La vérité, c’est qu’il nous a déjà fait le coup, il y a un an. Sur l’étape qui menait à Morgins, sur le Tour de Romandie 2016, Chris Froome avait complètement craqué et concédé 17 minutes à Ilnur Zakarin. Alors ce week-end, vers Leysin, la défaillance était de moindre envergure. Mais elle pose quand même question.
Inhabituel donc intriguant
L’idée d’un Froome blasé, lassé de tout gagner et qui aurait presque volontairement laissé filer ses rivaux, hier, nous a traversé l’esprit. Mais nous l’avons vite évacué. Le Britannique n’a jamais été du genre à faire des cadeaux. Encore moins lorsqu’il s’agit de Tour de France, et c’est bien ce dont il était question cette semaine, en Romandie. Depuis quelques années, le programme de « Froomey » est clair. Les points de passage ne sont pas nombreux, mais ils sont cruciaux pour savoir où il en est : il y a la Catalogne, la Romandie et le Dauphiné. Or aujourd’hui, difficile, justement, d’affirmer que le garçon est dans ses temps de passage. L’étape reine de samedi a inquiété plus qu’autre chose. Une minute et quinze secondes de perdues sur son seul grand rival de la semaine, Richie Porte, ce n’est pas la meilleure façon de se rassurer.
Au départ de l’étape, pourtant, le triple vainqueur du Tour affichait ses ambitions : « La dernière ascension n’est pas très difficile. On essaiera de durcir la course plus tôt. L’objectif, c’est l’étape. » Pas très difficile (seulement 4 kilomètres, à 7,2% de moyenne), mais assez pour révéler ses failles du moment. Chris Froome a franchi la ligne tête basse, conscient qu’il n’avait pas répondu présent. Chez Sky, rapidement, on a dû se poser des questions. « On a attaqué au pied, il était mal placé, il s’est pris toutes les cassures, les trous : dès lors, c’était mission impossible pour lui, analyse Yvon Ledanois, directeur sportif de BMC et donc de Richie Porte, pour L’Equipe. C’est vrai qu’on a vu autrefois du grand Froome à cette époque et que ce n’est pas le même aujourd’hui. » En 2013 et 2014, le Britannique avait remporté l’épreuve. En 2015, légèrement en retrait, il avait accompagné Zakarin et Spilak sur le podium.
Le doute jusqu’au Dauphiné
La défaillance n’est donc pas une habitude pour lui. L’épisode de l’an dernier à Morgins devait être un accident. Il l’avait d’ailleurs rapidement balayé en terminant quatrième du contre-la-montre de Sion puis en s’imposant au sommet de Villars-sur-Ollon les deux jours suivants. Cette fois, il n’y a qu’une anecdotique neuvième place sur le chrono de Lausanne à se mettre sous la dent. Pas suffisant pour estomper les doutes qui sont nés dans la montée de Leysin. Après le Tour de Catalogne, qu’il a perdu en se laissant piéger par Alberto Contador et Alejandro Valverde, le leader de la Sky doit réagir. Il avait assuré en Espagne que c’était une erreur tactique, mais qu’il n’y avait aucun souci à se faire quant à sa forme. Aujourd’hui, on attend encore qu’il nous le démontre. Ce ne sera pas pour tout de suite, car le garçon va repartir loin des courses au mois de mai. Avant le Tour de France, il ne lui reste donc plus qu’un rendez-vous : le Dauphiné. Pour prouver qu’il est encore le patron.
Petite question : en regardant la photo, et une ou deux autres que j’ai pu voir par ailleurs, il me semble qu’il est moins affuté que d’habitude.
D’habitude, si je ne me trompe pas, il est toujours affuté de la même manière. Pas le genre a jouer au yoyo avec sa balance.
?
A partir du moment où il suit son programme d’entraînement en terme de volume et de qualité, qu’il passe à travers les chûtes et maladies, il n’est pas gênant d’afficher 5kg de trop à plus de 2 mois du TDF. ça serait même mieux… Le temps d’Avril ne se prête pas à rouler affuté comme en juillet, c’est un bon calcul. Au début du Dauphiné, là, il faudra être en forme, c’est évident. Mais il vaut mieux commencer le TDF à 98% de ses capacités que le commencer à 100% et flancher la dernière semaine, comme Froome le fait souvent. Froome a aussi démontré que malgré son talent, il lui est très difficile de gagner 2 GT de suite, donc inutile pour lui de se cramer en mai et juin sur les courses par étapes d’une semaine, qui sont déjà éprouvantes.
Tout à fait d’accord avec cette analyse. Dans l’absolu, il vaut effectivement mieux avoir quelques réserves à deux mois de l’objectif. C’est le différentiel par rapport aux années précédentes qui me posait question. Et ça pourra effectivement lui être bénéfique.
Difficile à estimer, mais on l’a déjà vu plus maigre, c’est sûr.
Froome a fait savoir que ses 2 grands objectifs cette année sont le Tour de France et la Vuelta.
En 2016, c’était déjà le cas mais avec les JO en plus au milieu avec les résultats que l’on connaît. D’ailleurs, sur la dernière étape de la Vuelta 2016, Froome attaque à 4 ou 5 reprises Quintana sans jamais pouvoir le lâcher.
Cette année, il n’y aura pas les JO. De plus, avec le parcours du Tour (très peu d’arrivée au sommet et de CLM individuel, profil favorisant une course beaucoup plus nerveuse que les années précédentes), je pense qu’il a voulu adapter sa préparation en fonction. Avec comme grands objectifs le Tour ET la Vuelta.