La France est décidemment à la fête. Même à plusieurs centaines de kilomètres de Méribel, c’est comme si l’ombre de Dimitri Payet avait plané. L’étape reine du Dauphiné a offert le spectacle qu’on pouvait espérer, avec des Français qui ont raflé la mise. Il ne manquait que le maillot jaune pour que la fête soit totale.

Pinot, Bardet, duo gagnant

Nacer Bouhanni avait, dès le début de semaine, assuré le coup. Grâce à son sprint victorieux à Saint-Vulbas, les Français étaient assurés de ne pas repartir bredouille du Dauphiné. Mais on ne pouvait s’empêcher d’attendre certains d’entre eux en montagne, notamment Thibaut Pinot et Romain Bardet. Dans trois semaines maintenant, ils se pointeront sur le Tour de France avec le costume d’outsiders. Forcément, sur les routes de l’épreuve savoyarde, on attendait qu’ils rassurent. Le leader de la FDJ ne l’a pas fait, décroché trop rapidement ce vendredi vers Vaujany, quand Christopher Froome allait s’emparer du maillot jaune. Une demi-surprise, après le prologue décevant du Franc-Comtois, pas aussi costaud qu’il y a quelques semaines en Romandie. Mais le garçon a du caractère, et pour ce dernier week-end, il n’avait qu’une envie : faire taire une partie des critiques en sauvant sa semaine. Présent dans l’échappée – royale – du jour, il a mené à bien son entreprise en allant s’imposer au sommet de Méribel. Le Pinot pas au niveau est devenu un Pinot plein d’orgueil. Tout va si vite.

Bardet, lui, a failli faire encore mieux. Placé en embuscade au général depuis plusieurs jours, il était onzième samedi matin. De quoi bénéficier d’un bon de sortie et d’avoir une chance de récupérer le maillot de leader. Longtemps, il était provisoirement le nouveau patron du Dauphiné. Finalement, à l’arrivée, il lui aura manqué vingt-deux secondes. Une broutille. Oui, ce n’est pas demain à Superdévoluy que le grimpeur de l’équipe AG2R remportera sa première grande course par étapes. Oui, il est même passé à côté du succès à Méribel. Mais dans cette affaire, il a gagné bien plus qu’il n’a perdu. A quelques semaines du Tour, il a marqué son territoire. Les Alpes, c’est chaque année un peu plus son domaine. Et surtout, le voilà dans les pattes de Froome, Porte et Contador. Il est fini le temps où Bardet jouait les trouble-fêtes occasionnels, lorsqu’il n’avait plus rien à jouer au général. Désormais, il est un de ceux sur qui il faut compter. Les autres cadors ont d’ailleurs semblé s’en rendre compte un peu tard dans l’ascension finale.

Alaphilippe fait son trou

Mais si la réaction de Pinot ou la performance de Bardet rassurent, elles n’ont rien de très surprenantes. Du moins par rapport à ce que propose depuis une semaine Julian Alaphilippe, qui ne cesse d’accompagner les meilleurs en montagne. A la veille de l’arrivée, le voilà sixième, juste derrière Alberto Contador. Dans une étape au fort dénivelé, qui comptait cinq cols dont un hors catégorie et une arrivée au sommet d’une ascension de douze kilomètres, il aurait pu craquer sans qu’on le lui reproche. Mais lui a tenu. Le puncheur, encore cette année deuxième de la Flèche wallonne, devient aussi un grimpeur. Sur le Tour de Californie, qu’il a remporté, il avait déjà impressionné. Mais poursuivre avec de telles performances face au gratin mondial a de quoi étonner. Avant de découvrir le Tour de France, Alaphilippe devient un coureur que l’on n’osait même pas espérer. Sur les routes américaines, il disait se surprendre lui-même. En réalité, tout le monde l’était. Mais il va peut-être falloir s’habituer. Derrière Pinot et Bardet, grimpeurs désormais reconnus et prétendants aux podiums des grandes courses par étapes, un troisième larron se fait une place. On n’en espérait pas tant.

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