Les courses de fin de saison sont toujours plus ouvertes que les autres, parce que la fatigue accumulée au cours des mois précédents joue un rôle crucial. Mais cette indécision semble encore plus forte cette année, avec des Mondiaux qui sur le papier peuvent sourire à presque tout le monde, et un Tour de Lombardie novateur dans son parcours et qui chamboulera lui aussi les habitudes…
Les coureurs feront la course…
On le dit toujours, presque comme une maxime. « Les coureurs font la course », c’est devenu le slogan des organisateurs dont les parcours ne font pas l’unanimité. C’est ce que devrait nous sortir en boucle RCS Sport à l’approche d’un Tour de Lombardie complètement chamboulé, voire « inversé » puisqu’il partira de Côme pour rejoindre Bergame. Mais le plus crucial réside bien dans le retrait de l’ascension du mythique Sormano, et dans l’ajout d’une ultime difficulté dans le final, une bosse plus ou moins pavée avec des passages à 12% après laquelle il restera trois kilomètres seulement. De quoi cadenasser la course jusqu’à ces dernières pentes décisives, comme sur la Clasica San Sebastian en août dernier. Au lieu que de compter aveuglément sur les coureurs pour faire exploser la course plus tôt, les organisateurs auraient pu faire le choix d’un parcours mieux pensé. Mais une fois n’est pas coutume, le pseudo-besoin d’innovation aura pris le pas sur le reste, et sur la logique, même s’il faut avouer que l’indécision sur ce parcours inconnu de tous sera forcément à son paroxysme.
Un peu comme sur des Championnats du Monde dessinés pour à peu près tout le monde, puncheurs et sprinteurs surtout, mais qui pourraient aussi convenir à des grimpeurs ou à des attaquants en fonction des conditions de course. Un peu comme l’année dernière à Florence, une édition haute en couleur qui a sans doute inspiré les Espagnols. Des Mondiaux pour costauds, on ne demandait que ça, et c’est de plus en plus ce que l’on nous offre. Alors quand en plus les espoirs au sujet de l’équipe de France sont permis, l’enthousiasme est logique et fait plaisir à voir. Il y avait longtemps que les ambitions tricolores n’avaient pas été telles, et penser à trouver le successeur de Laurent Brochard n’a plus grand chose d’illusoire. Dans les années à venir, les Bleus ont les qualités pour aller décrocher le maillot arc-en-ciel. Reste à savoir si ce sera en 2014 ou dans cinq ans, mais aujourd’hui dans la peau d’outsiders, ils sont peut-être dans la meilleure position, cachés derrière les favoris Sagan, Gerrans, Degenkolb ou la colonie espagnole.
…et subiront la météo
Cependant, le déroulement de ces deux gros rendez-vous de l’automne dépendront en grande partie des conditions météos du prochain mois. Les Mondiaux de Florence n’étaient pas si difficiles que ça sur le papier, mais les conditions dantesques en Toscane le jour de l’épreuve ont mené à une course totalement débridée et spectaculaire comme rarement ces dernières saisons. A Ponferrada, la situation sera plus ou moins similaire : la pluie pourra durcir la course et favoriser les attaques des puncheurs voire des grimpeurs, alors qu’un grand soleil jouera en faveur des quelques sprinteurs capables de passer les bosses au programme. Pour ce qui est du Tour de Lombardie, c’est pareil : certains oseront peut-être dévoiler leurs cartouches un peu avant la bosse que tant de protagonistes attendront cachés au chaud dans le peloton – même si c’est relatif sur une course de 250 kilomètres aussi exigeante. Bref, l’automne s’annonce alléchant, et encore plus indécis que d’habitude. Mais c’est encore une fois la combinaison des multiples facteurs qui fera que oui on non, on retiendra cette fin de saison parmi les plus intéressantes de l’histoire récente.