Luca Scinto, ici avec Di Luca et Santambrogio, s'est trompé. Il l'a reconnu, mais c'est un peu tard - Photo bigibg.it
Luca Scinto, ici avec Di Luca et Santambrogio, s’est trompé. Il l’a reconnu, mais c’est un peu tard – Photo bigibg.it

Il fut un temps, il y a quelques années, où le dopage se faisait discret. Après les années Armstrong et la supercherie générale, poursuivie sur les routes du Tour jusqu’en 2008, le tout semblait s’être calmé. Les raisons pouvaient être différentes, les conclusions aussi, mais les faits étaient indéniables : moins de contrôles positifs. Cette accalmie n’aura pas duré longtemps…

Des cas qui redeviennent fréquents

Dans cette période calme, c’est l’affaire Contador qui a semble-t-il réveillé tout le monde. Une infime quantité de clenbutérol retrouvée dans le sang de l’Espagnol a semé la pagaille. On ignore toujours si cela était volontaire, mais El Pistolero a payé le prix fort : deux ans de suspension rétroactifs. La sanction date du mois d’août 2011, et depuis, les contrôles positifs ont augmenté. Il serait difficile de tous les citer, mais on retiendra les cas Offredo ou Galimzyanov, bien différents mais qui ont valu aux coureurs une suspension conforme aux règles. Puis sur le dernier Tour de France, deux affaires ont retenu l’attention des observateurs, chose inédite depuis plusieurs éditions. Rémy Di Grégorio mais surtout Frank Schleck se sont retrouvés dans la tourmente. Pas de quoi faire peur au reste du peloton visiblement, puisque Steve Houannard a lui aussi été pris par la patrouille en fin d’année.

La trêve n’a pas remis les choses en ordre et les derniers mois en sont la preuve. L’affaire Armstrong et ses multiples aveux ont permis d’y voir un peu plus clair, contrairement à l’affaire Puerto qui a tout de même été remise au goût du jour. Puis, à côté de ça, le Tour d’Italie aura été très fructueux pour les autorités anti-dopage avec les cas Georges et Santambrogio, ainsi que celui de Di Luca, contrôlé quelques semaines auparavant. Sans oublier les déclarations du « Secret Pro », qui affirme que le contrôle positif d’un ancien vainqueur de grand tour va bientôt être révélé. Enfin, notons l’annonce très récente de l’UCI concernant la révélation d’un troisième coureur positif sur le Giro. Une véritable hécatombe en ce début d’année 2013, qui fait revenir le dopage au premier plan. Alors même si l’on n’a jamais vraiment cru qu’il avait disparu, l’absence de cas positifs laissait présager une évolution dans le bon sens…

De meilleurs contrôles ou plus de dopés ?

Du coup, une question est sur toutes les lèvres : ces cas sont-ils dus à des contrôles plus efficaces ou à des tricheurs plus nombreux ? Si la première option témoignerait d’une évolution positive, elle montrerait surtout qu’on a trop longtemps été dans l’inconnu avec des contrôles presque inutiles. En témoignent les déclarations de plusieurs anciens coureurs, comme Lance Armstrong ou Bernhard Kohl. Toutefois, mieux vaut tard que jamais, et on ne va pas se plaindre si les autorités arrivent enfin à prendre les tricheurs la main dans le sac. Mais bizarrement, les derniers cas l’ont été par de simples contrôles positifs à l’EPO : une substance que l’on sait désormais détectable et qui est sûrement l’une des plus recherchés lors des tests. Un dopage presque archaïque. Mais concrètement, ce n’est pour l’instant pas le passeport biologique – une innovation pourtant vantée par tous – qui permet de lutter efficacement contre le fléau du dopage.

Cependant, la question du dopage collectif revient aussi avec une certaine insistance. Dernièrement ? Deux cas chez AG2R, Vini Fantini et un peu plus anciennement chez Katusha. Les plus fervents défenseurs du cyclisme ne souhaitent pas revenir à ces pratiques, et guettent le moindre indice pour tomber sur ces équipes récidivistes. Chaque équipe, après ce genre d’évènements, doit se racheter une crédibilité. Une auto-suspension au Dauphiné pour l’équipe de Vincent Lavenu, conformément aux règles du MPCC, et une wild-card pour le Tour de Lombardie rendue par Luca Scinto. Est-ce que cela suffira ? C’est à l’appréciation de chacun. Mais si ces affaires continuent de fleurir comme beaucoup le craignent, le jugement des observateurs risque de se durcir. Une nouvelle fois, le débat autour du dopage – et accessoirement des sanctions encourues – est remis au centre de la table. Et comme toujours, à chacun son avis…

Robin Watt


 

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