Après un peu plus d’une semaine de course sur la Vuelta, Warren Barguil pointe à la dixième place du général, et ce malgré une chute qui aurait pu fortement l’handicaper. Après cette journée de repos bienvenue pour panser les plaies, le Breton va donc entrer, au même titre que les autres protagonistes du classement général, dans les choses très sérieuses. Plus question de se cacher ou de suivre : il va falloir se montrer et répondre aux attentes.

Placé malgré les difficultés

Officiellement, Barguil est venu sur la Vuelta pour faire dans les quinze premiers du général. Mais l’ensemble des observateurs ne peut s’empêcher de penser qu’il est capable de beaucoup mieux, c’est à dire d’entrer dans les dix, au moins. A l’heure de la première journée de repos, il y est, et c’est d’autant plus important de le souligner que le leader de l’équipe Giant n’a pas connu un début d’épreuve de tout repos. Vers La Zubia, où les leaders se sont livrés une première – et petite – bagarre, il était en difficulté mais est parvenu à parfaitement gérer ce coup de moins bien pour ne concéder qu’une poignée de secondes. Le signe qu’il s’accommode plutôt bien du statut de leader qui lui a été confié, un statut qui impose de ne jamais rien lâcher, de se battre même quand les jambes répondent difficilement pour perdre le moins de temps possible sans penser au lendemain. Une gestion bien différente de celle qu’il avait mis en place il y a un an, venu comme un jeune qui débutait et ne visait rien de particulier, et qui s’était concentré sur les étapes, ce qui lui laissait la possibilité de lâcher du lest et de se reposer sur quelques étapes.

Cette fois, c’est pendant trois semaines qu’il ne doit pas relâcher son attention, en montagne comme dans la plaine. Et l’apprentissage n’est pas facile, comme en témoigne cette chute dans les derniers hectomètres de la septième étape. Il n’était pas vraiment fautif, mais s’est malgré tout retrouvé au sol, et bien amoché. Deux jours avant la première explication vers Valdelinares, il s’en serait bien passé, mais a dû faire avec, et a plutôt bien géré dimanche. Il a concédé du temps sur quelques uns de ses concurrents, mais a limité la casse pour conserver une dixième place satisfaisante compte tenu des faits de courses des derniers jours. D’autant qu’avec la journée de repos, il devrait revenir mardi pour le chrono en pleine possession de ses moyens, et que sa forme va crescendo. En effet, comme il l’a expliqué il y a quelques jours, il est sorti très fatigué du Tour de Pologne et n’a pu effectuer la charge de travail qu’il avait prévue avant la Vuelta. S’il a donc pris le départ de Jerez un peu moins en forme que les autres, il est sans aucun doute plus frais, et pourra en profiter au cours des deux prochaines semaines.

Deux semaines pour titiller les cadors

Que sa forme arrive à son point culminant d’ici quelques jours est presque une aubaine. Rappelons-nous, c’est justement en deuxième partie de Vuelta que le Breton avait cartonné l’an dernier. Il lui avait fallu un peu de temps pour observer, s’adapter et prendre ensuite ses responsabilités, avec une efficacité redoutable. Après une première semaine plutôt difficile mais gérée avec beaucoup de maîtrise malgré son très jeune âge, il est donc temps de sortir les griffes. Certes, cinq hommes se détachent clairement (Quintana, Contador, Valverde, Froome et Rodriguez), mais ils ne sont pas intouchables, et derrière, tout reste ouvert. Le natif de Hennebont, dans le Morbihan, a largement de quoi aller embêter les Aru, Gesink et même Uran, le Colombien étant classé dans la même seconde que le Français. Avec une demi-équipe pour l’accompagner, la confiance totale de ses dirigeants, et une expérience prolifique en 2013, Barguil a une certaine pression sur les épaules, et des attentes à satisfaire. Mais il a aussi les qualités pour répondre présent et atteindre un peu plus que l’objectif qu’il veut bien avancer face aux médias.

Le contre-la-montre de Borja, ce mardi, ne permettra pas de le voir à son avantage, mais ce sera la dernière fois dans cette Vuelta qu’il aura à enfourcher son vélo de chrono avant les neuf derniers kilomètres du cru espagnol version 2014. Par la suite, tout se jouera en effet dans les cols de la péninsule Ibérique. Six arrivées en altitude sont encore au programme, parmi lesquelles les plus difficiles, à San Migual de Aralar, aux Lagos de Covadonga et de Somiedo, et enfin à Puerto de Ancares. Autant d’occasions pour le jeune français de s’accrocher aux roues des cadors, et d’aller chercher une place valorisante au classement général. On se rappellera qu’avant de monter sur le podium du Tour en juillet dernier, Thibaut Pinot était passé par un top 10 sur la Vuelta. Warren Barguil, que l’on aime présenter comme un grimpeur de la trempe de Pinot ou de Bardet, a donc là l’occasion de marquer les esprits, de se prouver à lui-même et au public ce dont il est capable (face à une concurrence largement digne de la Grande Boucle), et ainsi d’acquérir une reconnaissance qui lui permettra plus facilement de franchir les paliers qui le séparent des sommets. Il a deux semaines pour arriver à ses fins.

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