Dix victoires tout rond. C’est le bilan de Mark Cavendish cette saison, et c’est loin d’être le meilleur de sa carrière. Pourtant, 2016 restera pour le Britannique comme une grande année. Celle qui lui a permis de redevenir le patron du sprint mondial, grâce à un été flamboyant.

Un transfert pour retrouver sa liberté

Quitter l’armada Etixx pour la petite maison Dimension Data. Le pari était risqué, il a été payant. La trentaine passée, Mark Cavendish avait décidé l’hiver dernier de tirer un trait sur son expérience aux côtés de Patrick Lefevere. Il voulait retrouver une équipe à son service. Ne plus devoir partager, comme au sein de l’équipe belge ou avant cela chez Sky. Ce devait être la clé pour permettre au Manx Express de redevenir la machine que l’on connaissait. Mais le Cav’ avait surtout besoin d’être bien dans sa tête, en s’imaginant à Rio pour disputer les Jeux Olympiques sur piste. Lefevere ne voulait pas en entendre parler, Brian Smith n’a pas sourcillé et a octroyé cette faveur à sa nouvelle star. Assez pour que le Britannique ne se concentre que sur l’été et l’enchaînement qui l’attendait. Sans douter. C’est le propre des sprinteurs, les bolides du peloton, qui ont besoin d’une grosse confiance en eux pour aller défier et surtout prendre le dessus sur leurs homologues.

« Combiner le Tour et les Jeux sera compliqué. Il se peut même que dans quelques semaines, je me rende compte que c’est impossible et que je change tous les plans », reconnaissait malgré tout Cavendish en début de saison. Avant de vite rétablir l’ordre des choses. Parce qu’il est un champion hors norme et qu’il le sait : « Si très peu de coureurs sont capables de réussir un tel enchaînement, je pense en faire partie. » Dans le mille. L’homme de l’île de Man a cartonné en juillet comme il ne l’avait plus fait depuis des années. Avec quatre victoires d’étapes sur le Tour, il a regoûté à ses standards d’il y a quelques années, où pendant quatre éditions de suite, il avait glané en moyenne cinq bouquets. Le Cav’ est redevenu une machine. Qui empêche de fait les autres de s’illustrer. André Greipel et Marcel Kittel n’ont gagné qu’une étape chacun en juillet. Et Sagan a dû aller s’employer loin des sprints massifs pour tirer son épingle du jeu. On se serait cru revenu à l’époque de HTC, lorsque Cavendish était même un peu plus que le meilleur sprinteur du monde.

Record et défi réussi

Mais de ce mois de juillet, l’homme de 31 ans retiendra bien plus que ses quatre victoires en dix-sept étapes. Ce qui comptera davantage que tout le reste, lorsqu’il regardera en arrière dans quelques années, sera sûrement ce maillot jaune qu’il a enfilé pour la première fois. A Utah Beach, symbolique pour un Cavendish qui dans sa jeunesse, voulait s’engager dans l’armée. Pour une petite étape, entre Saint-Lô et Cherbourg, le Britannique était donc paré de la tunique de leader. Une façon d’entrer un peu plus dans la légende. Le début, seulement, d’un feuilleton qui aura tenu en haleine le monde du vélo pendant près de trois semaines. Parce qu’en plus de sa domination et de son paletot jaune, il était question de record à chaque sprint. Eddy Merckx compte 34 victoires sur le Tour. Bernard Hinault 28. Et Mark Cavendish, avant le départ depuis la Manche, culminait à 26. Petit à petit, bouquet après bouquet, le garçon s’est donc rapproché, a égalé puis dépassé le Blaireau. Pour là encore inscrire en plus gros son nom dans les livres d’histoire.

La première partie d’un été phénoménal, seulement. Parce qu’après la Grande Boucle, Cavendish a rallié Rio et changé de vélo. Pour défendre, cette fois sur la piste, les couleurs de la Grande-Bretagne. Et aller chercher une première médaille olympique. Mis de côté sur la poursuite par équipes, il ne s’est – presque – pas manqué sur l’omnium. Il ne pouvait forcément viser que l’or, mais l’argent qu’il s’est employé à aller chercher lui offre une place dans l’histoire des Jeux. C’est déjà beaucoup, et tellement mieux que cette anecdotique neuvième place sur l’américaine à Pékin, en 2008. Mais surtout, c’était la confirmation que le Cav’ est un coureur à part. Qui a réussi, comme il le voulait, à enchaîner Tour de France et Jeux Olympiques. Ca vous classe un coureur. Quelques mois plus tard, à Doha, il s’en est alors fallu de peu qu’il ne décroche le maillot arc-en-ciel une deuxième fois. Mais le Britannique s’est heurté à un Slovaque qui n’était pas là en 2011, quand il avait levé les bras à Copenhague. Preuve qu’il n’est plus tout à fait le roi. Simplement une légende. Et le meilleur sprinteur du peloton.

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Mark CAVENDISH

31 ans, Britannique, Dimension Data

10 en 2016
Classement UCI : 19

cavtdf

Tour de FranceVainqueur de 4 étapes, 1 jour en jaune

30Le Britannique compte désormais 30 victoires d'étapes sur le Tour

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Jeux OlympiquesDeuxième de l'omnium

1Cavendish a décroché sa première médaille olympique

cavdoha

Championnats du MondeDeuxième

2C'est la deuxième fois que le Cav' connaît le podium des Mondiaux sur route

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