Sous un soleil de plomb pour la course éponyme, un vent d’ambition soufflait dans les parages du bus de la Lotto-Belisol, discrète mais également déterminée en ces premières heures de course. Très présente durant le dernier marché des transferts, la structure belge emmenée par l’emblématique Marc Sergeant a réalisé de beaux coups, en attirant notamment dans ses filets le Français Tony Gallopin, dernier vainqueur de la Clasica San Sebastian , mais aussi le très régulier Maxime Monfort, tous deux en provenance de Radioshack. Mais à l’heure d’entamer l’un des premiers moments forts de la saison 2014, quelles sont réellement les ambitions d’une équipe en pleine tentative de renouveau ?

Sergeant : « On vise le général plus que la victoire d’étape »

Si certaines équipes avaient de quoi faire la moue lors de l’annonce du parcours de la 72ème édition de la Course au Soleil, ce sentiment n’était pas partagé du côté de Lotto-Belisol. S’il est indéniable que Maxime Monfort a le profil par excellence du coureur d’une semaine, résistant en montagne et sur les étapes casse-pattes, tout en grignotant du temps lors des contre-la-montre, c’est bel et bien Tony Gallopin qui se voit offert l’occasion de faire ses premières gammes avec sa nouvelle équipe. Fraîchement débarqué d’Outre-Atlantique après un été 2013 très abouti – avec en poche sa première classique estampillée World Tour -, le neveu d’Alain occupe le leadership d’une troupe belge qui tentera de faire parler sa science de la course pour permettre au francilien de s’exprimer. Entre son punch et sa pointe de vitesse, l’ancien pensionnaire de l’équipe Cofidis a de quoi faire. Marc Sergeant, le manager général de la formation, ne s’y trompe pas, et place d’ores et déjà de grands espoirs en sa nouvelle pépite : « Nous venons ici avant tout pour décrocher un bon classement final avec Tony (Gallopin), qui sera accompagné de Maxime (Monfort) . Le terrain se prête à ses qualités, et il est clair que notre bilan à Nice dépendra de ses performances. Nous avons emmené une équipe complète et solide afin de l’aider. »

Un avis entièrement partagé par deux équipiers du Français, Tim Wellens et Jelle Vanendert : « L’objectif commun est de réaliser un beau général avec Tony, ou bien en comptant sur Maxime. Les consignes sont claires, et nous devons les aider le plus possible, je ne jouerai pas ma carte personnelle si je vois que mes leaders ont besoin d’aide. Je me dois de rester le plus longtemps avec eux » , confie le deuxième de l’Amstel en 2012, plus que jamais solidaire au moment de débuter une saison de rachat. En entrant dans le vif d’un sujet ouvert à tous compte tenu du parcours, ce Paris-Nice 2014 est l’occasion de « privilégier l’offensive » selon Wellens, jeune puncheur en devenir. « Dans les moments les plus importants, ce sera à Tony Gallopin de jouer. C’est sans aucun doute une semaine idéale pour lui. De plus, le format des étapes est très imprévisible et il est assez difficile de savoir à l’avance le comportement à adopter. C’est donc une nécessité de rester aux côtés de nos leaders » Plutôt que de laisser ouvertement carte blanche à ses huit coureurs présents sur les routes hexagonales, Sergeant préfère « ramener en priorité des points World Tour à la maison.” “C’est une épreuve importante du World Tour, et on n’a pas trop intérêt à se disperser. Ici, on vise le général plus que la victoire d’étape, même si c’est important. En revanche sur Tirreno, on aura André (Greipel) qui se chargera de décrocher des bouquets. »

Vanendert : « Me concentrer sur mon rôle de coéquipier »

Le Gorille de Rostock est incontestablement devenu le fer de lance des Lotto, aussi bien dans le discours que dans le visuel. En effet, en s’approchant du bus rouge de l’équipe, le maillot de champion d’Allemagne de l’homme devenu la tête de gondole de la formation saute aux yeux. Celui qui a décidé de se rendre en Italie – en compagnie de l’autre grand leader Jürgen Van den Broeck – est devenu au fil du temps le sauveur providentiel, ramenant l’essentiel des victoires ces deux dernières saisons. Une étiquette dont Marc Sergeant aimerait bien l’en décharger. Pour cela, le chef d’orchestre de la formation ne tarit pas d’éloges au sujet d’une autre recrue, Kris Boeckmans. Évoluant antérieurement sous les couleurs de l’équipe Vacansoleil, le jeune sprinteur s’était fait remarquer pas sa très belle saison 2012, où il avait notamment réussi d’improbables coups d’éclats sur des étapes du Tour de France. « Pour les quelques sprints de ce Paris-Nice, on a tout de même Kris Boeckmans parmi nous. Mais cela ne sera pas si simple pour lui de retrouver ses jambes exceptionnelles de 2012. S’il y parvient, alors il peut remporter un sprint, d’autant plus qu’il est costaud sur ce genre d’étapes. » Au final, Boeckmans aura vécu un début de course noir et a même abandonné hier sur la route du circuit de Magny-Cours. Mais qu’à cela se tienne, les dirigeants veulent aussi voir émerger d’autres têtes d’affiche.

Vainqueur d’une étape de la Grande Boucle 2011 sur les hauteurs du difficile Plateau de Beille, Jelle Vanendert peine à retrouver les sommets de la hiérarchie après une saison 2013 franchement à oublier. « C’est ma vraie reprise en ce qui me concerne, puisque mon programme de course s’est enrayé dès le début, à San Luis, où je me suis cassé le coude. J’ai récupéré de manière satisfaisante de cette mésaventure, et je veux surtout me concentrer sur mon rôle de coéquipier. J’essayerai peut-être de tenter quelque chose sur une étape à condition que j’ai de bonnes jambes. Mon premier objectif personnel sera donc le Tour du Pays Basque, avant de tout donner sur les classiques ardennaises, qui me tiennent à cœur », déclare l’intéressé. Une équipe à plusieurs visages mais qui reste concentrée sur l’objectif d’un Tony Gallopin ayant hâte d’en découdre. Tout comme Wellens, qui reste déterminé en dehors de la parenthèse collective. « Il ne faut pas oublier que je suis là pour gagner une étape. Je me préserverai lors des premières étapes tout en restant proche de mon leader, mais après, je me lancerai à coup sûr dans quelques offensives. Ma condition est optimale, je me suis entraîné très dur pour ces premiers rendez-vous. Peut-être même un peu trop puisque j’ai eu quelques petits pépins au genou. Mais j’ai bon espoir ! » clame le natif de Saint-Trond. On l’aura donc compris, c’est une équipe Lotto ambitieuse qui s’est présentée à Mantes-la-Jolie, et qui a bien besoin d’un acte fondateur pour entamer une progression constante depuis quelques mois. Et retrouver ainsi sa place au plus haut niveau.

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