prendre son destin en main. Le Suisse va devoir faire face pour la première fois de sa carrière à la situation du leader chassé, envié et déstabilisé, le tout sous le feu des projecteurs. Pas une mince affaire, malgré l’énorme motivation du garçon…

Alexis Midol


 

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