Pour le Tour de France 2014, ASO et Christian Prudhomme ont fait leur choix : ce sera le Yorshire

Les départs de Grands Tours s’organisent de plus en plus hors de leurs terres d’origine. Et parfois même dans des contrées très reculées ne présentant ni course cycliste de haut niveau, ni même une quelconque culture du vélo. L’exemple du Tour d’Italie 2014 qui démarrera de Belfast (!?) en Irlande du Nord, seulement deux ans après avoir levé l’ancre d’Herning au Danemark, a de quoi interpeller.

Le Royaume-Uni a le vent en poupe

ASO comme RCS, en lien avec l’UCI de Pat McQuaid (Irlandais), ont choisi de valider les candidatures de Leeds et de Belfast dans la continuité de l’éclosion du cyclisme britannique en 2012. Dans ce contexte favorable, il était logique de privilégier ces villes afin d’encrer définitivement le cyclisme dans les mœurs d’un pays où la petite reine est toujours passée au second plan, derrières les sports anglo-saxons historiques que sont le football, le rugby et le cricket, entre autres. Wiggins, Froome, Cavendish, Hoy et compagnie, qui écrasent le Tour de France et les J.O, c’est un début. Mais un engouement peut vite s’envoler si rien n’est fait pour le préserver.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois que la Grande Boucle s’élancera d’Angleterre. En effet, en 2007, le prologue londonien avait déjà vu la victoire de Fabian Cancellara, et permis à Mark Cavendish de débuter pour la première fois un Tour de France. Ce jour là, la foule s’était montrée nombreuse avec près de 300.000 personnes massées aux abords des routes de la capitale. Le succès populaire immense de cette première incursion a sans doute convaincu les organisateurs du Tour qu’il faudrait repasser par le royaume dans le futur.

Située au Nord de l’Angleterre, Leeds est un marché de plus petite taille, dont l’aire urbaine pèse près de 2.000.000 d’habitants, contre 7.000.000 pour Londres. Un gros chèque et l’opportunité de profiter d’un relief vallonné lui ont cependant permis de se défaire de cadors comme Florence et Lille, qui partaient pourtant favorites dans la course acharnée que se livrent chaque année les nombreuses villes désireuses de rafler l’organisation de l’évènement annuel le plus suivi au monde.

Des retombées économiques astronomiques

Lors du départ du Tour de France se massent chaque année des centaines de milliers de spectateurs venus encourager les cyclistes. Ce sont autant de consommateurs qui vont permettre aux commerçants de réaliser des bénéfices incroyables qu’ils n’auraient jamais pu espérer autrement. Des milliers de journalistes travaillant pour les chaines de télévision des quatre coins du monde (Le Tour est diffusé dans 190 pays) braquent leurs caméras et tournent des reportages sur la ville, qui permettent aux millions de téléspectateurs de découvrir et d’apprécier la culture et les activités proposées par le lieu visité. D’où un afflux de futurs touristes qui continueront d’enrichir la ville bien après le départ du Tour de France. Au lieu de payer des millions pour passer trente seconde lors d’une publicité, la municipalité se dote d’un moyen de communication imparable et pratiquement gratuit. Selon certaines études, le gain économique serait dix fois supérieur à la somme engagée lors de l’acquisition du grand départ auprès d’ASO.

En difficulté financièrement, la ville de Lille aurait donc eu bien besoin de cette manne financière qui fera le bonheur de Leeds. Mais plus que jamais, ASO privilégie un roulement entre départ à domicile et départ à l’étranger. Si la préférence nationale n’a jamais fait partie des valeurs chères à cette société qui préfère exporter son produit pour en tirer un maximum de bénéfices, il est plus surprenant de constater que les italiens de RCS commencent à suivre cette ligne directrice, eux qui auparavant rechignaient à s’éloigner de leurs frontières. La réalité économique prend peu à peu le pas sur l’histoire, les traditions, et la santé des coureurs. Au rythme où vont les choses, un départ du Qatar ou des Etats-Unis semble plus que jamais à l’ordre du jour…

Louis Rivas

 

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.