Quelques jours après avoir quitté le sol italien et Tirreno-Adriatico, les spécialistes des courses par étapes se sont donnés rendez-vous en masse sur la péninsule ibérique, afin d’y disputer le Tour de Catalogne. Une 94e édition rendant hommage à Miguel Poblet, le champion espagnol victorieux de 26 étapes sur les grands tours et décédé il y a tout juste un an. Fort de sa belle dynamique enclenchée la semaine dernière, Alberto Contador tentera de rééditer pareille performance, mais aura fort à faire face à une concurrence nombreuse qui verra le retour de Chris Froome à la compétition. Lorsqu’on ajoute le tenant du titre Dan Martin, mais aussi Quintana, Rodriguez et les autres, c’est un plateau digne des plus grands événements qui est réunit, et qui devrait assurer une fois de plus le spectacle.

– Les favoris

***** Alberto Contador : Sur le papier et en tenant compte de l’impression laissée sur l’étape de Guardiagrele, oui, Alberto Contador est le grand favori de ce Tour de Catalogne. Favorisé par une arrivée au sommet difficile mais pas archi-pentue, El Pistolero a toutes les cartes en main pour confirmer son retour au premier plan et emmagasiner de la confiance. Bien encadré, c’est aussi l’occasion d’accrocher une nouvelle course par étapes à son palmarès, lui qui avait été dépossédé de sa victoire finale de 2011 suite à sa suspension rétroactive.

***** Chris Froome : Revoici le Kenyan Blanc, qui avait quelque peu disparu des écrans radars depuis sa victoire écœurante au sultanat d’Oman, en février. Souffrant du dos avant le départ de Tirreno, Froomey a été piqué au vif par les performances de Contador en Italie, et se doit d’assumer sa position de nouveau patron du cyclisme mondial. Si aucun contre-la-montre n’est au programme de l’épreuve, le Britannique pourrait bien renvoyer tout le monde à l’entraînement sur la montée de Vallter 2000. Il sera accompagné d’une grosse équipe Sky malgré le forfait de Wiggins, avec dans ses rangs Porte, Nieve et Lopez.

**** Nairo Quintana : Déjà victorieux l’an passé au sommet de Vallter 2000 alors qu’il n’était que lieutenant d’Alejandro Valverde, le Colombien pourrait exploiter sa connaissance du terrain. Dauphin de Contador la semaine dernière sur Tirreno, le moment est venu pour le grimpeur de la Movistar de tester sérieusement sa condition face à des rivaux plus que sérieux avant le Giro. Quand on connait l’aisance d’un Quintana dès que la route s’élève, le terrain lui sied à ravir. C’est l’épouvantail de la semaine, à n’en pas douter.

– Les outsiders

*** Carlos Betancur : Vainqueur de Paris-Nice avec la manière, Carlos Betancur est maintenant bien intégré dans la catégorie des cadors du cyclisme mondial, et doit asseoir son statut de cador du peloton. Habituel dynamiteur, il ne serait pas surprenant de le voir gratter quelques secondes lors des premières étapes, ou de se mettre en évidence sur les étapes de Valls et Montjuïc. Un petit bémol cependant puisque le Tour de Catalogne ne propose aucune bonification. Il faudra pour lui créer la différence en haute montagne.

*** Joaquim Rodriguez et Dani Moreno : Les deux espagnols sont inséparables, et vont une nouvelle fois faire fortune commune en Catalogne dans l’optique de ramener la victoire au général. Vainqueur en 2010, Purito a été plutôt discret en ce début de saison, au contraire d’un  Moreno brillant sur Tirreno. Cette période marque traditionnellement leur envol saisonnier, et le premier nommé est attendu de pied ferme, et son punch pourrait lui permettre de faire des ravages sur la courte mais irrégulière montée de la Molina. Cependant, ses qualités morales ne sont plus à prouver et si le leader faillit, Moreno aura à n’en pas douter carte blanche.

*** Rigoberto Uran : Le Colombien aime le Tour de Catalogne, et cela se remarque. Cinquième en 2012 avec un bouquet dans la besace, le nouveau leader de l’équipe OPQS a récemment joué au coéquipier modèle pour l’inarrêtable Kwiatkowski. Cependant, nul doute que ses intérêts personnels passeront au premier plan sur les routes espagnoles. Sur le podium à Oman, c’est aussi un test pour Uran, capable d’anticiper les débats avec brio comme de suivre les meilleurs jusqu’au sommet. N’oublions pas non plus qu’il est l’un des meilleurs sprinteurs parmi les grimpeurs.

*** Julian Arredondo : Le petit nouveau de 2014. Fraîchement débarqué chez Trek en provenance de la méconnue équipe Nippo, Arredondo fait étalage de sa classe depuis le Tour de San Luis, et vient de terminer à la cinquième place de Tirreno-Adriatico. Sans pression, l’autre Colombien a un vrai coup à jouer sur une épreuve d’une semaine qui lui correspond parfaitement. Aucun exercice solitaire ne peut le freiner dans sa progression, et celui qui disputera un maximum d’épreuves jusqu’au Giro ne peut dans le pire des cas qu’emmagasiner de l’expérience.

– A ne pas sous-estimer

** Dani Navarro : L’ancien lieutenant de Contador s’apprête à retrouver son ami au départ de Calella, mais cette fois-ci, il ne lui fera aucun cadeau. Stimulé par une bonne rentrée à domicile, le trentenaire de Cofidis s’affirme petit à petit comme quelqu’un de fiable sur qui l’on peut compter. Il aura à cœur d’aller chercher une place parmi les dix premiers, voire mieux.

** Dan Martin : Le tenant du titre vendra chèrement sa peau tout au long de la semaine, mais on l’imagine mal, compte tenu de sa forme, tenir tête aux grands favoris lors des arrivées en altitude. Son Tirreno n’est pas là pour le conforter, et celui qui a décidé de se concentrer sur le Giro qui s’élancera de Belfast se voit confronté à des objectifs plus lointains.

* Chris Horner : Le goguenard américain donnera encore une fois son maximum afin de faire taire ses détracteurs. Dans le coup sur Tirreno jusqu’à une fâcheuse tendinite,la seule question porte sur son état physique. Si Horner retrouve les jambes de sa dernière Vuelta, tous les espoirs sont permis du côté d’une Lampre-Merida qui pourra aussi se rabattre sur le régulier Niemiec ou l’ambitieux Anacona.

* Domenico Pozzovivo : Et si le lutin transalpin prenait les commandes en lieu et place de Betancur ? Dans les temps en vue du Giro, ses performances lors de Tirreno vont dans ce sens. Il devra toutefois retrouver son visage offensif sur lequel il avait forgé ses plus belles victoires pour participer à la fête. Cette édition semble vouée aux purs grimpeurs, et il en fait partie.

* Tejay Van Garderen : Malade lors de la première étape de Paris-Nice, l’étasunien avait alors immédiatement jetté l’éponge afin d’être rétabli pour la suite de son programme. En forme avant ce contre-temps, le coureur de la BMC pourrait créer la surprise et se rappeler aux bons souvenirs de certains lors de la traversée pyrénéenne menant à Vallter 2000. Le miraculé Samuel Sanchez pourra toujours venir à la rescousse, mais son état de forme reste une inconnue.

Mentions : David Arroyo, Wilco Keldermann, Thibaut Pinot, Robert Kiserlovski, Johan Chaves, Thomas Degand, Jürgen Van den Broeck, Darwin Atapuma, Ivan Basso, André Cardoso, Gianluca Brambilla, Igor Anton et Warren Barguil.

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