Une saison cycliste possède ses temps forts. Après les classiques printanières, et le tout récent Tour d’Italie, place à la période phare du Tour de France ! Après des préparations minutieusement choisies et suivies, le Critérium du Dauphiné représente toujours le premier vrai test significatif en vue de l’échéance de juillet. Avec un parcours montagneux, la tendance 2014 d’ASO de privilégier les altitudes au profit des contre-la-montre se confirme, et c’est un plateau royal qui s’est donné rendez-vous pour la semaine à venir. Petite revue d’effectif des principaux favoris d’une épreuve dont les temps forts seront concentrés au Col du Béal, en haut de Finhaut-Emosson, ou encore à Courchevel le dimanche final…

Les favoris :

***** Chris Froome : Certes, le “Kenyan Blanc” n’est pas sur des temps de passages aussi stratosphériques qu’en 2013 au moment d’entamer son troisième Critérium du Dauphiné. Mais néanmoins, le tenant du titre a remis les pendules à l’heure sur le Tour de Romandie après des débuts mitigés. Parti entre temps perfectionner son programme d’entraînement, les jambes montrées sur le contre-la-montre de Neuchâtel et la montée de Villars-sur-Ollon pourraient bien faire des dégâts lors des deux arrivées en altitude proposées. De quoi assommer une nouvelle fois la concurrence ?

**** Alberto Contador : A la même époque l’an passé, El Pistolero avait terriblement souffert moralement, en constatant son impuissance face aux Sky sur le chrono du Parc des Oiseaux mais également sur l’arrivée au sommet de Valmorel. Sauf qu’en 2014, le double vainqueur du Tour de France semble reparti du bon pied, comme en attestent ses victoires éclatantes à Tirreno – Adriatico, au Pays Basque et les impressions laissées en Algarve et en Catalogne. La confiance retrouvée, et un Oleg Tinkov déterminé, non, tout porte à croire que l’Espagnol voudra se montrer sur les routes Alpines, et se mesurer sérieusement à ses rivaux.

**** Vincenzo Nibali : Après sa victoire indiscutable sur le Tour d’Italie 2013, le “Squale” avait fait du Tour de France 2014 sa nouvelle priorité. Rassuré par l’arrivée de Michele Scarponi lors de l’intersaison, il sait que son équipe Astana a construit une véritable armada autour de sa personne, et doit désormais se montrer à la hauteur des attentes de ses dirigeants. Décevant sur les classiques ardennaises, et en reprise à Paris – Nice, on a très peu vu Nibali depuis le début de l’année, et c’est un excellent endroit pour l’aperçevoir enfin. Il serait en tout cas urgent de savoir où il en est, mais le parcours lui est idéalement favorable. De quoi démarrer les hostilités dans la descente du Col de Manse ?

Les outsiders :

*** Tejay Van Garderen : Cadel Evans usé par un Giro éprouvant, c’est le jeune Américain qui s’apprête à attirer l’attention sur le Critérium du Dauphiné. Révélé définitivement sur le Tour de France 2012, et passé à travers l’année suivante sur la même Grande Boucle, ce coureur complet veut absolument se racheter et aura une équipe forte à ses côtés avec les grimpeurs Atapuma, Velits et Stetina. Troisième en Catalogne et sixième au Pays Basque, celui qui a également terminé deuxième derrière Froome en Oman a réussi son début de saison, mais s’attaque désormais à plus haut. Le contenu de son Dauphiné risque de conditionner la suite des événements.

*** Richie Porte : Les saisons se suivent et se ressembleraient t-elles chez l’équipe de Dave Brailsford ? A la manière d’un Wiggins catastrophé tout au long de la première partie de saison 2013, Richie Porte a connu moultes déconvenues. Mais ce n’est plus le moment de faire l’impasse, puisque la période la plus importante de l’année approche, en tant que lieutenant fidèle de Chris Froome. Un rôle qu’il adore plus que tout malgré ses ambitions personnelles fortes, et dont ses performances en tant que tel sont restées dans les mémoires. A ne surtout pas négliger.

*** Andrew Talansky : Si Ryder Hesjedal, vainqueur du Giro, pourrait occuper le rôle de leader naturel, c’est bel et bien l’Etasunien, deuxième du Paris-Nice 2013, qui mènera les troupes Garmin – Sharp sur les routes du Dauphiné. Candidat à la victoire sur le prologue musclé dans Lyon, attention à lui dès le Col du Béal, où il pourrait animer la course en compagnie d’autres outsiders de sa trempe. Une fois installé au sommet, il serait alors bien difficile d’aller déloger des premières positions le septième du Tour d’Espagne 2012…

*** Wilco Kelderman : L’une des belles surprises du dernier Tour d’Italie rempile pour un nouveau défi en cette année 2014. Le Tour de France n’a beau figurer à son programme qu’en 2015, le Néerlandais à décidé de pousser sa première partie de saison jusqu’à l’arrivée en haut de Courchevel, où il pourrait aisément atteindre une place parmi les dix premiers, voire plus si sa forme est toujours étincelante. A lui de défendre son nouveau statut parmi la hiérarchie.

*** Leopold König : Très à l’aise sur le Tour de Bavière, le Tchèque König compte bien prouver aux organisateurs que l’invitation de son équipe NetApp – Endura est justifiée, aussi bien sur le Dauphiné que sur le prochain Tour de France. Tutoyant les meilleurs lors des deux premières semaines de la Vuelta, il serait intéressant de voir si ce grimpeur a franchi un nouveau cap. C’est aussi une opportunité d’oublier la déconvenue de l’an dernier, où, malade, il avait jeté l’éponge.

** Dani Moreno et Simon Spilak : Moreno, Rodriguez ; Rodriguez, Moreno. Les deux compères ibères se suivent comme leurs ombres, et ce même dans leurs mauvaises passes respectives. Fortement diminué sur le Giro, Purito avait quitté la Course Rose dès la première semaine, laissant le soin à Moreno d’y tirer son épingle du jeu. Que nenni, le double vainqueur d’étape sur le Dauphiné 2012 a été transparent, et il paraît bien difficile de le voir se rétablir pour sa dernière course avant une longue coupure. C’est plutôt Simon Spilak, spécialiste des courses World Tour d’une semaine et visant un bon classement en juillet, qui devrait assumer le poids du leadership. Mais si les deux sont dans une bonne condition, le profil globalement accidenté leur est bénéfique.

A ne pas sous-estimer :

** Jakob Fuglsang : Il avait échoué l’an dernier pour un rien contre Samuel Sanchez pour une victoire d’étape à Superdévoluy, mais est capable d’encore mieux sur le Dauphiné version 2014. Dans le coup pour la victoire finale d’un Paris-Nice très disputé en l’absence d’un contre-la-montre, il se peut bien que le Danois contribue à l’action de brouiller les cartes concernant l’état de forme de Vincenzo Nibali. Il en a les moyens.

** Romain Bardet et Jean-Christophe Péraud : A la veille du grand rendez-vous qu’est le Tour de France, l’équipe AG2R la Mondiale souhaite continuer sur la même dynamique que celle enlenchée au Giro. Quatrième en Catalogne, Romain Bardet explose mois après mois, tandis que Péraud s’affirme comme un monstre de régularité dans les courses World Tour. L’absence de chrono pour le second cité l’handicapera forcément, mais devrait régaler le premier nommé.

** Michal Kwiatkowski : Le Polonais est le nouveau diamant brut du cyclisme mondial. Tout aussi capable de passer les pavés du nord que les cols difficiles d’Italie, et de battre les meilleurs mondiaux sur un contre-la-montre, il a déjà remporté le Tour d’Algarve et les Strade Bianche avant de réaliser une campagne de classiques une nouvelle fois impressionnante. Toutefois, sur Tirreno, il avait pris un éclat sur la journée la plus compliquée avec un enchaînement de cols. Pourra t-il tenir le choc lors de l’enchaînement Forclaz – Finhaut Emosson ? Dans le cas contraire, il ne faudra pas l’écarter pour le haut du classement.

** Dani Navarro : On en parle peu, mais sans faire de bruit, Dani Navarro s’installe tout doucement parmi les meilleurs spécialistes des courses par étapes. Entièrement libre depuis son arrivée chez Cofidis, il avait pris la cinquième place finale au terme de l’arrivée à Risoul sur l’édition dernière. Pur grimpeur, le parcours proposé cette année ne devrait pas le gêner, et les espoirs de la formation reposeront sur lui.

* Jürgen Van den Broeck : Où en est Jürgen Van den Broeck ? C’est la question que tout le monde se pose, même au sein du staff de la Lotto – Belisol. Marc Sergeant déclarait même que le Belge, quatrième du Tour en 2012, venait avec l’obligation d’y faire un bon résultat sous peine de ne pas faire le voyage pour le Yorkshire… Il aura certainement à cœur de rééditer ses performances de 2011 où il s’était imposé en solitaire à la Chartreuse Saint-Pierre.

Mentions : Sébastien Reichenbach, Ryder Hesjedal, Rein Taaramae, Benat Intxausti, Jan Bakelants, Damiano Cunego, Adam Yates

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.