Après une campagne de classiques printanières des plus mitigées, entre des flandriennes animées et des ardennaises qui nous ont laissées sur notre faim, le grand cirque du cyclisme atterrit en Suisse, afin d’y disputer le Tour de Romandie. A travers six jours de courses, ce dernier propose traditionnellement un parcours varié et ouvert aux puncheurs, sprinteurs et grimpeurs, même s’il faut quand même être un bon rouleur pour l’emporter. En effet, les occasions de faire la différence sont souvent minces, et une fois de plus, le verdict final devrait s’opérer grâce au contre-la-montre de Neuchâtel, avec une arrivée spectaculaire jugée dans le stade de la Maladière. Bon à savoir, celui qui a remporté l’épreuve helvète a, depuis 2010, toujours remporté la Grande Boucle par la suite. Chris Froome y vise d’ailleurs un deuxième succès consécutif et opère son grand retour aux affaires dès mardi. Et son rival annoncé pour juillet, Vincenzo Nibali, est également là. Pour le premier duel !
– Les Favoris
***** Chris Froome : Vainqueur l’an dernier à une période où il écrasait tout sur son passage, Froomey compte bien remettre les pendules à l’heure durant cette semaine romande, après ses quelques pépins physiques. Quatrième du Tour de Catalogne en étant loin de sa meilleure forme, le prologue et les dix-huit derniers kilomètres de l’exercice solitaire lui permettront d’asseoir une domination déjà bien affirmée lorsque l’équipe Sky, composée entre autre de Porte, Nieve et Lopez Garcia, durcira la course lors des étapes les plus difficiles. Le seul petit bémol figure dans l’absence d’une arrivée au sommet comme celle de l’an passé au Col de la Croix, mais après tout, Froome doit être capable de forger sa victoire d’une autre manière.
***** Vincenzo Nibali : Cette année, l’Italien n’a croisé que deux fois Froome. Sur le Tour d’Oman d’abord, où le Squale s’est montré plus discret que son homologue britannique. Puis sur Liège-Bastogne-Liège, où l’Anglais a abandonné, mais où le leader de l’équipe Astana a terminé à une anecdotique 30e place. Alors ce Tour de Romandie, ni taillé pour l’un, ni taillé pour l’autre, devrait nous offrir une belle bagarre. Si on est encore loin de la Grande Boucle, l’échéance se rapproche et les deux hommes sont censés être dans une forme déjà correcte. Le moment de marquer un premier point psychologique est donc venu.
**** Michal Kwiatkowski : Martin sans doute trop faible en montagne, Uran un peu trop juste en chrono, et avec surtout une arrivée située en descente, le leadership sera pour le Polonais, monstrueux de régularité ces dernières semaines. Deuxième au Pays Basque, cinquième de l’Amstel, troisième en haut du Mur de Huy et troisième hier à Liège, une victoire d’étape s’apparente comme le minimum pour l’un des coureurs les plus complets du peloton, capable aussi bien de gagner le prologue, le chrono final qu’une étape lors d’un sprint en petit comité. Et peut-être le général…
*** Rui Costa : Le champion du monde aime les routes suisses, et le fait savoir. Double vainqueur du Tour de la Confédération en plus d’être monté à deux reprises sur le podium de sa petite sœur, le profil de ces courses par étapes lui vont comme un gant. Parfait dans le rôle du chasseur d’étapes intelligent, se défendant très bien dans le contre-la-montre, le podium paraît plus qu’envisageable, même si la fameuse malédiction du maillot arc-en-ciel plane… Enfin, reste à savoir si, comme il l’indique sur Twitter, le Portugais sera remis de sa chute sur Liège-Bastogne-Liège.
– Les Outsiders.
*** Tejay Van Garderen : Chez la BMC, les espoirs de victoire au général reposeront sur le “TVG”. L’Américain, excellent coureur de chrono, ne sera pas pénalisé par un quelconque enchaînement de haute montagne, où ses limites sont encore difficiles à cerner. Epaulé par le pur grimpeur qu’est Darwin Atapuma ou encore Peter Velits, le rêve de podium est plus que légitime.
*** Jean-Christophe Péraud : A bientôt 37 ans, Jicé Péraud semble irrésistible en ce début d’année 2014, et ne fait que progresser sur son domaine favori, celui des courses à étapes. Remportant la palme tout en sérénité sur le Critérium International, troisième du Tour du Pays Basque mais aussi quatrième de la Course des Deux Mers et deuxième au Tour Méd, le leader d’AG2R la Mondiale compte bien poursuivre sur sa lancée en Suisse. Sixième l’année passée, peu d’obstacles se dressent sur la route d’un Péraud qui ne cesse d’impressionner, surtout dans ces configurations de course.
*** Andrew Talansky : Dauphin de Bradley Wiggins en 2012, l’Étasunien s’était révélé en cette même année en terminant septième de la Vuelta, avant de prendre la dixième place du Tour de France en 2013. Juste l’an dernier, le leader de la Garmin compte bien viser la marche la plus haute sur un parcours des plus adaptés à ses qualités. Rivalisant avec les meilleurs en Catalogne, Talansky sera à ne pas douter l’un des rivaux les plus coriaces de l’ogre britannique dans ses rêves de victoire.
** Simon Spilak : Le Slovène de la Katusha fait très peu parler de lui en dehors des courses, mais se révèle être un dangereux spécialistes des épreuves World Tour d’une semaine. Déjà vainqueur sur tapis vert en 2010 suite au déclassement de Valverde, il s’était payé le luxe de battre Froome en haute montagne aux Diablerets en 2013, et vient de terminer quatrième du général au Pays Basque, après un top 10 sur Paris-Nice. Sa sélection pour le prochain Tour de France venant d’être annoncée, cela devrait l’inspirer.
** Jakob Fuglsang : Cinquième de Paris-Nice et offensif, Fuglsang devrait s’emparer du rôle de coureur protégé chez Astana. De plus en plus axé sur les courses d’une semaine, le Danois a les moyens de faire oublier à son équipe une campagne de classiques des plus moribondes. Déjà troisième du Tour de Suisse par le passé, ce coureur pourrait tout à fait secouer le peloton lors des difficultés de ce Tour de Romandie afin d’y distancer les purs rouleurs.
– A ne pas sous-estimer
** Maxime Monfort : Toujours présent lorsque le terrain s’y prête, le Wallon de la Lotto-Belisol visera une nouvelle fois une belle place au classement général final. Comme tout favori du Tour de Romandie, c’est en coureur complet qu’il se présente au départ, avec la ferme intention de rebondir après quelques derniers mois difficiles.
** Rafal Majka : Pur grimpeur avant tout, le Polonais de la Tinkoff-Saxo a fait des progrès remarquables depuis sa révélation en tant que lieutenant de Contador sur la Vuelta 2012, à travers le Tour d’Italie 2013, son Tour national, ou encore le Tour de Lombardie, l’ayant vu terminer quatrième. C’est à la même place qu’il a terminé le récent Critérium International en Corse, et sa performance dans les jours à venir sera scrutée de près, pour celui qui visera encore mieux sur le Giro. Un vrai test, en quelque sorte.
* Benat Intxausti : Le Basque, ancien espoir du cyclisme espagnol, a bien pris son envol depuis ses années de jeunesse chez Euskaltel, et le voici bien installé dans l’horizon comme un solide lieutenant, capable de saisir sa chance lorsqu’on lui la tend. Il ne s’était alors pas fait prier pour remporter le Tour de Pékin, ainsi qu’une étape du Giro, dont il avait même pris la huitième place finale, en 2013. Si l’on visera plutôt les étapes chez Movistar avec Visconti, Castroviejo et Dowsett, pourquoi ne pas lui laisser carte blanche ?
* Matthias Frank : L’ancien membre de l’équipe BMC est désormais revenu au pays, au sein d’une équipe IAM Cycling qui a déjà arraché un maillot distinctif et une dixième place au général de l’édition 2013, par les intermédiaires de Matthias Brändle et Marcel Wyss. Dans le coup pour remporter le Tour de Suisse il y a un an, Frank devra retrouver son niveau de l’été dernier, mais semble sur la bonne voie. Vainqueur d’étape au sommet de l’Ospedale et quinzième de la Flèche wallonne, il devrait porter haut les couleurs de son équipe, applaudie à souhait le bord des routes.
* Thibaut Pinot : Bien placé durant les précédentes épreuves espagnoles, le Franc-Comtois espère bien réaliser un coup durant ce Tour de Romandie, même si on pourra regretter un parcours sans doute trop peu difficile pour que le protégé de Marc Madiot s’exprime à 100% . Mais qui sait, avec une motivation démultipliée à l’approche de l’été…
Mentions : Damiano Caruso, Rigoberto Uran, Sébastien Reichenbach, Lieuwe Westra, Laurens Ten Dam, Ion Izagirre, Sergey Chernetskiy et Riccardo Zoidl.