Ce dimanche vers Sheffield, les purs sprinteurs étaient lâchés. Kittel très loin, comme Greipel ou Démare. Mais devant, le Slovaque avait réussi à tenir les roues de Froome ou Contador dans les nombreuses difficultés au programme. La victoire lui tendait les bras. Du moins croyait-on…

Passé à côté du jaune

Kittel relégué dans les bas fonds du classement, Peter Sagan, maillot vert des deux dernières éditions du Tour du France, avait un boulevard pour décrocher la victoire et donc par conséquent le maillot jaune. Dans un groupe très restreint, on le pensait imbattable, sa deuxième place de samedi prouvant que derrière Marcel Kittel, il est pas loin d’être le meilleur. Et pourtant… A quatre kilomètres du but, l’actuel maillot blanc, après avoir été chercher quelques offensives, s’est placé en tête de groupe pour rouler seul sur près de deux bornes. Il a ainsi évité les attaques, mais aussi dépensé beaucoup d’énergie, et quand il s’est écarté, tout s’est emballé. Greg van Avermaet a tenté d’y aller, et le Slovaque n’était plus là pour faire l’effort. D’autres l’ont fait à sa place pour revenir sur le Belge. Mais plus personne ne voulait lever le cul de la selle lorsque Vincenzo Nibali a décidé d’y aller à l’approche de la flamme rouge.

L’Italien s’en est allé gagner une première étape sur ce Tour 2014, empochant au passage le paletot de leader. Pour Sagan, la déception était forcément grande. Dans le sprint, il s’est même retrouvé battu par van Avermaet et Kwiatkowski. Le manque de motivation y était sans doute pour quelque chose, mais on est en mesure d’attendre plus d’un coureur avec de telles qualités. Tactiquement, Sagan a donc failli dans ce final. Comme souvent au moment de conclure, on ne peut plus se le cacher. Milan-Sanremo ou le Tour des Flandres avaient été les prémices de ce qui pourrait devenir un blocage : quand l’enjeu est grand, le leader de la Cannondale a du mal. Pourtant, intrinsèquement, il y a peu de doute sur le fait que le Slovaque soit meilleur sprinteur que ceux qui l’ont devancé à Sheffield. Et les deux secondes d’avance prises par Nibali empêcheront à coup sûr à Sagan et aux autres de lui reprendre la première place avant la montagne.

La régularité au dépend du coup d’éclat

Cela fait déjà deux ans que l’on attend que Sagan remporte un monument. Il n’a toujours pas réussi. Cependant, il est toujours placé. Un peu comme sur le Tour, où hormis sur les deux arrivées en bosse de 2012 – à Seraing et Boulogne -, il n’a levé les bras qu’à deux reprises. Pas une réelle surprise puisqu’il n’est pas le meilleur sprinteur du peloton, moins prolifique dans un emballage massif que les Kittel, Cavendish ou Greipel. Mais ce dimanche, Sagan se devait de gagner face à des adversaires plus faibles, et avec à la clé un maillot jaune qui aurait dû le transcender plus que le perturber. Vainqueur à Albi l’an dernier, il avait su profité de l’absence des gros bras du sprint pour décrocher son seul succès sur la centième Grande Boucle. Sur le sol britannique, il avait une opportunité similaire, qu’il n’est pas parvenu à saisir. Forcément une contre-performance. Et il n’est pas certain qu’une telle occasion se représente. Double maillot vert, c’est donc sur la régularité qu’a construit ses succès des deux dernières années. Non sans panache, mais sans écraser la concurrence. Jusqu’alors, cela suffisait. Mais pour un coureur qui se veut être l’un des tous meilleurs mondiaux, on est en droit d’attendre plus. Au moins qu’il s’impose lorsque ses principaux rivaux sont hors course…

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