Déjà impressionnant hier sur les routes lyonnaises pour le contre-la-montre d’ouverture, Christopher Froome n’a pas manqué l’occasion d’en remettre une couche en haut du Col du Béal, pour asseoir un peu plus de manière psychologique sa domination sur ses principaux adversaires. Des rivaux qui se sont déjà détachés, au point qu’on tiendrait presque nos hommes forts pour la suite des événements sur ce Dauphiné avant le dernier week-end montagneux.

Contador tient tête, Nibali rassure

Avec trois arrivées au sommet, la question était de savoir si la première programmée en haut du méconnu Col du Béal pouvait faire des différences. Loin de provoquer une sélection irrémédiable et de voir quiconque assommer ce Critérium du Dauphiné, cette montée à tout de même livré quelques indications intéressantes. Dans la parfaite continuité de ce qu’il a entrepris dès hier, Froome a montré les muscles et tenté d’inspirer la crainte à ses opposants lorsque la pente s’y prêtait. Des attaques, pas toutes tranchantes et peut-être loin du meilleur niveau d’un Britannique clamant haut et fort qu’il n’est qu’en reprise, mais qui auront eu le mérite de prolonger la sélection provoquée par ses sbires habituels, à savoir Thomas, Porte, Nieve… Paru de vert, Alberto Contador a d’ores et déjà montré qu’il fallait effacer les mauvais souvenirs de l’an dernier, et n’a pas lâché d’un mètre la roue du Kenyan d’adoption, emmenant avec lui un petit groupe où tout les grands favoris sont réunis, où presque. Hormis l’épatant Kelderman, sortant du Giro, on retrouve des futurs acteurs du Tour de France, avec Talansky, Nibali, Contador bien sûr, et Jürgen Van den Broeck ! La plupart de ces noms là visent uniquement la Grande Boucle et ont réussi avec succès leur premier test en altitude, avant d’affronter des étapes encore plus difficiles le week-end prochain.

Une journée d’observation, même si la victoire d’étape fut sévèrement disputée. Au terme d’un dernier kilomètre couru à bloc pour chacun d’entre eux, l’indomptable “Froomey” a encore fait parler de lui, et relégué un Vincenzo Nibali à 27 secondes, lui qui a semblé à bout de forces dans les derniers hectomètres. Présent avant tout pour la confiance, il devrait continuer à monter en puissance, après avoir suscité des interrogations sérieuses. La tendance est semblable pour les dix premiers du jour, qui se tiennent en 45 secondes. Peu de surprises donc, et un terrain de jeu qui aura surtout servi à affûter tout le monde d’entrée. De toute évidence, ce n’est pas le deuxième jour de course que la grande explication allait avoir lieu, mais on ne peut que se réjouir de la tournure décidée par les principaux protagonistes. Beaucoup d’attaques dans les cinq derniers kilomètres, qui ne peuvent qu’être de bonne augure pour le spectacle général. Le train noir de Sky ne semble plus autant effrayer que lors des deux dernières années, et on a vu plusieurs coureurs tenter leur chance sans complexe. De quoi mettre à mal le maillot jaune ?

Place aux pièges du Dauphiné

Car désormais, il va falloir attendre samedi pour être confronté de nouveau à un enchaînement montagneux de premier plan. Avec la succession du Col de la Forclaz et de l’ascension vers Finhaut-Emosson, c’est sans aucun doute ici que le classement général se dessinera pour de bon. Dès demain, sur le chemin menant au Teil, quatre étapes plus ou moins accidentées vont se profiler face aux coureurs. Si l’on imagine mal les sprinteurs battus mardi, le chemin vers Gap, la Mûre et Poisy pourrait facilement inspirer quelques attaquants, voire des leaders en embuscade. Alberto Contador avait voulu faire vaciller Voeckler, Evans et Schleck dans la descente du Col de Manse, l’opportunité se représentera mercredi. Il faudra parfaitement exploiter le terrain bosselé à venir pour grapiller quelques secondes précieuses, sous peine d’assister à une course fermée par les coéquipiers de Froome. Ce dernier a déjà montré des signes de faiblesse par le passé lors des finals pour puncheurs sur les courses par étapes, pourquoi ne pas en profiter ?

La donne pourrait également être favorable du côté de l’équipe Astana, qui a réussi à positionner idéalement Nibali, mais surtout Fuglsang et Kangert, pouvant chahuter le déroulement des opérations. Plus que jamais, ce Critérium du Dauphiné a désormais basculé dans une bataille tactique, qui sourira aux audacieux, puisqu’il paraît impossible d’attendre les derniers jours pour attaquer un Froome costaud. Une course de mouvements avait gardé l’indécision jusqu’au bout sur Paris – Nice, le peloton pourra t-il en faire de même avant l’épilogue montagneux du week-end prochain ? Il y aurait tout intêret, car à ce jeu là, Froome a bel et bien le dernier mot.

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